En grève de la faim pour récupérer son appartement occupé par des personnes surendettées

En grève de la faim pour récupérer son appartement occupé par des personnes surendettées
En grève de la faim pour récupérer son appartement occupé par des personnes surendettées

Avant d’en arriver à une grève de la faim qui dure depuis une semaine, l’histoire de Danièle Trottini est assez classique. Cette Cannoise, qui se sépare de son couple, décide d’acheter à crédit en 2022 un petit trois pièces à l’écart du centre-ville de Cannes. Le bien est occupé et il bénéficie d’un prix d’achat 15% inférieur à celui du marché local. Affaire conclue. Elle part l’esprit tranquille rejoindre sa fille quelques mois en Martinique avec l’idée de revenir occuper son appartement deux ans plus tard. en février 2024.

Les locataires surendettés ne paient rien

Mais tout se complique. “La famille, installée entre-temps, s’agrandit. Le couple a désormais quatre enfants. Le père de l’aide au déménagement a été blessé et ne peut plus travailler. Les accidents de la vie. Les locataires s’endettent alors au point de devoir entreprendre des démarches auprès de la Commission Départementale du Surendettement de la Banque de France.

Résultat : la dette des ménages qui ne peut être remboursée (même avec un échéancier) est totalement effacée. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! qu’est-ce qui m’a poussé à cette grève de la faim ! Comment pouvons-nous y arriver? C’est du vol! J’ai perdu près de 7 300 euros de loyers impayés sur huit mois. Leur dette a été annulée en mars dernier et il continue de ne pas payer le mois d’avril, poursuit-on. Au final, je suis obligé d’héberger une famille en difficulté qui devrait être placée dans un logement social. C’est moi qui suis le naufrage. Aujourd’hui, je dois payer 1 200 euros de loyer pour un appartement en attendant de récupérer le mien, je dois payer les charges de l’appartement qu’ils occupent et je dois rembourser le prêt.

Cannes, ce n’est pas que la Croisette… je ne suis pas riche

“Je ne suis pas riche. Il ne faut pas imaginer, vu de l’extérieur de la Région, que Cannes, c’est la Croisette et la vue mer… il y a des gens comme moi qui viennent d’investir toute leur vie dans l’épargne pour les aider à acquérir un logement pour leur retraite.

18 mois en moyenne pour un dossier de loyers impayés

L’avocate Nathalie Daon, avocate au barreau de Grasse, qui représente Danièle Trottini, reconnaît qu’elle traite beaucoup de dossiers similaires. “Souvent des détresses qui s’entrechoquent. Ce sont des procédures lourdes à gérer. Le traitement des dossiers dure en moyenne 18 mois. Nous sommes confrontés à plusieurs problèmes : le manque de magistrats en nombre qui entraîne une lenteur de la justice. Et les procédures s’enchaînent entre les recours, les délais avant d’obtenir une convocation, puis encore les délais de recours. Et comme cela dure plusieurs mois, on finit toujours par tomber à un moment de la trêve hivernale pour des expulsions… Et on recommence des mois d’attente.»

Pas assez de logements sociaux

L’autre difficulté : le relogement social. Les familles qui ne peuvent plus payer leur loyer ne peuvent pas accéder au logement social. Il n’y en a pas assez. Il y a peut-être des logements qui pourraient être libérés plus rapidement : si par exemple la situation des locataires s’améliore… on voit aussi que les grands appartements ne sont plus utilisés par les familles nombreuses parce que les adolescents sont partis… Il faudrait gérer autrement. C’est un problème social. La loi protège les locataires en situation difficile, mais jamais les propriétaires qui le deviennent.

Comment améliorer les choses ?

Danièle Trottini souhaite que les propriétaires dans sa situation se rassemblent et forment un collectif pour mieux se défendre et faire changer la loi. Elle a été reçue par un représentant de la mairie de Cannes. La Mairie assure à France Bleu Azur avoir eu de nombreux échanges avec elle et suivre le dossier de près. Les services indiquent avoir vérifié que les locataires ont bien demandé un logement social et ajoutent qu’ils étudient comment aider socialement cette famille. David Lisnard fait des reportages depuis très longtemps le droit exorbitant de protéger les « mauvais » locataires au détriment de la grande majorité qui se comporte bien.

Demain des Airbnb squattés ?

Finalement, personne n’est en sécurité. Le problème des locataires qui ne paient plus et refusent de quitter leur logement risque aussi de s’étendre aux locations saisonnières. genre Airbnb croient de nombreux professionnels.

S’il ne reste que des locations touristiques, certains imaginent déjà que des locataires peu scrupuleux pourraient bien mettre la main sur ces nouveaux modes de location. Pour contrer ces occupations illégales, il existe de nouveaux dispositifs anti-squat qui permettent de bloquer électroniquement les portes à distance.

 
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