L’écart salarial entre les PDG du CAC 40 et les salariés se creuse

L’écart salarial entre les PDG du CAC 40 et les salariés se creuse
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Qu’est-ce qui réunit Daniel Julien, PDG de Téléperformance, géant des centres d’appels, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, et Carlos Tavares, directeur général du groupe automobile Stellantis ? Ils figurent en tête du tableau dressé par l’ONG Oxfam dans son dernier rapport sur les écarts salariaux au sein de leurs groupes en 2022, rendu public mardi 30 avril.

Daniel Julien gagne ainsi 1.453 fois plus que le salaire moyen de l’entreprise, Alexandre Bompard 426 fois, et Carlos Tavares, dont la rémunération record a récemment fait polémique, 341 fois. L’exercice a ses limites : le salaire moyen est calculé sur l’ensemble de la masse salariale. Téléperformance, qui dispose de centres d’appels dans des pays où les salaires sont très bas, fait donc sans surprise exploser les compteurs.

Salaire de Carlos Tavares : la rémunération des grands patrons, une polémique récurrente

Ces chiffres reflètent cependant une tendance de fond : l’augmentation des écarts salariaux entre grands patrons et salariés. En 2022, les PDG du CAC 40 – indice qui regroupe les quarante plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Paris, en termes de valorisation et de liquidité – gagnaient en moyenne 130 fois plus que leurs salariés contre 111 fois en 2019. Ainsi , les hommes et les rares femmes à la tête de ces géants ont gagné en moyenne 6 659 169 € en 2022 contre 5 230 179 €, soit une hausse de 27 % en trois ans. Dans le même temps, souligne Oxfam, le salaire moyen des salariés n’a augmenté que de 9 %.

Rémunération basée sur la performance financière

Rappelons que ces rémunérations ne sont pas déconnectées de la performance financière. Ainsi, celui de Carlos Tavares l’année dernière – 36,5 millions d’euros – est à comparer avec le bénéfice net du groupe qui a généré près de 19 milliards en 2023. D’ailleurs, selon les calculs d’Oxfam, 69 % de la rémunération des dirigeants est « variable ou en actions, et soumis à des conditions de performance » définies par les actionnaires.

A cet égard, l’analyse des critères de rémunération réalisée par l’ONG est intéressante voire surprenante : les critères financiers dominent. “A l’inverse, seulement 18% de la rémunération totale des patrons du CAC 40 reposait sur des critères extra-financiers, dont 5% liés au climat”, » déclare l’équipe d’Oxfam.

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“Cette recherche de satisfaction actionnariale (…) conduit à une gestion à court terme et uniquement financière de l’entreprise, au détriment de l’investissement et de l’emploi”, juge l’ONG qui réclame notamment un plafonnement des rémunérations, citant ce qui se fait dans les entreprises où l’Etat est actionnaire majoritaire : les dirigeants ne peuvent pas être rémunérés à plus de 450 000 € bruts. Une règle néanmoins contournable, reconnaît Oxfam “dans les entreprises qui séparent les postes de président et de directeur général, par exemple Engie, en appliquant le plafond de rémunération au président de l’entreprise mais pas à son directeur général”.

Prendre davantage en compte les critères extra-financiers

La question du plafonnement n’est pas nouvelle. Emmanuel Macron l’avait évoqué ; il n’en a pas encore fait une réalité. Oxfam recommande un écart maximum de 1 à 20 entre le salaire du manager et le salaire médian de l’entreprise. L’ONG demande également à l’Etat de contraindre les entreprises en utilisant le levier des aides publiques qu’il leur distribue. Et d’accélérer les efforts visant à réduire l’écart salarial entre les femmes et les hommes. En matière de critères de rémunération, elle défend une proposition iconoclaste pour les entreprises cotées en bourse : la suppression des critères sur la performance boursière.

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Parmi les nombreuses recommandations formulées par l’ONG figure également la prise en compte de paramètres extra-financiers (sociaux, environnementaux, etc.) qui « doit être majoritaire – au moins 50 % – au sein de la part variable de la rémunération » et conditionner la rémunération du PDG et des membres des conseils d’administration et de surveillance à la réalisation de plusieurs objectifs, dont l’instauration d’un « salaire décent ». Autant de recommandations qui font écho à la réaction de Carlos Tavares. Critiqué pour sa rémunération, le directeur général a eu cette phrase : “Si vous pensez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et changez la loi et je la respecterai.”

 
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