Livres : les « mangas » spéciaux de Louise

La sélection de Louise Vandenhoucke de la Ludo-Bibliothèque Yvoir-Godinne :

– «Le voyage de Shuna« de Hayao Miyazaki

Animateur, réalisateur, producteur, scénariste, écrivain et mangaka japonais, co-fondateur des Studios Ghibli, Hayao Miyazaki est internationalement reconnu. Il est considéré comme l’un des cinéastes les plus accomplis de l’histoire de l’animation (« Le Voyage de Chihiro », « Princesse Mononoké », etc.).

« Le Voyage de Shuna » a été publié en 1983, 2 ans avant la création du Studio Ghibli. Il s’est vendu à un million d’exemplaires et n’avait jamais été traduit en anglais ou en français. 40 ans plus tard, il est enfin couronné du Prix Babelio Manga 2024.

L’histoire est inspirée d’un conte populaire tibétain. Le prince Shuna règne sur une terre aride où son peuple souffre de la faim. Il entend parler d’une graine dorée qui transforme les plaines en terre fertile. Il part en voyage et en chemin, il libère une jeune esclave, Thea, et sa petite sœur, qu’il envoie au nord pour les protéger pendant qu’il poursuit son aventure vers l’ouest.

L’ouvrage s’apparente plus à un conte illustré qu’à un véritable manga car il s’appuie davantage sur des textes légendés que sur des bulles, ce que les Japonais appellent « emonogatari » ou récit illustré.

De vastes aquarelles aux paysages expansifs, des personnages forts et nuancés, de grandes questions existentielles et une touche de fantastique, l’univers qui a fait la renommée de Miyazaki est déjà là.

Écrit il y a 40 ans, il intéresse et touche la jeune génération à travers la question de l’écologie, du rapport à la terre et aux puissants, et de la guerre. Ce livre est contemporain, notamment en termes de questions environnementales.

– «La forêt magique d’Hoshigahara» de Hisae Iwaoka

La rumeur veut que la forêt d’Hoshigahara soit hantée par des esprits malveillants. En réalité, c’est un lieu intemporel où les animaux parlent et où la nature prend des formes surnaturelles. C’est aussi là que vit Sôichi, un jeune garçon extraordinaire qui vit avec des esprits qui possèdent les objets de sa maison et qui vient en aide aux âmes perdues.

On ne sait pas grand-chose du mangaka Hisae Iwaoka. Elle est scénariste et dessinatrice depuis 2002, elle est publiée aux éditions « Rue de Sèvres » dans la collection « Le Renard doré ».

Elle propose un univers où cohabitent la bizarrerie et l’innocence (la marque de fabrique du mangaka). Mais le dessin est faussement naïf car l’auteur aborde des thèmes complexes comme la mort, l’abandon, la vie, l’amour.

La nature est au centre de tout : la forêt, les arbres, le vent, etc. Tout prend ici une dimension humaine. En accord avec la croyance animiste très présente dans le folklore japonais qui voit un esprit dans tout ce qui est vivant. Havre de paix, la forêt abrite également une demeure mystérieuse au passé énigmatique.