L’essor des bergeries de luxe au Sénégal – rts.ch

L’essor des bergeries de luxe au Sénégal – rts.ch
L’essor des bergeries de luxe au Sénégal – rts.ch

Massages, soins au beurre de karité, enclos en faux marbre climatisé et même musique : rien n’est trop beau au Sénégal pour les béliers de race Ladoum. Depuis quelques années, Dakar connaît un boom des bergeries de luxe, censées assurer un confort maximal au « super bélier », qui peut se vendre plusieurs dizaines de milliers de francs.

Le 17 juin, pour la Tabaski – fête symbolisant la fin du hajj – près de 800 000 moutons ont été sacrifiés au Sénégal pour commémorer le sacrifice d’Abraham. L’élevage ovin est une activité très lucrative dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, où les prix peuvent varier de 200 francs pour un petit mouton, à plusieurs milliers de francs pour un grand Ladoum, principalement utilisé pour l’élevage.

Les Sénégalais ont une véritable passion nationale pour cette race, issue d’un croisement génétique dans les années 1970. Il est prisé pour sa taille et sa beauté, au point que des concours de beauté y sont organisés, des émissions de télévision et des expositions. sont consacrés.

En 2022, le photojournaliste français Sylvain Cherkaoui a réalisé une exposition intitulée « Sama Ladoum (Mon Ladoum) », en parallèle de la 14e Biennale de Dakar. [Anadolu via AFP – FATMA ESMA ARSLAN]

Peau debout

Depuis quelques années, les bergeries haut de gamme fleurissent à Dakar, la capitale sénégalaise. Les éleveurs rivalisent d’ingéniosité sur les réseaux sociaux pour attirer une clientèle aisée et faire rêver les jeunes : enclos climatisés, néons et même agents de sécurité à l’entrée des écuries, donnent parfois une ambiance de boîte de nuit.

Depuis la bergerie de Ndao et frères, les moutons et les brebis ont vue sur l’océan. [RTS – Sophie Douce]

Déjà en 2002, Saliou Ndao a créé avec son frère aîné une bergerie de luxe au cinquième étage d’un immeuble cossu de Dakar avec vue sur l’océan. Equipés de caméras de surveillance, de moulures et de ventilateurs au plafond, les moutons y sont rois. Priorité est donnée au confort des animaux, mais aussi à celui des visiteurs, insiste le patron de la société Ndao et Frères dans un reportage de l’émission Tout un monde.

« C’est plus doux. Il y a de la fraîcheur et c’est très important pour les moutons. On veut aussi faire plaisir aux gens qui viennent ici et mettre les moutons dans de bonnes conditions. Tout ça entre dans notre marketing, c’est un investissement… un gros investissement », explique-t-il.

Aux petits oignons

Pesant 150 kilos et 160 centimètres de long à seulement trois ans, Thiapathioly est la star du troupeau. Le mâle principal de la bergerie de Ndao vaut déjà son pesant d’or. « Cela vaut plus de 45 millions de francs CFA. Quiconque le souhaite ne doit payer que 50 ou 60 millions (80 000 francs suisses, ndlr)», explique le patron. Un prix proche du record atteint en 2017 par le bélier Hassan II, qui culminait à 52 millions de francs CFA, mais que son propriétaire a finalement refusé, estimant qu’il valait davantage.

Une véritable fortune au Sénégal, où 38% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Chez Ndao et Frères, la clientèle est essentiellement composée d’hommes d’affaires, de politiciens et de célébrités. S’offrir un Ladoum est donc un luxe et un marqueur social.

Avec ses deux grandes cornes recourbées et sa toison blanche, Thiapathioly est choyé depuis sa naissance. Moussa Sy, employé de l’entreprise Ndao et frères, prend grand soin du bélier, qui a déjà engendré une vingtaine d’agneaux : massages, soins au beurre de karité, pédicures, cure de vitamines. Le mouton a même droit à de la musique. « Il aime beaucoup le rap », confie Moussa Sy.

Sophie Douce

Web article: Jérémie Favre

 
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