Pourquoi l’alcool est-il souvent synonyme de violences ? Des chercheurs américains pensent avoir trouvé une nouvelle explication… grâce à une expérience impliquant des décharges électriques. L’expérience, menée par des chercheurs de l’Ohio, dont les résultats viennent d’être publiés, mardi 26 novembre, dans le Journal of studies on alcohol and drugs, est assez surprenante. Ils ont convoqué plus de 850 volontaires, qui avaient préalablement déclaré consommer régulièrement de l’alcool, et leur ont proposé un apéritif un peu spécial.
D’abord, ils avaient 20 minutes pour boire un verre : sans le savoir, la moitié d’entre eux consommait une boisson alcoolisée à base de jus d’orange, tandis que l’autre moitié buvait un placebo, c’est-à-dire un jus d’orange sur lequel de l’alcool avait simplement été vaporisé en surface, pour brouiller les pistes. Ensuite, les volontaires ont reçu de petites décharges électriques d’une seconde sur deux doigts de la main, et les chercheurs leur ont demandé de fixer leur seuil de douleur.
Les personnes qui avaient bu de l’alcool avaient un seuil de douleur plus élevé. Non seulement la tolérance à la douleur était plus grande chez les personnes ayant consommé de l’alcool, mais en plus, lorsqu’on leur faisait croire qu’elles devaient infliger une décharge électrique à un autre participant, elles avaient tendance à infliger une décharge plus douloureuse. Comme si l’état d’ébriété empêchait également de percevoir correctement la douleur infligée aux autres.
Une sensation de toute-puissance
Les chercheurs y voient une nouvelle piste neuronale pour expliquer les comportements agressifs sous l’emprise de l’alcool. Cette piste vient s’ajouter à d’autres facteurs déjà connus : l’effet désinhibant et euphorisant de l’alcool, qui crée une sensation de toute-puissance et modifie la perception des risques. Dans ce test, les participants ayant bu la boisson alcoolisée avaient une concentration de 0,1 % d’alcool dans le sang, soit le double de la limite autorisée en France pour conduire. En France, cette limite est exprimée en grammes : elle est de 0,5 gramme par litre de sang, ce qui correspond à l’absorption d’environ deux verres d’alcool.
À ce niveau d’alcoolémie, les autres effets sur la perception de l’environnement sont bien documentés : le champ visuel se rétrécit, la perception des distances est altérée, le - de réaction augmente de 50% et la coordination des gestes diminue. Au-delà de l’agressivité potentiellement accrue, le risque d’être responsable d’un accident mortel est multiplié par 18 chez un conducteur alcoolisé. Un message de prévention qu’il est toujours bon de rappeler à l’approche des fêtes de fin d’année.