Un requin dans le Lez ? Le scénario du film « Sous la Seine » pourrait-il se réaliser à Montpellier, répond un expert

Un requin dans le Lez ? Le scénario du film « Sous la Seine » pourrait-il se réaliser à Montpellier, répond un expert
Un requin dans le Lez ? Le scénario du film « Sous la Seine » pourrait-il se réaliser à Montpellier, répond un expert

Dans Sous la Seine, diffusé sur Netflix ce 5 juin, un requin mako, perdu dans cette rivière, terrorise la ville de Paris lors d’une épreuve de natation. Alors, scénario improbable ou plausible ? Le fondateur du Groupe d’étude des requins Phocéen (GPER Marseille), Nicolas Ziani, démystifie le film à succès (ou nanar, au choix).

Depuis sa sortie sur Netflix le 5 juin, le film français Sous la Seine fait un carton dans le monde entier, comme en témoignent ses chiffres officiels publiés le 12 juin.

Un succès « monstre »

Avec ses 40,9 millions de vues en seulement cinq jours, le long métrage de Xavier Gens, réalisateur de Les frontières) Et Tueur à gages entre autres, est devenu le film non anglais le plus regardé dans le monde. Sous la Seine vole ainsi la 1ère place aux Japonais Godzilla moins un qui cumule 31 millions d’heures visionnées.

À ce jour, le film figure toujours dans le Top 10 des films étrangers les plus regardés dans 93 pays à travers le monde. Sous Paris (nom du film à l’étranger), occupe même la 1ère place dans 76 de ces pays.

Compte tenu de son succès, Sous la Seine pourrait même avoir droit à une suite. Interrogé par belle matinéeXavier Gens, son réalisateur, n’exclut pas la possibilité d’un deuxième opus : “Pour moi, il y aura peut-être alors d’autres requins dans d’autres grandes villes du monde” a-t-il confié.

Dans le long métrage de Xavier Gens, un scientifique (Bérénice Bejo) et un brigadier de la police fluviale (Nassim Lyes) tentent d’arrêter un requin semant la terreur dans la Seine à Paris lors d’une épreuve de triathlon.

Un film qui « fait rire plus qu’il n’inspire la peur »

« Un délire cinématographique » pour Nicolas Ziani, fondateur du Groupe d’étude des requins phocéens (GPER Marseille). Si le film, inspiré de l’indétrônable Mâchoires de Steven Spielberg, est adoubé par la critique anglo-saxonne, en France ce n’est pas le cas.

« Le film de Spielberg est basé sur des événements réels survenus dans le New Jersey. Situationnellement et géographiquement, c’est bien plus cohérent que de mettre des requins dans la Seine. »

Pour le spécialiste et les nombreux critiques français, le film « fait rire plus qu’il n’inspire la peur » et s’éloigne considérablement de la réalité scientifique. Et ce, malgré les nombreux détails apportés par son réalisateur pour lui donner de l’authenticité : une épreuve de triathlon qui rappelle furieusement celle des Jeux olympiques de la Seine cet été, la référence au béluga et à l’orque ou encore aux coquillages dans la rivière. …

« Que ferait-il dans la Seine ?

Pourtant on aimerait presque croire à ce scénario improbable : une nouvelle super-espèce de requin ultra-agressive qui évolue très vite à cause de la pollution et du changement climatique et qui se retrouve à coloniser Paris puis le monde. Le film avec Jason Statham combattant un mégalodon (En eaux troubles) est venu des profondeurs “est presque plus cohérent”indique le spécialiste en ichtyologie marine.

Sous la Seine « c’est une mauvaise éducation aux sciences » qui alimente le « Discours formatés et imaginaire collectif» autour des requins. D’abord parce que le long métrage de Xavier Gens «Cela prête des animosités psychopathiques qui n’ont pas leur place chez un requin. C’est très anthropomorphe (tendance à attribuer les réactions humaines aux animaux et aux choses, ndlr)explique Nicolas Ziani.

Et même s’il serait possible qu’un requin s’adapte à l’eau douce, le choix du requin mako pour le film est une erreur : « La seule espèce que l’on a pu voir en eau douce est le requin bouledogue, à la limite. Mais que ferait-il dans la Seine quand ce n’est pas son biotope ? » ?, s’insurge le spécialiste.

« Nanar série Z dans lequel rien n’est rationnel »

Il en va de même pour la parthénogenèse (reproduction sans fécondation par un mâle) qui caractérise le requin dans le long métrage français : « Nous avons observé la parthénogenèse chez les requins en aquarium. Ce qui ne va pas avec le film, c’est qu’il n’y avait aucune expertise. Mâchoires, le réalisateur a fait appel à des biologistes. C’est ce qui donne le côté réaliste, pas comme Sous la SeineDes absurdités de la série Z dans lesquelles rien n’est rationnel.

De plus, le requin présenté dans le long-métrage mesure environ 7 mètres de long (au début du film). Mathématiquement parlant, il n’a pu ni passer les écluses, ni se déplacer et vivre dans la rivière parisienne dont la profondeur varie entre 3,40 et 5,70 m. Et encore moins passer l’estuaire de Palavas-les-Flots pour rejoindre le Lez à Montpellier qui a un débit de 2,55 m3/s.

Et dans plusieurs milliers d’années, si la pollution et le changement climatique s’aggravaient ? “Pas plus. Et même s’il y avait des migrations d’espèces ou une catastrophe climatique, je trouve le scénario fou et le film tiré par les cheveux. », répond le spécialiste. Peu de chances donc, dans les décennies à venir, de croiser un requin meurtrier dans une rivière. Encore moins au Lez à Montpellier.

« Après tout, ce sont les scientifiques qui savent ce qui se passe »

Si Xavier Gens estimait avoir « une approche documentaire » et délivré un message écologique qui fait croire à son film, ce n’est pas le cas de Nicolas Ziani, fondateur du Groupe d’étude des requins phocéens (GPER Marseille). S’il compare le long métrage français à un « Folie de science-fiction »cela souligne aussi le côté « alarmiste et extrémiste » de son message : “Je ne suis pas d’accord avec cette écologie extrémiste et souvent en manque d’information, à l’image de Sea Shepherd, qui fait appel à l’écologie populaire.”

Si le spécialiste considère effectivement que la cause des requins est « scientifiquement inquiétant »il pointe le sectarisme parfois adopté par l’écologie extrémiste : « Après tout, ce sont les scientifiques qui connaissent ce qui se passe. Les autres organisations et associations ne font que servir de médiateurs, et souvent, il y a beaucoup de biais cognitifs dans leurs informations. »explique le spécialiste.

 
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