Un défi d’un mois pour réduire sa consommation de sucre

Un défi d’un mois pour réduire sa consommation de sucre
Un défi d’un mois pour réduire sa consommation de sucre

Il y a les adeptes du Dry January qui, dès la fin des festivités du Nouvel An, arrêtent de boire de l’alcool pendant tout le mois de janvier. Il y a aussi le mois sans tabac, durant lequel ceux qui tentent d’arrêter de fumer arrêtent de fumer à partir du 1er novembre. Depuis l’année dernière, il faut aussi prendre en compte “Juin sans sucres ajoutés”, opération lancée par l’association SOS hépatites & maladies du foie. L’objectif : « réduire sa consommation de sucres ajoutés pendant un mois, voire tenter de la supprimer totalement ».

L’occasion de questionner notre rapport au sucre, qui se cache dans une multitude d’aliments consommés au quotidien. Quels sont les avantages d’une telle approche ? Relever le défi vous permet-il de réduire durablement votre consommation de sucre ?

Le sucre omniprésent

Au cours d’une journée, pourriez-vous évaluer votre consommation de sucre ? Si vous faisiez le calcul, le résultat serait probablement loin de la réalité. La faute aux sucres cachés, omniprésents dans de nombreux aliments transformés que nous consommons quotidiennement. Selon une étude récente de l’Anses, qui a passé au crible la composition de plus de 54 000 aliments transformés présents dans les rayons des supermarchés, en 2020, 77 % contenaient du sucre ajouté, qu’il s’agisse de produits sucrés, mais aussi salés.

« Depuis une cinquantaine d’années, on constate un dérapage de la consommation de sucre dans les pays industrialisés, notamment parce que les matières grasses ont été diabolisées, l’industrie agroalimentaire a donc réduit la teneur en matières grasses de nombreux produits et en a ajouté. le sucre, peu coûteux, pour son effet exhausteur de goût, explique le Dr Pascal Mélin, hépatologue au Centre Hospitalier de Saint-Dizier et président de SOS hépatites & maladies du foie. C’est ainsi que dans les grandes surfaces, on trouve des pizzas, des salades ou encore de la charcuterie qui contiennent des sucres ajoutés.

Résultat : “en France, la consommation moyenne de sucre est de 90 grammes par jour, alors que l’OMS recommande de ne pas dépasser 25 grammes”, soit six cuillères à café, rappelle le Dr Mélin. Un seuil largement dépassé avec un seul verre de soda, qui en contient 34 grammes dans une canette de 33 centilitres.

« Soyez conscient de votre consommation de sucre »

Ainsi, juin sans sucres ajoutés, « c’est pour aider les gens à prendre conscience de leur consommation de sucre », précise le Dr Mélin. Il ne s’agit pas d’en interdire totalement la consommation, mais d’amener chaque participant à s’interroger sur son rapport au sucre, à prendre conscience de sa consommation, à apprendre à lire les étiquettes et à identifier les sucres dans les listes d’ingrédients. Et c’est déterminant : la loi française impose que les ingrédients d’un produit soient répertoriés par ordre de proportion. Pour éviter que le sucre apparaisse en premier sur les emballages des produits transformés, les industriels ont trouvé le moyen de contourner la législation en « découpant » le sucre en plusieurs catégories pour le répartir sur la liste des ingrédients. Il existe 52 noms différents pour le sucre : glucose, saccharose, sirop de maïs, etc.

Objectif ultime du défi bien sûr, « manger moins de sucre », ajoute le Dr Mélin. Pour ceux qui seraient tentés de relever le défi, il suffit de s’inscrire sur le site dédié : JunesanssucresAddes.org. Et rien ne vous empêche d’y participer, même si vous ne vous sentez pas capable de vous passer complètement de sucre pendant un mois entier. « Trois niveaux de participation sont possibles : « sympathisant », si vous êtes curieux d’essayer, « engagé », pour les participants qui acceptent de répondre à deux questionnaires, et « ambassadeur », si vous êtes motivé pour faire vivre le défi dans votre quartier. , votre association ou votre entreprise », décrit l’association à l’origine du défi.

Un défi que l’hépatologue a déjà relevé lors de la première édition de l’opération, en juin 2023, et une expérience instructive même pour ce professionnel de santé. « J’ai scruté comme jamais les listes d’ingrédients des aliments que je consomme quotidiennement, raconte le Dr Mélin, et j’ai été surprise de constater que les bretzels que j’aimais grignoter en fin de journée étaient pleins de sucre. . , même si c’était une collation salée ! J’ai également arrêté de manger des yaourts aux fruits au petit-déjeuner, beaucoup trop sucrés, et je les ai remplacés par des yaourts nature. Egalement retiré, le sucre ajouté à la cuillère. « Moi qui adorais les fraises sucrées, j’ai appris à les assaisonner avec du basilic ou de la menthe, et c’est délicieux ! Et j’ai dit adieu au sucre dans mon café. La somme de toutes ces petites actions m’a permis de réduire ma consommation quotidienne de sucre.

« Le sucre tue plus que la route »

Pour l’hépatologue, « il y a urgence à réduire notre consommation de sucre, à la fois nocif pour la santé et très addictif. D’ailleurs, selon l’enquête que nous avons menée auprès des participants du mois de juin sans sucres ajoutés de l’année dernière, 15 % ont déclaré qu’ils étaient accros au sucre et ne pouvaient s’en passer. Or, « les risques liés à une consommation excessive sont désormais bien connus : diabète, troubles cardiovasculaires ou encore excès de poids », prévient SOS hépatites et maladies du foie. Autres effets délétères : « Il y a en France une épidémie d’obésité et de Nash, stéatose hépatique », ou stéatose hépatique non alcoolique.

Comment le sucre fait-il grossir le foie ? «Quand on mange du sucre, il est stocké dans le foie», répond le Dr Mélin. Si vous avez une consommation raisonnable, lorsque le corps a besoin d’énergie, le foie va libérer le sucre dans le sang afin qu’il puisse être utilisé par les cellules. Mais si vous consommez du sucre tout au long de la journée, le foie n’aura pas besoin de le restituer dans le sang et va le stocker, sous forme de triglycérides, des graisses toxiques pour le foie. D’où l’importance de faire attention au sucre pour lutter contre l’excès de graisse au niveau du foie, insiste-t-il. Chaque année en France, on compte 4 000 décès par cirrhose due à un excès de sucre. Aujourd’hui, le sucre tue plus que la route », souligne l’hépatologue.

Juin sans sucres ajoutés, « est l’occasion d’informer le grand public sur les dangers et l’omniprésence du sucre, mais aussi un défi individuel et collectif où l’on se met au défi de changer nos habitudes. Un mois durant lequel on se serre les coudes entre participants», se réjouit le Dr Mélin. Et les résultats sont là. L’année dernière, « 88 % des participants ont déclaré avoir réduit, partiellement ou totalement, leur consommation de sucres ajoutés », indique l’association. Et six mois plus tard, 45 % des personnes interrogées continuaient à consommer beaucoup moins qu’avant, et 38 % un peu moins.

 
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