Ce nouveau vaccin, conçu « sur mesure » pour chaque patient selon les chercheurs, renforce le système immunitaire et le rend capable de traquer les cellules cancéreuses.
Espérer guérir le cancer de la peau ? Ces derniers jours en Angleterre, des centaines de patients ont reçu le premier vaccin personnalisé à ARNm contre le mélanome, la forme de cancer de la peau la plus mortelle, indique The Guardian dans un article publié vendredi 26 avril.
Selon le Centre international de recherche sur le cancer, en 2022, environ 330 000 nouveaux cas de mélanome ont été diagnostiqués dans le monde et près de 60 000 personnes sont mortes de la maladie.
À ce jour, la chirurgie reste la principale option de traitement pour la plupart des mélanomes à un stade précoce. Pour les cancers plus avancés, d’autres traitements comme la radiothérapie, les médicaments et la chimiothérapie sont également utilisés.
“Je pense qu’il y a un réel espoir que le vaccin change la donne en immunothérapie”, a déclaré le Dr Heather Shaw, oncologue et coordinatrice des essais à l’University College London Hospital (UCLH).
Un vaccin « sur mesure »
Le vaccin utilisé dans les essais cliniques est une thérapie néoantigénique individualisée. Autrement dit, il est spécifiquement conçu pour s’adapter à la signature génétique de la tumeur de chaque patient.
“C’est entièrement fait sur mesure pour le patient”, s’est réjouie le Dr Heather Shaw auprès du Guardian.
Une fois injecté, le vaccin permet au système immunitaire du patient de reconnaître et d’attaquer les cellules cancéreuses. L’objectif est de prévenir la récidive du cancer après l’ablation d’une tumeur. Selon le British Institute for Health and Care Research (NIHR), le traitement repose sur l’ARNm développé par les laboratoires Moderna et Merck Sharp and Dohme (MSD).
Comment créer un vaccin sur mesure ? Pour personnaliser le traitement, les scientifiques prélèvent un échantillon de la tumeur du patient lors de l’intervention chirurgicale. Ensuite, ils utilisent le séquençage de l’ADN et l’intelligence artificielle pour construire une thérapie sur mesure, spécifique à chaque tumeur.
“L’idée derrière cette immunothérapie est qu’en incitant l’organisme à produire ces protéines, il peut préparer le système immunitaire à identifier et attaquer rapidement les cellules cancéreuses qui les portent, dans le but de prévenir la récidive du mélanome”, explique le Dr Heather Shaw à l’Institut national de recherche sur la santé et les soins.
Dans une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet, la phase 2 de l’essai clinique a révélé une réduction de 49 % du risque de récidive ou de décès après trois ans par rapport au traitement standard.
Vers un essai mondial
Parmi les premiers patients à participer à cet essai, Steve Young, 52 ans, s’est dit très enthousiaste. “Je suis vraiment heureux! C’est ma meilleure chance d’arrêter le cancer dans son élan », a-t-il déclaré au Guardian. Originaire de Stevenage dans le Hertfordshire, l’homme s’est fait retirer un mélanome du cuir chevelu en août dernier.
Un essai mondial, constituant la phase 3 de l’essai clinique, devra désormais inclure un plus grand nombre de patients, soit 1 100 personnes. Le volet britannique vise quant à lui à recruter au moins 60 à 70 patients dans huit centres de recherche, notamment à Londres, Manchester, Édimbourg et Leeds.
« C’est l’une des choses les plus excitantes que nous ayons vues depuis très longtemps », a déclaré la Dre Heather Shaw.
L’essai clinique du vaccin est actuellement en cours à l’University College London Hospital (UCLH) et est soutenu par le réseau de recherche clinique (CRN) et le Vaccine Innovation Pipeline (VIP) du Royaume-Uni.
