Justine est pour le moins gênée lorsque son patron, Franck, lui demande d’organiser un week-end en amoureux pour l’aider à séduire la femme dont il est amoureux. Il lui donne carte blanche et 14 000 euros pour les frais et sa rémunération. Cette somme exorbitante pourrait permettre à son mari Albin et à leurs amis de régler les dettes qu’ils se doivent. Cette balade le long de charmants canaux étroits sera pleine de surprises, de rencontres fortuites et de belles manigances…
Le long des écluses
Bruno Podalydès nous emmène littéralement sur une « péniche » qui traversera de jolis coins de France à la vitesse qui convient tranquillement pour ne pas abîmer les berges et pour imposer un rythme ludique. En plus d’être l’auteur de cette délicieuse fantaisie bucolique, il incarne le capitaine – moyennement expérimenté – du bateau de plaisance où se trouve un équipage de Pieds Nickelés qui va multiplier les stratagèmes improbables pour obtenir quelques billets en plus d’une enveloppe pourtant déjà grosse. . Il est toujours agréable de voir Bruno Podalydès jouer, comme lorsqu’ils étaient enfants, avec son frère Denis qui incarne, ici, un mari en manque d’argent, finalement mal à l’aise avec cette entreprise de séduction dont il pourrait devenir la victime ! Ils sont accompagnés des membres de leur troupe, heureux de faire la fête : Isabelle Candelier (Sandra, la cuisinière qui tient un café chantant et change d’apparence pour mieux tromper), Jean-Noël Brouté (Caramel, faux éclusier aux multiples visages) et Florence Muller (Rosine, à la fois serveuse et psychologue hypnotiseur). Leur camaraderie cinématographique donne l’impression qu’ils jouent dans une cour de récréation.
Animation chorale agréable
Sandrine Kiberlain, savoureuse dans « Comme un avion » et « Les 2 Alfred », est ainsi encore, ici, en femme faible à l’origine de l’arnaque collective qui la dépasse mais se révélera charmante. Celui qui en fait les frais est Daniel Auteuil qui retrouve ce don qu’il a longtemps eu pour la comédie. Il incarne ce patron qui à première vue ressemble à un méchant, persuadé que sa richesse lui donne tous les droits, y compris auprès des femmes. Heureusement, loin de rester caricatural et détestable, il dévoile ses défauts et une générosité inattendue dans l’attention qu’il finit par accorder aux autres, comme si cette sortie à la campagne et sur l’eau le ramenait à l’insouciance de sa jeunesse. On devine aussi qu’il n’est pas si dupe de ce qui se passe et qu’il est sincère dans son affection. Une agréable animation chorale concoctée par Bruno Podalydès, avec son style de mise en scène hérité de la bande dessinée belge et son goût pour les accessoires farfelus et les déguisements faits main.
Comédie de et avec Bruno Podalydès, Daniel Auteuil, Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès et Dimitri Doré.
