Des menaces de grève menacent la table de négociation pour les employés de Postes Canada, tandis que les employeurs tentent tant bien que mal de les contenir, au risque de voir des conséquences « importantes » sur ses clients à l’approche des fêtes.
Depuis le 3 novembre, les quelque 55 000 travailleurs représentés par le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) sont légalement en mesure de déclencher une grève avec un préavis d’au moins 72 heures.
Les conventions collectives entre Postes Canada et le STTP ont pris fin le 31 décembre 2023 pour les facteurs ruraux et suburbains, ainsi que le 31 janvier 2024 pour les opérations postales urbaines.
Si pour l’instant, ni le syndicat ni le patronat ne souhaitent y recourir – se disant « déterminés » à négocier des accords sans interruption du travail –, la menace pèse comme une épée de Damoclès dans un climat « d’incertitude », a indiqué le employeur lundi.
Voici tout ce que vous devez savoir sur ces éventuelles grèves, depuis les affirmations des deux parties jusqu’à leur impact sur les clients :
Les revendications du syndicat
Dans sa dernière offre, le Syndicat aurait proposé à Postes Canada une augmentation salariale de 22 % sur quatre ans, soit 9 % la première année, 5 % la deuxième année, 4 % la troisième année et 4 % la quatrième année.
Parmi les revendications, les salariés affirment, selon une mise à jour du 5 novembre :
– Sécurité de l’emploi ;
– Un système de tarification horaire avec des valeurs temporelles appropriées ;
– Maximiser et maintenir le nombre de parcours de huit heures par jour ;
– Que toutes les heures travaillées donnent droit à une pension ;
– Que des véhicules de la Société soient fournis à tous les facteurs ruraux et suburbains ;
– Amélioration du personnel et remplacement des absences;
– Semaines de travail garanties de 40 heures ;
– Les pauses payées et les pauses repas ;
Photo d’archive, Agence QMI
– Une majoration des prestations de l’assurance invalidité de courte durée (PAICD) et des indemnités versées en cas d’accident du travail ;
– 10 jours de congé payé pour raisons médicales ;
– Des prestations sociales améliorées ;
– Une amélioration des droits des salariés de relève (ERSA) ;
– Congé préventif payé pour les salariées enceintes ou allaitantes ;
– De meilleures protections contre les évolutions technologiques ;
– Participation des facteurs ruraux et suburbains aux projets d’expansion des services;
– Pas de sous-traitance de travaux ;
– Une allocation de vie chère (IVC) ;
– Une meilleure protection contre le harcèlement ;
– Une suppression complète de la séparation du tri et de la livraison (STL) ;
– Temps pour le courrier de quartier ;
– Amélioration des effectifs ;
– Une rotation des tâches pour certains groupes ;
– Récupération interne du travail ;
– Projets favorisant l’expansion des services.
La position de Postes Canada
De son côté, Postes Canada a partagé, le 29 octobre dernier, sa nouvelle offre globale à ses employés, qui impliquait :
– Augmentations salariales annuelles de 11,5 % sur quatre ans (avec un taux composé de 11,97 %) ;
– Protection du régime de retraite à prestations définies du personnel actuel, ainsi que de sa sécurité d’emploi et de ses avantages sociaux ;
– Protection continue des salaires contre une inflation imprévue ;
– Une amélioration des droits aux congés pour le personnel actuel.
– Une transition vers un taux de rémunération horaire pour le personnel représenté par l’unité de facteurs ruraux et suburbains;
– Appui à la proposition du STTP de fusionner l’unité des facteurs ruraux et suburbains et l’unité urbaine.
Selon l’employeur, cette offre permettrait d’améliorer et de protéger les éléments « les plus importants » pour le personnel, tout en « tenant compte des contraintes financières de l’entreprise », peut-on lire.
Il a également suggéré de soumettre les propositions à une tierce partie neutre par le biais d’un processus d’arbitrage contraignant, afin d’établir une « voie raisonnable à suivre » sur certains éléments sur lesquels les deux parties ne peuvent pas s’entendre.
Dans un communiqué publié lundi, Postes Canada a ajouté qu’elle avait également offert une rémunération compétitive aux nouvelles embauches.
Postes Canada souhaite cependant mettre en place un modèle de livraison plus flexible, afin d’offrir une option abordable sept jours sur sept pour rattraper son retard sur la concurrence, mais se heurterait à des « contraintes majeures » du côté de l’Union, qui « nier les avantages potentiels », peut-on lire.
Les impacts des grèves
À l’approche des fêtes de fin d’année, l’employeur tenterait à tout prix d’éviter un débrayage alors que cela pourrait avoir des « conséquences importantes » sur les entreprises desservies et sur le public, mais aussi sur la « situation financière déjà difficile de l’entreprise », a indiqué le Canada. Publié dans un communiqué de presse le 25 octobre.
Photo d’archives, AGENCE QMI
Invoquant un besoin de « certitude » de la part des entreprises pour leurs expéditions en cette période critique de l’année, Postes Canada a déploré le fait que, déjà, certaines aient décidé de confier leurs colis à d’autres entreprises de livraison.
« Les clients ont également annulé les campagnes de marketing direct pour éviter que des envois restent bloqués dans le réseau postal en cas de grève. Dans l’ensemble, nos volumes connaissent une baisse significative et continuent de baisser », a ajouté lundi la société.
Et pour le public ?
En cas de grève à Postes Canada, plusieurs organismes gouvernementaux, comme la SAAQ et la RAMQ, ont préparé une procédure à suivre en invitant la population à utiliser les services en ligne.
Le gouvernement du Québec, de son côté, a tenu à informer la population qu’il met tout en œuvre pour s’assurer que les chèques du gouvernement soient livrés à temps en cas de grève.
Il n’est cependant pas exclu qu’une grève à cette période de l’année puisse grandement affecter les livraisons, notamment à l’approche du Black Friday et du Cyber Monday, qui constituent ensemble un énorme volume de colis.
En 2018, les grèves déclenchées en octobre ont provoqué plus de 200 interruptions de service, au point que l’entreprise a été contrainte de demander aux administrations postales internationales, dont celle des États-Unis, « de ne plus expédier de courrier ». “articles jusqu’à ce que les retards soient résolus”, avait alors rapporté l’AFP, citant un porte-parole.