Marianne James, jurée de La a un talent incroyable, s’énerve contre “les gens qui aiment la merde”

La finale de l’émission Un incroyable talent est diffusée ce vendredi 20 décembre sur M6 à 21h10. La jurée Marianne James, qui se plaignait il y a vingt ans dans Nouvelle Star des électeurs qui avaient “de la merde dans les oreilles”, n’a rien perdu de sa franc-parler.

Marianne James avec sa préférée cette année, Creatine Price.
G. MIRAND

Vous êtes juré d’Un incroyable talent depuis 2018. Quel bilan en tirez-vous ?

Je suis venu pour une saison et je suis toujours là six ans plus tard. J’y suis allé pour l’argent en 2 (rires), parce que c’est bien payé et ça me permet de produire des choses à côté, et en 1 parce que j’aime qu’on me demande mon avis.

Je ne suis vraiment pas humble ! J’ai toujours des choses à dire, c’était déjà le cas à Nouvelle Star. J’aime l’idée de pleurer et de crier avec des camarades, d’avoir des gens extraordinaires, des fous, des gens ennuyeux sur un panel. Et nous, dans le jury, pouvons dynamiser ou dynamiter le programme.

Il faut dire aussi que ce programme ne serait rien sans les casters, des gens habitués aux auditions pour le cinéma ou les comédies musicales. Ils ont un bon carnet d’adresses et un œil. Ils sont jeunes, connectés aux réseaux sociaux, ils recherchent des talents et créent un groupe de 160 personnes sur plus de 2 000 inscrits à la base.

Quels sont les critères de sélection ?

La première question est “Est-ce que je l’aime?” Quand j’ai entendu Jean-Baptiste Guéguan en 2018 (gagnant de l’édition cette année-là, à l’imitation de Hallyday, NDLR), j’ai dit dans le micro que j’utilise pour parler à la production “C’est notre gagnant !” Je l’ai su après six secondes. Vous fermez les yeux, Johnny est là. Vous êtes au dessus de l’Himalaya et vous apercevez l’Everest, un sommet rose émergeant des nuages.

Le jury est tout-puissant jusqu’à la finale mais ensuite c’est le public qui vote. Et les Français font parfois ces choix-là !

C’était votre célèbre phrase lorsque vous vous adressiez aux électeurs de la Nouvelle Star en 2004 : « Vous avez de la merde dans les oreilles ! »…

J’avais déjà la formule gravée sur ma pierre tombale (rires). C’étaient des gamins avec leurs hormones qui votaient pour des chanteurs de comédies musicales en détruisant leurs forfaits téléphoniques. Aujourd’hui, tout le monde vote.

Au même prix, je préfère toujours déguster un steak de Salers dans un petit restaurant plutôt que de manger de la viande qui arrive par palette d’Argentine à l’Hippopotame.

C’est comme les gens qui préfèrent regarder C8 avec Hanouna et son flot de vomi, plutôt que d’aller à Arte ou à La Cinquième. Il y a toujours des gens qui aiment la merde.

Mais dans Un Incroyable Talent, il y a aussi parfois des bêtises…

C’est vrai, mais si nous voulions être purs, il faudrait que les casters ne nous envoient que l’élite. Et au lieu de plus de trois millions de personnes, nous en gagnerions un million et demi. Il y a deux ans, nous avons fait « La Bataille du Jury », avec la crème de la crème d’un incroyable talent. Le spectacle n’a pas fonctionné.

Alors les casteurs nous envoient aussi des je-m’en-foutistes, « c’est quoi ce bordel ». C’est parce qu’il y a des mauvais que les bons surgissent. Le public adore détester quelqu’un. Il aime lapider et lancer des pierres.

Sucre Sammy (un autre membre du jury avec Eric Antoine et Hélène Ségara, NDLR) veut devenir sympa à l’écran. Je lui dis non. Je suppose que je suis strict. Si vous enlevez la sorcière Blanc comme neigetout s’effondre.

Le mur porteur du spectacle, l’IPN, c’est un bon jury et un bon casting.

Vous jouez le méchant mais vous pouvez être très sensible l’instant d’après, en larmes…

Quand les gens me touchent, c’est comme du papier d’aluminium, il y a une lumière qui s’allume. L’année dernière, il y avait une femme de 88 ans, droite comme un fer, tremblante comme une feuille. Elle a été caissière de banque toute sa vie. Elle se tient devant toi et elle chante « Allez, Milord…», sans broncher. C’est un talent incroyable d’avoir de telles cordes vocales à cet âge.

Nous avons également eu, l’année dernière, un professeur de yoga de 99 ans et demi. Elle aurait eu 100 ans pour la finale. Je voulais vraiment qu’on le prenne. C’est fou qu’on ne l’ait pas gardé !

Alors bien sûr, je pleure ! Voyez-vous quel cadeau c’est ?

Cette année, nous avons un chanteur atteint du syndrome de Gilles de la Tourette. Il cogne tout le - et, quand la musique démarre, oh miracle, c’est fini, il accueille la lumière, le rythme, il chante et il claque, très loin des caricatures des rappeurs.

Il n’y a pas beaucoup d’artistes qui percent dans An Incredible Talent…

Les chanteurs vont à The Voice ou sont allés à Nouvelle Star. Quand on a des chanteurs, à part Jean-Baptiste Guéguan, ce sont par exemple des Versaillais, deux parents et six enfants, qui ont chanté des motets du XIVe siècle et qui ont gagné il y a quatre ans. Inter et RTL ne les programmeront jamais. En revanche, ils sont présents dans tous les programmes de musique sacrée.

Au cirque, la télé ne programme pas les candidats qu’on reçoit.

Êtes-vous très critique envers les programmes comme The Voice Kids qui font chanter les enfants ?

Oui, car on leur fait chanter à plein volume Céline Dion, Lara Fabian ou Patrick Fiori, dans la tonalité de ces chanteurs. Ils se brisent la voix. Nous avons très peu d’enfants, pour nous en éloigner. Et quand on les a, ils ne crient pas, sinon c’est invalidé.

Cette année, quels candidats vous ont marqué ?

J’ai trois favoris : une jeune femme qui s’accroche par les cheveux et fait une sorte de pantomime suspendue ; une drag queen ténor métisse de New York appelée Creatine Price en hommage à la chanteuse américaine Leontyne Price ; et enfin une troupe d’acrobates venus d’Afrique en harmonie et amoureux les uns des autres. On n’aurait pas assez de Français pour faire un spectacle de qualité.

cc41bcdedf.jpg

Deux Montpelliérains ont été éliminés en quarts de finale. Un mot à leur sujet ?

Miss Jinn, qui est en transition, est une fille formidable, tant masculine que féminine, qui fait des acrobaties, mais nous ne pouvions pas mettre trop de numéros de cirque. Elle est à l’école d’Enzo Pebre, un de mes golden buzzers, à Avignon.

L’autre candidat montpelliérain, Ibra, a commis beaucoup d’erreurs. Il n’a pas pu faire ce qu’il voulait dans sa mise en scène et deux cubes se sont renversés.

Vous tournez également avec un spectacle personnel. Que diriez-vous pour le résumer ?

C’est une masterclass de chant, véritable piège pour le public, qui va y participer. Ils n’ont pas le choix de ne pas chanter. Et ils vont bien rire. C’est l’histoire de la voix, des australopithèques à aujourd’hui.

Je serai à La Cigale à Paris le 8 au soir et le 9 mars au matin.

9a010b84e2.jpg
Spectacle « Tout est dans la voix », dans le Sud à Toulouse le 8 février, Orange le 21 mars et Balaruc-les-Bains le 2 mai.
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV voici les premières images de la série d’Alain Chabat
NEXT Critérium Continental : nouvelle étape vers l’Amérique