Emmanuel Macron est de retour en Afrique pour fêter Noël avec les soldats français déployés à l’étranger. Le président de la République arrivera ce vendredi à Djibouti, où se trouve la plus grande base militaire française étrangère. C’est aussi l’une des dernières en Afrique depuis que la France a été expulsée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, avant d’être contrainte de fermer ses bases au Tchad et au Sénégal.
Soutenue par le renouvellement du traité de coopération militaire entre les deux pays, la base de Djibouti et ses 1 500 militaires jouent un rôle différent de celui des autres établissements français. « Ce pôle stratégique n’est pas tourné vers l’Afrique, mais vers le Proche-Orient, le Moyen-Orient et l’Indo-Pacifique », rappelle Antoine Glaser, auteur du livre Le piège africain de Macron (Fayard).
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Concurrence chinoise et américaine
La France a longtemps entretenu une relation quasi exclusive avec son ancienne colonie, la dernière à avoir accédé à l’indépendance en 1977. Depuis les années 2000, la concurrence est rude et Djibouti est très convoité. La France a vu successivement s’implanter une base américaine de 4 000 soldats puis la seule base chinoise à l’étranger. Des soldats allemands, italiens, espagnols et japonais sont également déployés dans ce petit pays qui abritait un quart du trafic mondial de conteneurs et 6% du pétrole avant les attaques des rebelles houthis du Yémen dans la mer Rouge en représailles à la guerre à Gaza.
« La France a eu du mal à conserver sa base à Djibouti, explique Antoine Glaser. Le président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh a mis la barre plus haut. « La France a dû payer. Au départ, elle n’a rien payé en échange de la sécurité de Djibouti. Le loyer était alors fixé à 30 millions d’euros par an. On parle désormais de 70 ou 85 millions d’euros. »
Une visite en Ethiopie au-delà des frontières
Si la France envisage de conserver ses bases en Côte d’Ivoire et au Gabon, elle réduira le nombre de soldats et redéfinira leurs missions. « Les militaires ne seront plus déployés sous pavillon français et feront principalement des entraînements », explique Antoine Glaser.
La visite d’Emmanuel Macron à Djibouti sera également consacrée aux crises régionales, notamment la terrible guerre au Soudan. Il y aura également la question de la coopération spatiale. La France va aider Djibouti à lancer des satellites d’observation de la Terre pour lutter contre le changement climatique.
Emmanuel Macron s’envolera ensuite pour l’Ethiopie pour un bref voyage symbolisant la nouvelle politique africaine de la France. «C’est une nouvelle opportunité de sortir du confinement des anciennes colonies africaines», observe Antoine Glaser. Le président français n’est pas rancunier. « Il s’est fait avoir lors de sa précédente visite en Ethiopie en 2019. Le prix Nobel de la paix décerné au Premier ministre Abiy Ahmed a précédé une guerre sanglante dans son pays », rappelle le spécialiste de géopolitique africaine.
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