pour le challenge Dry January, et si vous testiez les caves sans alcool ?

Connaissez-vous « Janvier sec » ? Autrement dit, un mois de janvier sans une goutte d’alcool. Bonne nouvelle pour ceux qui relèvent ce défi, des caves d’un nouveau type fleurissent. Ils vendent des boissons non alcoolisées, mais avec tous les codes du « avec ». Reportage de Lille.

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Après les excès des vacances, ces dernières années, le « janvier sec » gagne du terrain. Le principe ? Arrêtez de boire de l’alcool pendant un mois. Originaire de Royaume-Unilà où les Britanniques pratiquent depuis une douzaine d’années le mois sans alcool, ce « challenge » s’étend également en France.

Une aubaine pour les marchands de boissons d’un nouveau type : les cavistes sans alcool. À mesure que l’offre se diversifie, un nouveau métier fait son apparition. A Nantes, Paris, Aix-en-Provence, Rennes, Bordeaux, Toulouse et Lille, de nouveaux magasins ont ouvert ces derniers mois.

A Lille, au Sanzalc, vous êtes accueilli par John Gobeaux qui a longtemps travaillé dans les bars. Il déclare : «jeIl y a une vraie tendance, les gens viennent pour ça. À plus de 90%, ils repartent avec une bouteille.» Passionné, il poursuit : Comme chez un caviste, on vient chercher des produits et des conseils de qualité.

Dans les rayons, du vin rouge, blanc et rosé, du whisky, des gins, des rhums, mais aussi des vins effervescents, des bières et des boissons aux herbes. Parce que l’offre s’est considérablement élargie ces dernières années, les marques sont de plus en plus nombreuses. Et John est convaincu que dans les mois à venir, les produits proposés continueront d’évoluer de manière significative.

L’offre de boissons non alcoolisées augmente chaque année.

© C. Chevalier / FTV

Le gérant du magasin de Lille explique que contrairement à ce qui existait il y a quelques années, « Ce sont de vrais vins au départ, désalcoolisés ». L’avantage ? « On retrouve les saveurs et les goûts, les tanins aussi ». D’ailleurs, il est fier d’annoncer qu’il propose un vin rouge sans alcool de 20 ans. Des rosés, des blancs, dont les bouteilles ressemblent exactement à celles « traditionnelles ».

Pour lui, un vin sans alcool reste un vin. Il continue : « L’avantage, c’est qu’un seul verre suffit. Parce que c’est l’alcool qui appelle l’alcool, le sucre qui appelle le sucre. Alors qu’ici, on est sur zéro sucre, zéro alcool ». Comptez 13 euros pour avoir une bouteille de vin « offerte », de bonne qualité.

Quant aux esprits, « la chaleur en bouche est créée par les épices, comme le gingembre ». Et au nez, on se tromperait, le rhum « sans » sent le rhum « avec ».Il poursuit : «Il existe différentes sortes de boissons : vins, spiritueux, bières, cocktails prêts à l’emploi ou basiques qui permettent d’en créer de nouveaux.toujours avec 0% d’alcool. Mais aussi toute une gamme de boissons et d’épices à base de plantes sans sucre.

Hormis l’eau gazeuse, les jus de fruits très sucrés et les bières sans alcool, les options ont longtemps été limitées. C’est aussi ce qui a poussé Arnaud Calvet à lancer Sanzalc. En 2023, il ouvre un site e-commerce, puis une cave sans alcool à Orchies (Nord). Devant l’engouement, un an plus tard, il ouvre un deuxième magasin à Lille. “Être un pionnier est un tourbillon, mais on sait pourquoi on se lève le matin !il plaisante. Il y avait deux marchands de vins sans alcool en France en février 2023 ; début 2025, il y en a 27. »Il y a des projets qui vont éclore dans d’autres villes, on prépare aussi l’ouverture de franchises”.

Aujourd’hui, son entreprise est numéro 2 des produits sans alcool en France et livre dans 26 pays. Et la tendance se confirme dans les chiffres. Les ventes ont bondi de 450 % entre 2023 et 2024, notamment avec l’ouverture du magasin de Lille, qui propose 450 références.

Surtout, il est heureux de constater que l’offre s’élargit également. « Je ne m’attendais pas à trouver cette profusion d’offres quand j’ai débuté il y a trois ans »ajoute-t-il. Surtout, selon lui, cela progresse depuis 12 à 18 mois. Il déclare : «Les personnes qui boivent peu, pas du tout ou plus, constituent une majorité silencieuse en France. Mon souhait est que chacun puisse avoir accès à une offre étendue. Notre défi est de changer les mentalités : il y a autre chose entre l’alcool et l’eau pour les adultes ! »

Surtout, il confie son désarroi face à ce qu’il considère comme de la paresse de la part des bars et restaurants qui ne proposent toujours rien d’autre que des sodas et jus de fruits. « On ne peut plus se cacher et dire qu’il n’y a rien. Il existe des solutions. Même la marque Martini propose des produits sans alcool. ! »

Arnaud Calvet dit : « Quand j’ai fait le choix d’arrêter de boire, mon premier réflexe a été d’aller au supermarché. Là-bas, l’alcool est remplacé par du sucre, c’est criminel !

John Gobeaux va dans le même sens : « Il va falloir que les bars s’y mettent, tant sur le plan social, de plus en plus de gens choisissent de réduire leur consommation d’alcool. Mais aussi pour des raisons de prévention, les clients viennent en voiture, c’est une responsabilité.»


John Gobeaux, gérant du magasin Sanzalc, à Lille (Nord).

© C. Chevalier / FTV

John avoue qu’au début de Dry January, il a déjà eu « plusieurs clients qui me l’ont demandé pour la troisième année consécutive ». Preuve que l’opération fait au moins réfléchir. C’est aussi ce que Thaïs, institutrice, vient prendre un verre pour accompagner une raclette. “Mon frère fait du Dry January, donc ce sera, pour tout le monde, de la raclette sans alcool”. Après quelques hésitations, il a choisi une bière légère et un chardonnay « offert ». “C’est intéressant de réfléchir, un mois par an, à notre consommation d’alcool.dit-elle. Avec elle, Ben trouve pour sa part que « ça« Un gin ou un rhum sans alcool, ça intrigue. »


Pas d’alcool, pas de sucre, une nouvelle offre de boissons.

© C. Chevalier / FTV

Outre la clientèle habituelle, comme les femmes enceintes ou celles qui viennent pour des raisons de santé ou par choix religieux, c’est une autre clientèle, en quête de nouveautés, qui franchit la porte de ce caviste. “Que permet de lâcher le pied, mais de participer quand même, de garder l’esprit de l’apéritif”, complète Jean.

Pour le gérant de la cave lilloise, au-delà de Dry January, proposer autre chose est un véritable enjeu de société. “Quand on a la chance de voyager, on se rend compte qu’en Belgique, ils ont une profusion de bières désalcoolisées, en Espagne, ils ont des gins… On est clairement en retard en France. conclut-il.

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