« La a tout à gagner à capitaliser sur son électricité bas carbone »

« La a tout à gagner à capitaliser sur son électricité bas carbone »
« La France a tout à gagner à capitaliser sur son électricité bas carbone »

Le bilan annuel français en termes d’exportations d’électricité est étonnamment bon. C’est ce que montre notre chroniqueur Maxence Cordiez, expert énergétique associé à l’Institut Montaigne. Cependant, la crise énergétique que traverse le pays nécessite une véritable politique d’électrification.

2025 est arrivée, et avec elle, le moment du bilan de l’année écoulée. En matière d’exportations d’électricité, la a battu un record absolu, pulvérisant le précédent qui remontait à 2002 à 77 TWh. Les exportations nettes françaises – c’est-à-dire le solde des exportations dont sont soustraites les importations – s’élèvent à 89,1 TWh en 2024. C’est un peu plus que la consommation d’un pays comme la Belgique (81 TWh) ou la Finlande (82 TWh).

Ces exportations contribuent à redresser la balance commerciale française, par ailleurs fortement déficitaire, à hauteur d’une centaine de milliards d’euros en 2023. Ainsi, en année normale, les exportations nettes d’électricité rapportent à la France environ 2 milliards d’euros. Cette valeur est passée à 4 milliards en 2023 en raison de conditions de marché favorables et devrait être dépassée en 2024, même si la valeur exacte n’est pas encore connue. Les exportations contribuent également à la décarbonation européenne puisque la France exporte une électricité peu émettrice de gaz à effet de serre en production, grâce au nucléaire, à l’hydraulique, à l’éolien et au solaire photovoltaïque.

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La composition du mix électrique français explique également pourquoi les exportations sont si importantes. Les différentes centrales produisent dans l’ordre des coûts variables croissants, les coûts variables étant ceux qui dépendent de la production : principalement l’achat de carburant et les droits d’émission de CO.2 pour les centrales électriques à combustibles fossiles. Or, les éoliennes, les panneaux solaires photovoltaïques et les centrales hydroélectriques n’ont pratiquement aucun coût variable.

Ce qui coûte cher, c’est de construire ces installations, mais une fois construites, le surcoût associé à chaque MWh produit est quasiment nul. Il en va de même pour les centrales nucléaires dont l’essentiel du coût de production est associé à la construction et au financement de la construction des réacteurs, le combustible ne représentant qu’environ dix pour cent du coût de production.

Crise énergétique

Ainsi, les capacités de production à faibles coûts variables qui constituent l’essentiel du parc de production français produisent en priorité par rapport aux centrales thermiques à énergie fossile. Et tant que les interconnexions électriques reliant la France à ses voisins ne sont pas saturées et qu’il existe une demande à satisfaire dans le reste de l’Europe qui ne peut être satisfaite par de telles capacités (encore insuffisantes aujourd’hui), la France exporte.

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Au-delà des aspects positifs, l’ampleur des exportations françaises d’électricité cache une réalité dont il est plus difficile de se réjouir, qui est la destruction de la demande suite à la crise énergétique de 2021-2022. Certaines entreprises ont fermé ou réduit leur production et consomment moins qu’avant.

Dans le même temps, le pays peine à électrifier ses usages énergétiques – mobilité, chauffage, industrie, etc. – ce qui entraîne une stagnation de la demande en électricité, alors même qu’elle devrait croître pour atteindre les objectifs de décarbonation et se sevrer des carburants. fossiles. Si l’électricité constitue actuellement un quart du mix énergétique final français, la stratégie nationale bas carbone prévoit qu’elle atteindra 55 à 60 % en 2050 pour que le pays puisse se passer des énergies fossiles.

Accélérer l’électrification

Le surplus d’électricité exporté par la France constitue une réserve que le pays peut utiliser pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées. Accélérer l’électrification des usages énergétiques devrait donc être une priorité politique. Plutôt que d’importer du pétrole et du gaz qui coûtent à la France plusieurs dizaines de milliards d’euros tout en contribuant au réchauffement climatique, la France aurait tout à gagner à capitaliser sur son électricité bas carbone, produite en France et génératrice d’emplois locaux.

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Une véritable politique d’électrification permettrait d’améliorer la balance commerciale française, de créer des emplois durables, de sécuriser le prix de l’approvisionnement énergétique en réduisant l’exposition aux marchés internationaux du gaz et du pétrole et de réduire les émissions de gaz. effet de serre. Il s’agit d’un choix politique sans regrets, mais qui nécessite une vision à long terme de la part des pouvoirs publics. Cela nécessite également de parvenir à créer une certaine cohérence entre l’action des différents ministères. Notamment pour que la politique fiscale développée par le ministère du Budget n’aille pas à l’encontre de la promotion de l’électrification par le ministère de l’Énergie.

 
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