La Fondation René Cassin – qui perpétue l’œuvre du juriste co-auteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme – est située à Strasbourg. En fin d’année, elle a lancé un prix dédié aux droits de l’homme. Pour en parler, José-Manuel Lamarque s’entretient avec Valérie Candau, la directrice générale de la Fondation.
franceinfo : 1969 est l’année de naissance de la Fondation Cassin. Pour quoi ?
Valérie Candau : La raison est simple : René Cassin a obtenu son prix Nobel de la paix en 1968 et voulait à cette époque créer ce qu’on appelait l’Institut international des droits de l’homme. Cet institut naît seulement l’année suivante, en 1969. Il se veut apolitique avec pour objectif de promouvoir les droits de l’homme en France et dans le monde par deux moyens : la formation, c’est-à-dire que 80 % de notre activité est de la recherche. En 2015, l’Institut est transformé en fondation reconnue d’utilité publique.
La Fondation Cassin travaille-t-elle uniquement en France ?
Nous intervenons en France, avec de grandes sessions qui durent parfois un mois, notamment l’été avec 200 participants venus de 70 pays différents et plus de 50 experts internationaux. Nous sommes également présents à l’étranger depuis 16 ans avec en moyenne 10 formations : en Afrique – par exemple au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Soudan, au Mozambique, au Burkina Faso ou au Mali – et en Amérique du Sud. Au Sud avec le Pérou, l’Argentine et pour 2025 le Brésil.
Un événement a eu lieu le 13 décembre à Strasbourg : la naissance du prix Jacques Ribs. Qui était Jacques Ribs ?
Nous sommes très fiers d’organiser ce Prix des Droits de l’Homme Jacques Ribs. Jacques Ribs était avocat et défenseur des droits de l’homme. Il a présidé l’association France Terre d’Asile et a mené ce combat toute sa vie. Avant sa mort, il a souhaité que notre Fondation puisse porter un Prix des Droits de l’Homme Jacques Ribs. L’objectif est de récompenser une personne morale, une association ou un individu ayant mené des combats significatifs pour les droits humains en lien avec le droit des réfugiés.
Qui sont les lauréats de ce premier prix Jacques Ribs ?
Cette année, nous avons choisi de récompenser deux gagnants. Le premier est Şebnem Korur Fincancı, qui a consacré sa vie à la recherche de la vérité et s’est battu intensément contre la torture et les violations des droits de l’homme dans son pays, la Turquie. Du fait de son combat, elle fait l’objet de nombreuses enquêtes administratives et procès. Par ailleurs, un procès devait se tenir en décembre dernier et a été reporté à janvier. Le deuxième lauréat est une association baptisée Prison Insider. C’est une association, fondée par Bernard Bolzer et dont la directrice est Florence Laufeur, qui existe depuis 2015 et lutte sans relâche pour la condition des personnes détenues.
J’ajoute qu’en ces temps troublés, pour continuer notre combat par la formation, toute l’équipe de la Fondation a besoin de votre soutien !
