Robert Brooks, un détenu afro-américain de 43 ans, a été tué le 9 décembre par des gardiens de la prison Marcy Correctional, dans l’État de New York. Les images, captées par les caméras portées par les gardes, montrent une scène de pure violence : Brooks, ensanglanté et menotté, est maintenu au sol par six agents qui l’étranglent à plusieurs reprises et le jettent violemment contre un mur. Quelques heures plus tard, il décède des suites d’une asphyxie provoquée par une compression du cou, comme l’a confirmé l’autopsie.
Ces derniers jours, la vidéo de cette scène d’horreur a été largement diffusée après que la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, a choisi de la diffuser en invoquant la nécessité de maintenir la « transparence » dans l’affaire. Elle a ensuite annoncé la suspension et le licenciement prochains de treize surveillants pénitentiaires et d’une infirmière impliqués dans ce meurtre.
La vidéo, qui a circulé sur les réseaux sociaux, a profondément choqué l’opinion publique. Le scandale relance les débats sur la violence systémique et l’impunité dans les prisons américaines. Beaucoup de gens font le lien avec le meurtre de George Floyd en 2020, point de départ d’une mobilisation massive contre le racisme systémique et les violences policières. Les organisations de défense des droits de l’homme commeUnion américaine des libertés civiles (ACLU) Je ne le fais pas Association correctionnelle de New York (CANY) a dénoncé les violences commises par les agents pénitentiaires.
Ces nouvelles images révoltantes rappellent le meurtre policier de George Floyd, qui a ouvert la voie au mouvement. Les vies des noirs comptent. Si cette fois, c’est la procureure elle-même qui a diffusé la vidéo, la stratégie de l’État vise à sacrifier quelques individus, comme le policier Derek Chauvin, pour protéger les policiers et préserver les fondements d’une prison judiciaire et profondément raciste.
-Une attitude hypocrite qui ne peut cacher une réalité accablante : la sur-incarcération des minorités raciales et les assassinats d’hommes noirs perpétrés par une institution policière structurellement raciste aux États-Unis. Selon les données de Bureau des statistiques judiciairesLes Afro-Américains représentent environ 13 pour cent de la population américaine, mais près de 40 pour cent des détenus, tandis que les Latinos, qui représentent 16 pour cent de la population, représentent 23 pour cent des personnes incarcérées. Les meurtres perpétrés par la police, systématiquement présentés par les médias comme des accidents isolés, ne sont en réalité que le prolongement direct d’une logique de répression institutionnalisée par l’appareil judiciaire et pénitentiaire contre les minorités raciales.
Le meurtre de Robert Brooks illustre une fois de plus, de manière tragique, la violence exercée par les agents d’un système raciste et répressif. Le mouvement Les vies des noirs comptent a radicalement transformé la conscience politique d’une génération d’Américains, révélant la nature systémique du racisme au sein des institutions judiciaires et carcérales, l’impossibilité de les réformer et la dépendance de l’État à l’égard de ces institutions, en tant qu’organes de répression. Il est impératif que les travailleurs et leurs organisations s’impliquent activement dans cette lutte. La lutte contre le racisme systémique et les violences policières constitue un levier central de mobilisation aux Etats-Unis, à quelques jours du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.