En 2024, les copropriétés françaises sont confrontées à des enjeux majeurs dans la gestion de leur budget énergétique. Même si les prix de marché du gaz et de l’électricité sont en baisse par rapport aux niveaux records de 2022, le retour de la hausse de la fiscalité et des investissements dans la transition énergétique fait augmenter les coûts. L’Observatoire des prix de l’énergie pour les copropriétés, réalisé par le groupe Opéra Énergie, propose une analyse détaillée de ces évolutions. Ce rapport met en lumière les impacts des fluctuations de prix et des augmentations de taxes sur les copropriétaires, tout en proposant des pistes pour naviguer dans cet environnement complexe. Quelles leçons pouvons-nous tirer de ces données et quelles stratégies adopter ?
Résumé :
Un marché de l’énergie en quête de stabilité
Evolution des prix du gaz et de l’électricité
Depuis la flambée des prix au plus fort de la crise énergétique en août 2022, les marchés ont montré des signes de stabilisation. Les données de l’Observatoire du groupe Opéra Énergie révèlent une baisse significative. En effet, le prix du gaz est passé de 59 €/MWh au T2 2023 à 35 €/MWh au T2 2024. Tandis que l’électricité a diminué de 191 €/MWh à 78 €/MWh, soit des baisses respectives de 29 % et 60 %.
Ces prix, bien que en forte baisse, ne compensent pas totalement la hausse des autres composantes des factures, notamment les taxes et les coûts d’accès au réseau.
Cette accalmie est attribuée à plusieurs facteurs :
- L’abondance des stocks de gaz. Grâce à une offre stable et une demande modérée, les stocks européens ont atteint des niveaux records.
- La reprise du parc nucléaire français. Après plusieurs années marquées par des interruptions, la production nucléaire a contribué à réduire la pression sur les prix de l’électricité.
Ces baisses masquent toutefois une réalité plus complexe. Les marchés restent volatils, influencés par des événements géopolitiques tels que les tensions au Moyen-Orient ou le conflit russo-ukrainien. Par ailleurs, la concurrence entre l’Europe et l’Asie pour le gaz naturel liquéfié (GNL) continue de maintenir une certaine pression sur les prix.
Le monde énergétique d’après-crise : vers une instabilité chronique
Après les crises successives du COVID-19 et de l’énergie entre 2021 et 2023, le secteur de l’énergie entre dans une phase de transition complexe. Les prix du marché, bien que plus modérés qu’en 2022 (1 130 €/MWh pour l’électricité et 297 €/MWh pour le gaz au plus fort de la crise), restent soumis à une forte volatilité. Donc, en 2024, le prix moyen du gaz sera de 35 €/MWhcontre 59 €/MWh au T2 2023 (-29%), et celui de l’électricité atteint 78 €/MWhen baisse de 60% sur un an.
Ce calme relatif masque des défis structurels. L’Europe est désormais fortement dépendante du GNL, dont elle consomme une part importante au détriment de l’Asie. Ce qui exacerbe la concurrence mondiale. Par ailleurs, les infrastructures énergétiques européennes nécessitent des investissements massifs, estimés à plusieurs centaines de milliards d’euros, pour répondre aux exigences de la transition énergétique. Enfin, des facteurs géopolitiques, comme le conflit en Ukraine, et des facteurs climatiques, comme des étés caniculaires, augmentent la demande énergétique. Et cela continue de peser lourdement sur les marchés.
Facteurs influençant les marchés en 2024
L’Observatoire des prix de l’énergie pour les copropriétés met également en avant l’impact des événements techniques sur les prix. Par exemple, la découverte de fissures dans le parc nucléaire en avril 2023 ou les contraintes sur les gisements de gaz norvégiens ont perturbé les approvisionnements. Ces éléments rappellent la fragilité des infrastructures énergétiques, qui peuvent rapidement perturber le marché.
Par ailleurs, la transition énergétique apporte son lot de défis. Tout d’abord, les réseaux électriques et gaziers nécessitent des investissements massifs pour être modernisés et adaptés aux nouvelles exigences. Ensuite, ces investissements, bien qu’essentiels, engendrent une augmentation importante des coûts. De ce fait, cette hausse a des répercussions directes sur les utilisateurs finaux, dont les copropriétaires, qui voient leurs charges augmenter.
Opéra Index : un outil pour suivre les bilans énergétiques des copropriétés
L’Indice Opéra, développé par le Groupe Opéra Énergie, est un indicateur clé pour comprendre l’évolution des budgets énergétiques des copropriétés. Il mesure les variations trimestrielles des coûts de gaz et d’électricité contractés par ces derniers.
Ainsi, en 2024, l’indice révèle une baisse notable des budgets sur un an, avec une baisse de 11 % pour le gaz et de 32 % pour l’électricité. Cependant, sur trois ans, l’indice affiche une hausse de 72% pour le gaz et de 27% pour l’électricitésoulignant l’impact prolongé des crises énergétiques passées. Cet outil permet aux gestionnaires et syndics de mieux anticiper les fluctuations du marché, en leur fournissant des repères fiables pour optimiser leurs contrats et maîtriser les coûts énergétiques des copropriétés.
Les copropriétés face à la hausse des impôts
Retour des droits d’accises à leur niveau d’avant-crise
L’une des principales conclusions de l’Observatoire Opéra Énergie sur les prix de l’énergie concerne la fiscalité. En 2024, les accises sur l’énergie atteindront de nouveaux sommets. L’accise sur l’électricité (anciennement CSPE) est revenue à 20,5 €/MWh, un niveau comparable à celui d’avant la crise. Tandis que celui sur le gaz (ex-TICGN) a doublé, passant de 8,37 €/MWh en 2023 à 16,3 €/MWh.
Ces augmentations représentent un fardeau important pour les copropriétaires, qui doivent intégrer ces coûts dans leur budget. La part des taxes dans la facture énergétique a doublé ces dernières années. Ce changement, bien qu’attendu, limite fortement les économies possibles, même dans un contexte de baisse des prix de marché. Par ailleurs, ce phénomène touche particulièrement les petites copropriétés. En effet, leurs marges de manœuvre financières, souvent réduites, les rendent plus vulnérables à ces hausses.
Impact sur les factures de copropriété
L’impact de ces hausses de taxes est renforcé par la structure des factures énergétiques, composée de trois éléments principaux :
- Le coût de l’énergie brute. En baisse, mais compensée par d’autres facteurs.
- Impôts et cotisations. En forte augmentation.
- Frais d’accès au réseau. Ils augmentent également pour financer la modernisation des infrastructures.
Les petites copropriétés, majoritaires, souffrent particulièrement de ces hausses, car elles disposent de moins de ressources pour négocier des tarifs compétitifs.
Pour une copropriété moyenne consommant 182 MWh d’électricité et 409 MWh de gaz par an, les hausses de taxes ralentissent la réduction globale des factures, ce qui complique la gestion budgétaire.
Anticiper les enjeux énergétiques des copropriétés
Stratégies pour réduire les coûts
Face à ces enjeux, les copropriétaires adoptent des mesures pour mieux contrôler leurs dépenses énergétiques. Selon l’Observatoire, environ 84 % des copropriétaires considèrent désormais la gestion des dépenses énergétiques comme une priorité. Plusieurs stratégies se démarquent :
- Renouvellement anticipé des contrats énergétiques. En 2024, les copropriétés signent leurs nouveaux contrats environ cinq mois avant leur échéance, contre trois mois l’année précédente. Cette anticipation permet d’assurer des prix compétitifs.
- Rénovations énergétiques. L’isolation thermique, le remplacement des chaudières par des systèmes plus efficaces et l’adoption de solutions sans carbone font partie des initiatives les plus courantes.
Les plus grandes copropriétés, souvent mieux structurées, parviennent à négocier des tarifs avantageux grâce à leur consommation importante. Tandis que les petites copropriétés doivent parfois mettre leurs ressources en commun pour bénéficier des mêmes avantages.
Le défi de la transition énergétique
La transition énergétique constitue un objectif majeur, mais elle impose des coûts immédiats. La baisse de la consommation de gaz, qui atteint son plus bas niveau depuis 1990, illustre un changement de comportement des consommateurs. Cependant, l’électrification croissante de l’économie et le financement des énergies renouvelables nécessitent des investissements importants.
Les gestionnaires de réseaux comme Enedis et RTE prévoient plusieurs centaines de milliards d’euros pour moderniser les infrastructures. Ces investissements, bien qu’essentiels pour accompagner la transition énergétique, se traduisent par une augmentation des coûts d’accès au réseau, directement répercutée sur les copropriétaires.
Conclusion
En 2024, les prix de l’énergie pour les copropriétés françaises oscillent entre espoir et contraintes. Si la stabilisation des marchés permet d’entrevoir un répit après des années de crise, la hausse des impôts et les défis liés à la transition énergétique entretiennent la pression sur les budgets. L’Observatoire des prix de l’énergie du groupe Opéra Énergie montre que les copropriétés peuvent néanmoins s’adapter grâce à des stratégies de gestion et d’optimisation proactives.
Pour contrôler les impacts, il est crucial de planifier sur le long terme et d’investir dans l’efficacité énergétique. Ces efforts, bien que coûteux à court terme, s’inscrivent dans une dynamique essentielle pour garantir la longévité et la pérennité des copropriétés.
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