« Quand François Gabart vous propose de faire le Trophée Jules-Verne sur son Ultime, vous dites oui tout de suite ! »

Trophée Jules Verne

Faire le tour du monde en équipage sur un Ultimate volant, si on vous avait dit qu’un jour vous feriez ça…

J’aurais dit “vas-y!” » (rires). Je n’arrive pas à y croire, je suis tellement heureux d’être là.

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Amélie Grassi, ici avec Antoine Gautier, a rapidement trouvé sa place sur l’Ultime. (Photo Guillaume Gatefait)

On imagine que vous avez dû passer des tests, faire quelques essais avant d’être sélectionné ?

Je suis arrivée aux sélections pour faire partie de l’équipage féminin de l’Ocean Fifty chez MerConcept, l’équipe de François Gabart. Je savais que je n’avais pas beaucoup de disponibilités mais j’espérais pouvoir faire la petite course en Méditerranée et, lors de mon entretien de fin de sélection, les fameux petits cinq minutes où on te dit si tu es sélectionné ou pas, là à un journaliste qui me demande s’il peut filmer mon interview. Là, je me dis que c’est bien, il faut qu’on me prenne, ils ne vont pas me filmer en train de pleurer si c’est pas le cas. Et, là, Cécile Andrieu, team manager du SVR Lazartigue, me dit que ça va être compliqué pour l’Ocean Fifty car je ne suis pas très disponible. Là, je me suis dit « ah ouais, ils vont vraiment me filmer en train de pleurer », c’était tellement bizarre.

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Amélie Grassi : « Quand François Gabart m’a proposé de faire avec eux le Trophée Jules-Verne, je ne m’y attendais pas du tout. (Photo Guillaume Gatefait)

Et l’entretien s’est terminé comme ça ?

Non, juste après cet entretien, François Gabart, accompagné de Tom Laperche, entre dans la salle et me dit : « Bon, écoute, on va faire le Trophée Jules-Verne cette année et on adorerait t’avoir parmi nous. conseil.” . Là, il y a une sorte de sourire qui s’est figé sur mon visage et qui ne m’a pas quitté pendant plusieurs jours.

Avez-vous pris le - de réfléchir ou non ?

Je ne m’y attendais pas du tout et j’ai tout de suite dit oui ! J’avoue que j’ai eu un peu de mal à m’en rendre compte.

Vous dites oui mais n’est-ce pas un peu vertigineux ?

La question de savoir si j’allais être à la hauteur, oui, je me la pose. Je suis encore un jeune marin, je sais qu’il y a plein de gens qui ont de meilleurs CV que le mien. Alors, je me dis qu’il faut que je sois à la hauteur de cet énorme défi. C’est un grand objectif que vous voulez honorer. Si je suis à bord, c’est parce que François est convaincu que c’est un bon équilibre pour notre équipage, que c’est une bonne configuration pour battre le record. Je m’accroche à ça. Je ferai de mon mieux pour avoir, dès mon arrivée, le sentiment d’avoir tout donné en termes de compétence et d’énergie. Et surtout, je vais en profiter car je ne suis pas sûr que ce genre d’opportunité se présente plusieurs fois. Le Trophée Jules-Verne est le Saint Graal de la course au large.

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Amélie Grassi aboard SVR Lazartigue. (Photo Amélie Grassi)

François Gabart, Tom Laperche, Pascal Bidégorry… Qu’est-ce que ça fait de naviguer avec des marins de cette trempe ?

Je suis très fier d’être avec eux, nous parvenons à très bien travailler ensemble. Et bien c’est vrai que lorsqu’on intègre un crew avec des rock stars, on se demande comment on va trouver sa place. Mais ça s’est fait très facilement car ce sont des rock stars avec des têtes bien formées : on est tous compatibles, on collabore très bien.

A bord, êtes-vous un marin comme les autres ou y a-t-il des gestes à votre égard ?

Il n’y a aucune différence, que ce soit dans la vie à bord ou dans les efforts. Lorsqu’il s’agit de déplacer un sac à voile très lourd, si je suis en ciré et que je franchis la porte en disant « j’y vais », personne à bord ne va me dire « eh bien non, non, toi, toi Tu es le plus léger et le moins fort ! » La répartition des tâches ne repose pas sur le fait que je suis une femme. Concernant la vie à bord, je ne suis pas plus protégé que les autres. Quand on passe du - en mer en équipage mixte, on déconstruit un peu les mythes : même à terre, je ne passe pas beaucoup de - aux toilettes et je n’ai pas besoin de beaucoup d’intimité. A l’inverse, il y a des gars très forts qui ont besoin de ces petits moments, bien plus que moi (rires). Je ne parle pas de l’équipage du SVR Lazartigue mais d’autres équipages avec lesquels j’ai travaillé. Tout ça pour dire que, homme ou femme, il n’y a pas de différence sur nos bateaux.

Une seule femme, Dona Bertarelli à bord de Spindrift, a déjà réalisé un Trophée Jules-Verne en 2015 mais sans battre le record : devenir la première femme à remporter ce Graal et ainsi entrer dans l’histoire, est-ce un objectif ?

J’ai du mal à m’en rendre compte. Notre présence à bord des bateaux du Trophée Jules-Verne démocratise la pratique féminine et j’espère qu’elle aidera beaucoup de monde à anticiper. Au niveau symbolique, si vous parvenez à être la première femme à faire tomber le Jules-Verne avec votre équipage, ce serait un super cadeau de Noël (rires).

François Gabart estime qu’il n’y a pas assez de femmes à bord des Ultimes. Vous voyez-vous, un jour, aux commandes d’une de ces machines volantes ?

Je pense que c’est possible. En début d’année, alors que je faisais le point sur les projets que j’aimerais réaliser, je me suis dit pourquoi ne pas faire un Arkéa Ultim Challenge, une course autour du monde en solitaire. Je voyais cela comme un rêve lointain mais, aujourd’hui, avec toutes les heures de navigation que j’ai passées sur SVR Lazartigue à travers le monde, ce sont des rêves qui deviennent plus réels, plus proches.

 
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