Alors que les relations entre Lactalis et Savencia et leurs producteurs sont marquées par des tensions récurrentes, Bel affiche une approche à contre-courant dans la filière lait. Le fabricant de La vache qui rittu es partide la Bébébel ou même Boursin a, en effet, renouvelé pour la 8ème année consécutive un partenariat maintenu depuis 2017 avec ses éleveurs, et pour augmenter son prix d’achat du lait, le volume collecté ainsi que ses ambitions de décarboner la filière.
«Cela montre que co-construire une filière locale et bien rémunérée est possible», estime Anne-Sophie Carrier, ddirecteur général de Bel France.
Un partenariat depuis 2017
Chaque année depuis 2017, Bel et l’association de producteurs qui lui fournit tout le lait transformé en France, l’APBO (Association des Producteurs Bel de l’Ouest) définissent ensemble les conditions de ce partenariat pour l’année à venir, notamment le prix et le volume des achats de lait. En 2025, tous deux seront réévalués.
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Pour accompagner la bonne dynamique des enseignes du groupe (+3% au total en volume dans la grande et moyenne surface (GMS), et +10% pour la seule Vache qui rit), 10 millions de litres de lait supplémentaires par rapport à 2024 seront collectés par Bel en France, pour atteindre 431 millions. Le prix moyen du lait conventionnel 38/32 augmentera de 29 euros, passant de 456 euros les 1 000 litres en 2024 à 485 euros. Le prix du lait bio passera de 525 à 550 euros les 1 000 litres.
Effectif réévalué
La hausse du prix du lait sera notamment tirée par deux facteurs. Le premier sera la revalorisation du prix du travail. Depuis 2023, il est en effet intégré dans la formule du prix du lait de Bel, aux côtés des coûts de production, qui normalement ne l’incluent pas. Par rapport à 2024, il vient d’être augmenté de 21,7 %.
Le deuxième facteur de hausse du prix du lait sera les primes liées aux initiatives de décarbonation des exploitations agricoles. Grâce au partenariat avec Bel, les 670 éleveurs membres de l’APBO ont en effet déjà partiellement amélioré la durabilité de leurs pratiques : toutes leurs vaches laitières sont nourries sans OGM (
L’enjeu du nouvel accord est d’accélérer leur transition, grâce à l’intégration de huit nouveaux leviers optionnels de réduction de leur impact carbone, chacun associé à un bonus (occupation du sol, zéro déforestation, installation de haies, etc.).
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Jusqu’à 25 euros pour les pratiques durables
Le dispositif sera déployé à partir du 1er juin 2025. Selon Bel, cela permettra aux éleveurs d’obtenir en moyenne des primes de 12 euros pour 1 000 litres, et jusqu’à 25 euros.
« Le prix maximum pour l’année 2025 pourrait ainsi s’élever à 502 € / 1000 L pour les exploitations les plus avancées en matière de décarbonation », Bel calcule. « Cette évolution permettra de valoriser les nombreuses pratiques plus durables déjà mises en œuvre par les éleveurs sur leurs fermes depuis plusieurs années, et pour soutenir le développement de nouvelles pratiques », espère l’industriel.
« L’enjeu est désormais d’accompagner notre modèle auprès des distributeurs dans le cadre des prochaines négociations commerciales, mais aussi de le promouvoir auprès des consommateurs. » observe Anne-Sophie Carrier, pour qui “tous deux y sont néanmoins de plus en plus sensibles.”