Après l’annonce du 49.3, lundi 2 décembre, le gouvernement Barnier est donc sur la sellette en raison du dépôt de deux motions de censure par La France Insoumise et le Rassemblement national. S’il est censuré, d’un point de vue économique, il faudra s’attendre à des perdants et des gagnants.
Des gagnants, il n’y en aura pas beaucoup, semble-t-il. Toutefois, si le gouvernement tombe, les Français verront le prix de l’électricité baisser plus que prévu en février 2025, car dans son projet de budget Michel Barnier prévoit en effet de relever les taxes. Les retraités tireront certainement leur épingle du jeu, puisque sans projet de loi de la Sécurité sociale, les pensions de base, en vertu du Code de la Sécu, seront d’office revalorisées sur l’inflation. Début janvier 2025, elles seront donc toutes augmentées, quel que soit le revenu des retraités, alors que Michel Barnier prévoit une sous-indexation en 2025, à moitié de l’inflation, sauf pour les retraités en dessous du SMIC qui doivent recevoir un complément en juillet 2025. Mais, forcément, une revalorisation de toutes les retraites sur une inflation, que l’on attend entre 1,5 et 2%, risque de creuser un peu plus le déficit, ce qui, à terme, coûtera autour de 7 milliards d’euros.
**>>Budget de la Sécurité sociale : quelles conséquences auront les motions de censure contre le gouvernement ?
**Les actifs, les grands perdants ?
Majoritairement, ce sont les travailleurs qui seront les plus grands perdants. D’abord parce qu’ils seront plus nombreux à payer l’impôt sur le revenu. Dans son projet de budget, le gouvernement prévoit en effet d’indexer le barème de l’impôt sur l’inflation. Un procédé classique qui permet d’accompagner les hausses automatiques de salaires et du SMIC. L’impôt n’augmente alors que pour ceux dont les revenus ont subi une hausse plus forte que l’inflation.
Mais, demain, si c’est le barème 2024 qui s’applique, près de 380 000 contribuables deviendraient alors imposables, et selon les calculs OFCE, plus de 17,5 millions de ménages verraient leur impôt sur le revenu mécaniquement augmenter, puisqu’ils changeront de tranche.
Des entreprises pénalisées
Les plus grandes entreprises échapperont à la hausse des taxes, et la plupart éviteront les coups de rabots sur les exonérations de charges prévus dans les textes budgétaires du gouvernement actuel. Mais l’instabilité politique risque d’être pire, car qui dit manque de visibilité, dit moins d’investissement, moins de commandes, gel des projets, des recrutements ajournés, un euro qui fléchît face au dollar. En somme, une économie à l’arrêt.
Les investisseurs financiers, déjà nerveux, ne feront par ailleurs pas de cadeaux. Preuve en est, le taux d’emprunt de la France pour financer sa dette a fortement augmenté, lundi 2 décembre, à l’annonce du 49.3, et l’écart avec les taux allemands s’est encore creusé. En cas de chute du gouvernement, beaucoup parient sur une réaction assez violente des marchés à notre égard. Outre l’aspect politique, les conséquences économiques sont donc bien loin d’être négligeables.