L’Organisation de coopération et de développement économiques abaisse sa prévision de croissance pour la France en 2025, à 0,9%, et s’inquiète du risque que le protectionnisme ferait peser sur l’économie mondiale.
Les perspectives économiques françaises s’assombrissent, et ce n’est pas uniquement dû à l’incertitude politique. Dans sa dernière livraison des perspectives économiques mondiales publiée ce mercredi 4 décembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a révisé à la baisse sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France en 2025, l’annonçant à 0,9%, soit 0,3 point de moins que dans sa dernière estimation. Le gouvernement toujours en place a prévu 1,1% dans son projet de loi de finances pour l’année prochaine.
Sans se prononcer sur les conséquences de la chute probable du gouvernement Barnier, l’OCDE souligne que «les efforts de consolidation budgétaire qui seront déployés en 2025 et 2026 pèseront sur la croissance et neutraliseront en partie l’effet positif de l’assouplissement de la politique monétaire sur l’investissement résidentiel et des entreprises. L’organisation anticipe également que la demande extérieure, moteur de la croissance en 2024 comme en 2023, serait relayée par une reprise de la demande intérieure, qui « devrait se redresser à partir de 2025 et s’accélérer à mesure que la désinflation stimule le pouvoir d’achat » et stimulera la consommation des ménages.
Prévisions à la hausse pour la croissance mondiale
L’OCDE n’est guère plus optimiste pour l’Allemagne, principale économie européenne, également confrontée à une crise politique. Elle révise sa prévision de croissance à 0,7%, contre 1% précédemment. Il s’agit d’un modeste redémarrage pour le pays qui a particulièrement souffert de la crise énergétique déclenchée par l’invasion russe de l’Ukraine. « Les exportations se redresseront progressivement à mesure que la demande des principaux partenaires commerciaux de l’Allemagne se renforcera. » estime également l’OCDE dans son rapport.
Pour la croissance mondiale, l’OCDE table sur 3,3% en 2025, après 3,2% en 2024. Elle se montre bien plus optimiste que précédemment pour deux pays. La croissance britannique est ainsi attendue à 1,7%, soit 0,5 point de plus qu’en septembre, « grâce à la forte augmentation des dépenses publiques prévue dans le budget d’automne ». La révision est encore plus spectaculaire pour les Etats-Unis, avec une croissance désormais attendue à 2,4%, contre 1,6% en septembre, l’OCDE l’attribuant en partie à la perspective d’une consommation vigoureuse.
« Aggravation des incertitudes »
Néanmoins, l’institution qui regroupe 38 pays développés a évoqué “un risque majeur de dégradation par rapport aux prévisions”, la résurgence du protectionnisme. Ce sont les annonces tous azimuts sur les droits de douane faites par Donald Trump, réélu président des Etats-Unis en novembre, que vise l’OCDE sans nommer l’intéressé. Toujours sans évoquer les Etats-Unis, elle considère que “Une aggravation des incertitudes et une nouvelle augmentation du nombre de mesures commerciales restrictives pourraient contribuer à une hausse des coûts et des prix, décourageant les investissements, affaiblissant l’innovation et, à terme, pesant sur la croissance”.
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