les questions soulevées par la proposition de Jordan Bardella

les questions soulevées par la proposition de Jordan Bardella
les questions soulevées par la proposition de Jordan Bardella

Sébastien Chenu a été le premier à l’évoquer, Jordan Bardella l’a confirmé lundi lors de sa conférence de presse. Le Rassemblement national (RN) veut « empêcher » les Français possédant également une autre nationalité d’occuper « des métiers extrêmement sensibles », à savoir « les postes les plus stratégiques de l’État ».

Statut des binationaux, modification de la Constitution… Voici les questions qui se posent après cette déclaration très controversée du leader du RN.

Concrètement, que propose le RN ?

Le RN a indiqué lundi vouloir interdire aux « binationaux » d’occuper des emplois « extrêmement sensibles », par exemple aux Franco-Russes d’occuper des postes de direction stratégique dans la Défense. La mesure passerait par « une loi organique et un décret », selon le parti d’extrême droite, en tête des intentions de vote pour les législatives. Cela concerne “très, très peu de gens”, a indiqué le leader du RN, Jordan Bardella.

En janvier, le parti avait déjà déposé un projet de loi qui prévoyait la possibilité d’interdire l’accès aux emplois dans les administrations publiques et les entreprises aux Français ayant la nationalité d’un autre Etat. “3,3 millions de Français pourraient demain se voir refuser l’accès à l’emploi”, selon les estimations de la CFDT.

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Que dit la loi actuellement ?

« Aujourd’hui, tous les Français sont exclusivement Français. On peut avoir une, deux ou trois autres nationalités, cela ne concerne pas le droit français », souligne Gwénaële Calvès, professeur de droit public à Cergy-Pontoise. Actuellement, la double nationalité n’empêche pas l’accès aux emplois de la fonction publique.

Pour les métiers dits sensibles, « les règles de la fonction publique s’appliquent. Il faut être français ou européen dans certains cas. Certains postes, comme dans les services de renseignement (mais seulement) sont soumis à des autorisations à différents niveaux (secret/top secret, etc.) où votre ascendance est vérifiée”, explique à l’AFP une source au sein des autorités.

Avons-nous déjà vu cela?

Il faut remonter aux années 1930 pour retrouver la mise en place de restrictions pour les personnes naturalisées. A cette époque, les Français nés à l’étranger et ayant acquis la nationalité plus tard se voyaient interdire pendant dix ans après leur naturalisation l’accès à la médecine, à la profession d’avocat ou d’officier ministériel.

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« Le but était d’empêcher les médecins ou avocats juifs d’exercer en France. Il s’agissait à l’époque d’une mesure ouvertement antisémite. Et cela a continué sous Vichy», constate Serge Slama, professeur de droit public à l’université Grenoble-Alpes.

A la Libération, ces lois ont pour la plupart disparu. Le droit d’accès au vote et à certains emplois de la fonction publique pour les citoyens naturalisés restera temporairement interdit jusque dans les années 1970.

Ce principe pourrait-il être mis en œuvre ?

Une révision de la Constitution est nécessaire, notent les professeurs de droit : « Cibler les personnes qui possèdent une autre nationalité est totalement inconstitutionnelle », selon Gwénaële Calvès et Serge Slama. Selon cette dernière, cette mesure qui rompt avec le principe d’égalité ouvre la possibilité d’un « recours devant la Cour européenne des droits de l’homme ou le Conseil d’État ».

Autre écueil relevé par les spécialistes : dans de nombreux pays, on ne peut pas renoncer à sa nationalité, mais la France « ne peut pas dire aux autres pays de changer leur façon de changer de nationalité », insiste Gwénaële Calvès. Dans de nombreux pays où il existe une loi sur le sang très stricte, comme au Maghreb, il est impossible de renoncer à sa nationalité.

Aux États-Unis aussi, le simple fait d’être né sur le territoire américain confère la nationalité et il n’y a aucun moyen d’y échapper, notent-ils, on les appelle « Américains accidentels ».

De plus, on peut être binational sans le savoir. “Il n’est écrit nulle part que vous êtes binational” et “il n’y a pas d’organisme de contrôle”, constate Serge Slama, pour qui la proposition du RN “est totalement impraticable”.

« Si vous ne pouvez pas accéder aux emplois publics, c’est que vous êtes moins Français que les autres », constate Gwénaële Calvès, qui craint que si la question était posée par référendum, comme l’évoquait un temps le RN, cela « déchirerait la France ». , le tissu social et déclencher des discussions atroces sur qui est le plus français.

 
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