trois témoignages forts à voir sur scène avec « Radio Live Vivantes »

trois témoignages forts à voir sur scène avec « Radio Live Vivantes »
trois témoignages forts à voir sur scène avec « Radio Live Vivantes »

Trois existences bouleversées par les conflits. Ce soir et demain sur la scène du festival Latitudes Contemporaines à Lille, et en tournée à l’automne, la prestation de la journaliste Aurélie Charon frappe encore fort.

Ukraine, Bosnie, Syrie : partout, la guerre a détruit des vies. Production en direct de radio-photo

Par Emma Poésy

Publié le 19 juin 2024 à 10h50

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Lorsque je suis revenu à Paris pour la première fois après le début de la guerre, j’ai vu des gens vivre normalement et boire aux terrasses des cafés. Je voulais les taper. C’était ça le plus dur : accepter que la vie continue ailleurs. Oksana rembobine, la voix tremblante. Installée au bord de la scène du Théâtre national de Chaillot ce soir fin avril, la trentenaire, originaire de Kiev, où elle vit toujours, peine à contenir son émotion. Ancienne actrice, l’invasion russe l’a poussée à travailler comme fixatrice – nom donné aux personnes qui servent d’intermédiaires aux journalistes dans les zones sensibles – pour mieux documenter la guerre que mène dans son pays Vladimir Poutine.

C’est pour raconter ces vies qui changent qu’Aurélie Charon, productrice de l’émission Tous sur scène, sur France Culture, et la réalisatrice Amélie Bonnin a réuni trois jeunes femmes sur scène, et non derrière le micro d’un studio de radio. L’objectif? Il n’est même pas nécessaire de le dire tant il est évident que les récits de guerre se transmettent plus facilement quand on voit les visages, les corps et les réactions de ces victimes collatérales du conflit, devant une foule de spectateurs émus, parfois jusqu’aux larmes. .

Avec ce nouvel opus, Vivant, les deux animateurs de cette soirée renouvellent le genre du Radio en direct, concept d’émissions qu’ils montent depuis 2013 avec une collègue de France Inter, la journaliste Caroline Gillet. Au fil des années, une cinquantaine de militants ont pu « écouter leur quotidien et leur imaginaire » dans ces expériences à la frontière entre radio et improvisation, où l’empathie est reine et où « tout est écrit, sauf ce que les gens disent sur scène », souligne Aurélie Charon en introduction, micro à la main.

Après la perte, la reconstruction

Ce soir, le Radio en direct parle de la guerre telle qu’elle a été vécue par Oksana, Hala et Inès. Les jeunes femmes, dont les parcours n’ont de commun que l’irruption de la guerre dans leur vie, se tiennent sur une scène presque vide, micro à la main, timides face à la foule qui les regarde. La première vient donc d’Ukraine, une autre a quitté son village syrien après la mort de son père, la dernière vit toujours en Bosnie, où elle a grandi et vécu pendant la guerre yougoslave. Derrière eux, on peut lire cette inscription programmatique qui s’étale en lettres immenses sur le fond de scène : “Vivant”.

Question après question, la journaliste retrace le parcours des trois jeunes femmes : l’enfance, la famille abandonnée, l’envie de partir, la difficulté de s’installer ailleurs. “ Comment la guerre a-t-elle changé votre vie ? » elle demande. Oksana, la plus bavarde des trois témoins, en blouse beige et jupe longue en jean, attrape un micro qui traîne et a l’air sérieuse : « La guerre a tout changé dans ma vie. Cela m’a changé bien plus que tout ce que j’avais vécu auparavant. » Et la langue russe, qu’elle a apprise de son père et qu’elle a parlée toute sa vie ? “Je ne peux pas continuer à l’utiliser, elle décide, plus personne ne parle russe chez moi. »

Au fond de la salle, des photos de Hala, encore enfant, sont exposées aux côtés de sa famille, restée en Syrie. “Qu’est-ce que ton père a lu?” » lui demande le journaliste. « Nietzsche, Marx, Engels… Mon père était le seul anti-Bachar al-Assad de son village. Il était communiste, donc il ne croyait pas en Dieu. elle sourit, semblant dire que cela fait beaucoup de défauts pour un seul homme. “ Malgré les pressions politiques, il n’a jamais voulu quitter la Syrie. continue-t-elle. Hala est allée en France. Toute sa famille est projetée sur l’écran, façon FaceTime. « J’ai eu beaucoup de difficulté à comprendre leur décision de rester dans le pays. Malgré mon patriotisme, je voulais rester en vie. » explique enfin la jeune femme.

Inès observe son arbre généalogique projeté sur scène, tandis qu’une chanteuse accompagne à la guitare l’histoire qu’elle raconte de sa vie. « Un père musulman et une mère catholique, en Yougoslavie dans les années 1990, c’était tout à fait ordinaire. C’est devenu étrange avec la montée du nationalisme. » elle explique. Avant de se remémorer pêle-mêle son amour pour Kurt Cobain, les immeubles criblés de balles laissés en l’état dans sa ville de Mostar, en Bosnie, puis le jour où une bombe lui a explosé au visage comme ceux d’une trentaine d’autres enfants yougoslaves, laissant des éclats d’obus dans son corps. Concernant les morceaux de métal incrustés sous sa peau, elle dira : «Cela me sert de souvenir. »

q Radio en direct – Vivant. En tournée les 19 et 20 juin au festival Latitudes Contemporaines à Lille (59), les 18 et 19 novembre au CDN de Poitiers (86), les 22 et 23 novembre au TNB de Rennes (35) et du 26 novembre au Le 28 à Bonlieu, scène nationale d’Annecy (74).

 
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