Les riverains sont mécontents de l’arrivée d’un événement Wakesurf qui s’arrêtera notamment au niveau d’un lac dont la qualité de l’eau s’est dégradée ces dernières années.
«Cela nous inquiète», affirme Jean Gagné, président de l’association Lac William, au Centre-du-Québec.
La tournée La plus grosse vague en ville, organisée par Cabano Marine, s’arrête à cinq plans d’eau, dont le Grand Lac Saint-François, en Chaudière-Appalaches, (initialement prévu ce samedi puis reporté au 20 juillet en raison de la pluie) et le lac William, le 6 juillet.
Ce dernier est parmi les pires lacs du Québec en raison de son vieillissement accéléré. Depuis 2023, il est classé « eutrophe ». «C’est inquiétant», insiste M. Gagné.
L’objectif de l’événement est de tester deux nouveaux bateaux de wakesurf. «C’est pour faire découvrir les nouveaux produits aux résidents des lacs», explique le directeur des ventes chez Cabano Marine, Simon Fortin. Ce n’est pas un concours pour la plus grosse vague.
« Cela me rassure dans une certaine mesure, mais leur publicité est mal orientée ; plusieurs riverains m’ont envoyé des commentaires pour savoir en quoi consistait cette vague de compétition», raconte M. Gagné.
L’événement La Plus Grosse Vague en Ville s’arrête cet été sur cinq lacs du Québec.
Capture d’écran prise depuis FACEBOOK
L’événement fait la promotion d’un sport qui peut nuire à l’état du lac, a-t-il déclaré.
Comme nous l’écrivions dans notre rapport sur la santé des lacs, des études de l’UQAM et de l’Université Laval recommandent que Wakesurf se pratique à 300 mètres des berges et sur un plan d’eau dont la profondeur est d’au moins sept mètres pour éviter l’érosion des berges et le mélange des sédiments.
Selon le Groupe consultatif de bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC), il n’existe qu’une seule zone écologique sur le lac William, au sud, près de Saint-Ferdinand.
M. Fortin confirme que c’est bien là qu’ils prévoient naviguer.
Mais M. Gagné s’inquiète aussi du fait que le nombre d’embarcations dépasse la capacité du plan d’eau.
Interrogé sur les réseaux sociaux
Une autre association a interpellé l’entreprise sur les réseaux sociaux.
«Si l’événement n’a pas lieu, nous serons heureux… mais sinon, nous demandons qu’ils respectent toutes les règles de l’art et les riverains», résume le président de l’Association pour la protection du Grand Lac Saint-François. , Michel Fournier.
Cabano Marine assure qu’il suit les recommandations de l’association américaine Wake Responsibly et que le groupe évitera les passages répétés aux mêmes endroits et veillera à ce que la vague de surf soit à plus de 200 pieds (60 mètres) des rives en plus de naviguer dans des zones de cinq à six mètres de profondeur minimum.
«Nous faisons pression pour que nos clients soient conscients des enjeux et que tout le monde soit satisfait», insiste M. Fortin.
Il a ajouté que l’événement s’est déroulé sans problème sur le lac Etchemin et sur la rivière Saint-Maurice.
M. Gagné sera sur le lac William lors de l’événement pour s’assurer que tout se déroule bien. « Nous avons aussi demandé la présence de patrouilleurs pour donner des informations », a-t-il précisé.
