Pourquoi les prix des vins de Bordeaux baissent

Pourquoi les prix des vins de Bordeaux baissent
Pourquoi les prix des vins de Bordeaux baissent

Image : Shutterstock | Watson

Les grands vins du vignoble bordelais sont connus pour leurs prix parfois exorbitants. Aujourd’hui, les prix chutent – ​​en Suisse, d’environ 30%. Bordeaux devient-il bon marché ?

Stefan Brändle, Paris / ch média

Bonne nouvelle pour les amateurs de vin : la filière viticole bordelaise baisse fortement ses prix. Les « primeurs » de la dernière récolte coûtent actuellement près d’un tiers de moins que l’année précédente. Dans le Revue des vins français, un commerçant estime que « les prix devraient baisser de 15 à 35 % par rapport à 2022 ». Le syndicat des vins de Bordeaux CIVB arrive à des chiffres similaires.

Lafite-Rothschild, l’une des enseignes prestigieuses de la plus grande région viticole du monde, réduit par exemple son prix de production de 32 %. Le prix en magasin dépend notamment des intermédiaires, mais la plupart des vendeurs répercutent la baisse de prix.

En Suisse aussi. Dans le magasin de vins Martel de Saint-Gall, qui opère dans toute la Suisse, la réduction de prix peut atteindre 40%, selon le directeur des achats Philippe Gallusser. Pour les meilleurs grands crus, qui atteignent des prix à trois chiffres, cela représente une somme considérable. Mais les vins d’entrée de gamme sont également concernés. Philippe Gallusser en cite deux : Lespault-Martillac, originaire de la célèbre région bordelaise de Pessac-Léognan et vendu en 2022 autour de 25 francs, est désormais proposé à près de 21 francs. Le célèbre Château Poujeaux de Moulis dans le Médoc coûte plus de 10 % de moins qu’en 2022, soit seulement 26 francs pour le millésime 2023.

Voici le problème

Pourquoi les prix s’effondrent-ils dans l’une des régions viticoles les meilleures et les plus chères du monde ? «Les grands vins ont compris depuis longtemps qu’ils exagéraient», explique Philippe Gallusser. Ces dernières années, ils ont artificiellement réduit l’offre pour maintenir les prix à un niveau élevé. Mais aujourd’hui, les caves de Bordeaux sont pleines; conserver la marchandise devient impossible. Il faut vendre en moyenne 300 000 bouteilles d’un grand cru. Il ne faut pas l’oublier : la qualité d’un grand vin fait qu’il n’est pas livré immédiatement.

Dans la région bordelaise, le millésime 2023 ne sera expédié que trois ans plus tard, soit en 2026, afin de pouvoir mûrir davantage. A noter que Philippe Gallusser attribue au millésime 2023 la note « très bien ». Ce n’est pas le vin du siècle comme le millésime 2022, mais il a à la fois de la fraîcheur et de la matière.

La consommation de rouge diminue

Le fait que le secteur bordelais baisse radicalement ses prix ne peut être réduit à une seule cause. Une explication peut également être trouvée dans le fait que le vignoble bordelais traverse une grave crise commerciale. Pour faire simple, on boit moins, mais mieux et plus cher.

Dans ce contexte, les vins populaires et de table sont particulièrement touchés. Le rouge est moins demandé qu’avant : en France, il disparaît peu à peu de la table et le soir, les jeunes préfèrent boire de la bière, du champagne ou du vin blanc. Ainsi, tandis que les grands vins des châteaux sortent du lot, les petits vignerons trinquent et les faillites se multiplient.

Mais le constat ne vaut pas seulement pour la France. Les vignerons français ont exporté 7 % de vin rouge en moins à l’étranger au cours du dernier semestre, selon le ministère de l’Agriculture à Paris. Notamment parce que La Chine évite les produits de luxe en provenance de Francepour protester contre les droits de douane occidentaux sur les voitures électriques.

Un dernier effet pernicieux

Toutefois, les petits viticulteurs bordelais ont augmenté leur production ces dernières années. Ils voulaient aussi profiter des recettes fantastiques des grands vins. Mais ils sont restés fidèles à leur vin bon marché : depuis l’ère Covid, ils sont de plus en plus obligés de le distiller pour fabriquer des produits d’entretien ; d’autres arrachent leurs vignes pour planter des kiwis ou des oliviers.

Enfin, l’image du fier vin de Bordeaux, et donc aussi celle des grands vins, est en déclin. En France même, ceux-ci sont de plus en plus critiqués pour leurs prix exorbitants, qui se reflètent dans les vins classiques AOC. En raison de l’inflation, les vins du quotidien sont devenus inabordables pour de nombreux Français. Ils espèrent désormais que la baisse des prix haut de gamme se propagera à l’ensemble du secteur vitivinicole.

Avez-vous déjà vu un torrent de vin rouge ?

Vidéo: Watson

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Traduit et adapté par Tanja Maeder

 
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