La gauche caviar, l’écologie punitive, la droite toujours plus dure ? Chaque parti politique s’est vu poser une question désagréable

La gauche caviar, l’écologie punitive, la droite toujours plus dure ? Chaque parti politique s’est vu poser une question désagréable
La gauche caviar, l’écologie punitive, la droite toujours plus dure ? Chaque parti politique s’est vu poser une question désagréable

En vue des élections du 9 juin 2024 qui définiront l’avenir au niveau fédéral, de la région ainsi que des députés à envoyer au Parlement européen, nous avons rencontré les candidats de chaque parti wallon (MR, PS, PTB, Ecolo, Les Engagés, DéFi). Et nous avons décidé de leur poser une « question désagréable », c’est-à-dire de leur demander de répondre aux accusations que l’on entend souvent, ou aux ouï-dire. Et tout le monde s’est joint à la fête.

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Adrien Dolimont, on entend dire que le MR est de plus en plus à droite dure, alors qu’historiquement il y avait plus de social-libéralisme, que dire ?

« C’est une caricature de la gauche qui ne sait plus quoi inventer parce que ses discours simplistes ne fonctionnent plus. Le MR, et les experts le disent, est plutôt centre droit. En revanche, nous avons un message clair et il est assumé : on ne tourne pas autour du pot et parfois, la vérité est plus brutale. Or dès qu’on parle de sécurité ou de communautarisme, on est stigmatisé. Nous voulons que les décisions de justice soient respectées, que les peines de prison soient effectivement purgées, ou que les prisonniers étrangers qui purgent leur peine ici le fassent dans leur pays, car il faut les transférer pour libérer de l’espace dans nos prisons, et donc être capable d’exécuter des peines. Ce n’est pas un droit absolu. Nous ne considérons pas que les étrangers ou les riches soient le problème, en revanche nous refusons cette paresse intellectuelle de considérer qu’un slogan pourrait résoudre une équation très complexe. Et nous respectons le principe fondateur de notre démocratie : le respect d’autrui. Parce que nous sommes convaincus qu’une société saine ne se construit pas sur la haine, les excès ou la manipulation des émotions. La gauche fait peur parce qu’elle n’accepte pas le changement pourtant possible… et aussi parce qu’elle ferait tout pour rester au pouvoir. Nous ne pouvons pas accepter cela, et c’est pourquoinous devons dire des choses. Il y a une étape à franchir et pour cela nous avons besoin d’un message clair. Et quand il y a des débats où le MR n’est pas invité, c’est la preuve qu’on dérange et qu’il y a une peur du changement.»

Thomas Dermine, on parle de la « gauche caviar » : on dit que le PS devient épouvantail, qu’il s’enrichit de plus en plus. Comment répondre à cela ?

« L’âme populaire du PS n’a pas changé. J’entends parfois dire que les politiques sont déconnectés et ne vivent pas avec les citoyens. Mais il faut faire une campagne électorale avec le PS à Charleroi, et vous verrez qu’on est dans les quartiers, sur les marchés, dans les fêtes populaires, dans les réunions de quartier, donc non, vraiment pas. Mais après, nous sommes un parti qui pense, nous sommes un parti sérieux, avec un bureau d’études sérieux, avec des intellectuels parce queil faut penser le monde sur le terrain mais aussi dans les idées

Mathieu Marchal, on reproche au PTB de ne pas vouloir constituer une majorité, qu’en dites-vous ?

« Nous voulons obtenir une majorité, c’est le premier point. Mais nous ne voulons pas y aller à tout prix. Il est évident que si demain le PTB obtient la majorité et accepte une retraite à partir de 67 ans, beaucoup, dont moi, quitteront le parti. Nous avons 1 300 propositions, mais il y a 3 points sur lesquels on refuse de se plier : l’abaissement de l’âge de la retraite, l’impôt des millionnaires et la fin de la loi qui bloque les salaires. Il y a des millions de profits chaque année dans les entreprises, on ne peut pas bloquer les salaires.»

Youness Kaddour Djebbar, on accuse Écolo d’écologie punitive ou de colère taxatrice

« Ce n’est pas du tout le cas ! D’ailleurs, je vous interpelle sous cette législature, comme Vivaldi au niveau fédéral ou à la Région où on aurait poussé pour un impôt punitif. Au contraire, quand vous parlez de fiscalité, nous voulons en réalité taxer les plus riches 1 à 2%, avec notre impôt sur la fortune, justement pour pouvoir redistribuer toute cette richesse aux gens, et ça donne une mesure concrète pour accorder 300 € net aux bas et moyens revenus. Quand on dit Ecolo veut taxer, je réponds oui… mais seulement les ultra-riches. Pas du tout la société dans son ensemble. Quant à l’écologie punitive, pas du tout non plus : il est important de passer par des mesures comme l’isolation des logements, mais avec l’aide des pouvoirs publics, en accompagnant l’ensemble de la société à travers l’État dans la transition.»

Yvan Verougstraete, les Engagés sont une émanation des restes du CDH, plutôt catholiques… il y a toujours des gens qui s’inquiètent du droit des femmes à disposer de leur corps et de l’avortement notamment

« Nous sommes très clairs sur l’avortement, au point de dire que nous le droit à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. C’est un droit fondamental des femmes à disposer de leur corps, qui ne doit pas pouvoir être remis en cause demain par l’extrême droite, cela me semble essentiel. C’est une mauvaise image que certains font encore de nous, mais c’est l’antithèse de ce que nous sommes.»

Daniel Soudant, DéFi veut interdire le port de signes religieux dans les emplois publics, empêchant ainsi les gens d’être ce qu’ils sont lorsqu’ils travaillent… N’est-ce pas beaucoup de bruit pour quelques voiles ?

Daniel Soudant : « L’interdiction du port du voile n’est pas une atteinte à la liberté religieuse. Pour nous, tout ce qui est public et représente l’autorité doit être la neutralité. Pas de signes religieux, mais pas non plus de signes philosophiques ou idéologiques. Un fonctionnaire avec une épinglette du Défi n’est pas plus acceptable qu’un voile. Parce que les citoyens doivent avoir l’administration face à eux, sans préjugés sur la personne en face d’eux. La laïcité n’est pas l’ennemie des croyances, elle est la défense de faire ce que l’on veut… mais dans l’espace privé. Dans l’espace public, le citoyen n’a pas besoin de savoir ce que pense le fonctionnaire en face de lui.

 
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