L’utilisation de produits phytosanitaires en cause

L’utilisation de produits phytosanitaires en cause
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l’essentiel
Les visions de Frédéric Rouanet et Viviane Thivent étaient presque conciliables sur certains points.

Dans l’Aude, la part des exploitations et domaines labellisés Bio ou Haute Valeur Environnementale (HVE) est aujourd’hui très importante ; alors, l’utilisation de ces produits phytosanitaires dans le département est-elle toujours aussi indispensable qu’avant ? Leur utilisation n’a-t-elle pas diminué ?

Frédéric Rouanet. Malheureusement, cela ne fonctionne pas encore. Mes collègues qui produisent en bio vendent moins cher que le vin qui est en HVE. Le consommateur n’a pas l’argent pour acheter le produit qui est un peu plus cher dans la démarche bio. Ce qui signifie que nous devons faire la différence entre les souhaits que nous avons tous et la réalité. Je rêverais de ne plus utiliser de produits phytosanitaires car c’est ce qui m’énerve le plus et qui coûte le plus cher. Il ne faut pas croire que nous sommes des partisans de Monsanto, ces gens nous coûtent surtout de l’argent. Mais aujourd’hui je n’ai d’autre choix que d’utiliser ces produits, car je dois apporter des raisins sains dans ma cave coopérative pour ne pas contaminer les raisins de mes collègues. Je dis simplement que nous en avons besoin maintenant. Certains collègues bio ont des désaccords car il n’y a plus de marché. Ils vendent leur vin vingt fois moins cher. Il n’y a plus de consommateurs de ce type de produits.

Viviane Thivent. En effet, passer au bio coûte très cher et nombreux sont les agriculteurs qui ne savent pas comment s’y prendre. Le problème est qu’ils ont besoin de personnes sur qui ils peuvent compter pour progresser dans leur pratique. Cependant, il y a quelque chose de différent entre le bio et le HVE qui n’est pas la même chose que le bio, il y a une forme de supercherie car on peut utiliser des pesticides. Il ne faut pas faire croire que les produits phytosanitaires sont des médicaments, il existe de nombreuses études qui prouvent qu’ils sont dangereux pour la population. Ce sont des produits toxiques et il faut aller vers une réduction. Il y a 30 ans, on pouvait dire qu’on ne savait pas que cela avait un impact, maintenant on le sait. Mais en France, il était difficile d’avoir un retour sur l’état de santé des riverains car il n’y a pas de décompte clair, ce sont des choses difficiles.

Comment atteindre le nécessaire équilibre entre la rentabilité des exploitations agricoles et la préservation de l’environnement ?

FR Le débat est clair. Il ne doit pas y avoir de suppression sans solution. Mais le problème c’est que nous sommes complètement seuls sur ce sujet. J’ai vu des vignerons qui ont essayé des choses mais ce n’est pas rentable. En viticulture c’est très simple, si je produis très peu, je dois vendre mon vin très cher. Qui peut se permettre d’acheter du vin très cher ici ? Personne, il n’y en a pas, on ne peut pas vendre. Nous (le syndicat des vignerons de l’Aude, NDLR) avons une obligation de volume.

Vermont La biodiversité telle que je la connais est celle que les agriculteurs et leurs grands-parents ont créée. La plupart des paysages que nous voyons autour de nous sont des champs, des terres cultivées. Cette agriculture peut être bénéfique pour l’environnement, elle peut aussi être bénéfique pour la biodiversité. Mais pas toute l’agriculture. Il y a un moment, il faut dire qu’entre la rentabilité et avoir de temps en temps des pertes, on essaie de maintenir un certain équilibre, il faut se poser cette question. Et entre utiliser un produit toxique, pour l’environnement et la santé de mes enfants, je préférerais qu’on dise que « cette année on va faire différemment ». Je crois aussi qu’il faut voir les choses au cas par cas, mais il ne faut pas oublier le coût sanitaire de ces produits pour les personnes qui vivent autour d’eux. Autre constat, ce ne sont pas seulement les vins bio qui ont du mal à écouler leur stock mais l’ensemble de la filière.

 
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