Le détenu Philippe Deslauriers « était en mode évasion dans sa tête »

Dès son arrivée au centre de détention de Roberval, Philippe Deslauriers a été affecté à une cellule de crise et de contention pour assurer sa propre sécurité.

«Il y avait une incohérence dans ce qu’il disait», se souvient Éric Lamontagne, un agent des services correctionnels appelé à témoigner par la défense au procès pour meurtre de Deslauriers.

« Il était désorienté. Il n’était pas là. On ne peut pas dire qu’il s’agissait d’une personne dans un état normal », a ajouté le témoin.

Dans son rapport du 27 octobre 2021, il souligne que Deslauriers « n’était pas en mesure de réagir adéquatement ».

Dans son comportement incohérent, le témoin a mentionné que l’accusé léchait le sol, jouait au fantôme en se cachant sous les couvertures et jouait avec la nourriture.

Mais lors d’un appel avec son avocat, “ses propos étaient cohérents”, a indiqué le témoin. Il essaie de contrôler la conversation. Interrogé par la procureure de la Couronne, Me Amélie Gilbert, Éric Lamontagne a mentionné s’être demandé si Deslauriers jouait ou avait de vraies réactions.

« Ce qui m’a frappé, c’est son attitude d’évasion. […] Cette difficulté à rechercher le contact avec lui. […] Il passe du calme au type qui joue au fou. […] Il s’est comporté comme un enfant. Pour lui, c’était un jeu.

— Éric Lamontagne, agent des services correctionnels

Dans un autre rapport rédigé le 2 novembre 2021, le témoin Lamontagne écrit que selon lui, l’accusé « était en mode évasion dans sa tête ».

Pensées suicidaires

Dans les rapports, il est noté que Deslauriers avait tenté de se suicider, mais le détenu a nié. «Il a fait un geste que nous avons interprété comme une tentative de suicide», a déclaré Éric Lamontagne.

Début novembre, l’agent pensait que le détenu avait un bon comportement et suivait les règles. Mais il a observé que l’individu « reste dans la peur comme un animal blessé ».

Deslauriers avait commencé à prendre des médicaments pour dormir. Il a d’ailleurs repris cette habitude ces dernières semaines à l’approche du procès. “Il sentait qu’il en avait besoin”, a déclaré le témoin.

Selon lui, il était très difficile de créer un lien de confiance. «Peut-être que j’étais le méchant pour lui», a-t-il déclaré à propos de la perception possible de Deslauriers de son uniforme d’agent correctionnel.

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La procureure de la DPCP, Me Amélie Gilbert, a interrogé le témoin sur le comportement excentrique et bavard de l’accusé. (Tom Core/Le Quotidien)

En contre-interrogatoire, l’agent a reconnu que tous ceux qui sont incarcérés pour tentative de meurtre ou meurtre sont presque systématiquement placés en prévention du suicide. “Ces gens n’existent plus dans la réalité.”

M. Gilbert lui a également laissé entendre que l’accusé pouvait être excentrique et bavard. «J’ai toujours dit que M. Deslauriers avait un comportement un peu puéril», a répondu le témoin. L’officier avait des doutes sur sa santé mentale. “C’est une personne intelligente, mais quand il ne voulait pas, il ne voulait pas.”

Éric Lamontagne a indiqué que le détenu avait eu quelques accès de colère depuis son incarcération, en raison de démangeaisons liées à des problèmes de peau.

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L’avocat de Deslauriers, Me Sébastien Saint-Laurent, appelle des témoins depuis deux jours. (Rocket Lavoie/Archives Le Quotidien)

Un détenu différent maintenant

Deux autres agents correctionnels ont été amenés à la barre des témoins par l’avocat de la défense, Me Sébastien Saint-Laurent.

Steve Larouche était affecté à l’infirmerie de la prison de Roberval au moment de l’incarcération de Deslauriers en octobre 2021.

« Quand il est arrivé, il n’a eu aucune discussion. Il n’a répondu à rien. Ses yeux étaient vides. Monsieur était absent. Monsieur n’était visiblement pas là.

— Steve Larouche, agent des services correctionnels

Aujourd’hui, le policier travaille dans la cour extérieure du centre de détention. Il a parlé à quelques reprises avec Deslauriers. Il a constaté que l’attitude du détenu avait changé.

«Monsieur est gentil. Il est différent des autres. […] Ce n’est plus le même homme. Durant son incarcération, il n’avait pas la parole. Il n’a pas répondu aux questions. Il était ailleurs. […] Son discours d’aujourd’hui est une interaction normale avec un être humain.

— Steve Larouche, agent des services correctionnels

Interrogé par la Couronne sur l’arrivée de Deslauriers en prison, le témoin a néanmoins reconnu que les comportements atypiques en détention étaient monnaie courante chez les personnes incarcérées.

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Depuis son arrestation en octobre 2021, Philippe Deslauriers est détenu à la prison de Roberval. (LES ARCHIVES)

Un troisième agent correctionnel a été convoqué devant le juge Carl Thibault. David Tremblay a souligné qu’il travaillait avec Deslauriers depuis environ un an.

Il a déclaré que l’accusé était poli et courtois. Il a ajouté qu’il avait l’air bien rangé, propre et doté d’une bonne hygiène. L’agent a déclaré qu’il ne voyait aucun problème dans le discours de l’individu ni aucune incohérence.

Le procès se poursuit mercredi au palais de justice d’Alma.

 
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