« La course la plus facile de ma vie » se souvient Alain Bernard

« La course la plus facile de ma vie » se souvient Alain Bernard
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Jusqu’au 26 juillet 2024, date de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, Ouest-France vous propose régulièrement un entretien avec un champion olympique pour revivre avec lui ses joies, ses doutes, ses larmes, ses frissons du moment de grimper à monter sur le podium et faire résonner La Marseillaise.

Né à Aubagne (Bouches-du-Rhône) le 1euh Mai 1983 (40 ans), Alain Bernard, beau bébé de 1,96 m et 90 kg, avait tout pour réussir en piscine, mais il lui fallut du temps pour percer au plus haut niveau. Le 14 août 2008, sa patience est récompensée. En touchant le mur avec 11 centièmes d’avance sur l’Australien Eamon Sullivan, il a fait chavirer de bonheur le public français présent ce jour-là dans le Water Cube de Pékin ainsi que tous les Français qui s’étaient réveillés en pleine nuit pour assister à ce 100 m olympique. finale de style libre devant leur télévision. Présent à Tignes (Savoie), fin novembre, pour les Étoiles du Sport, il revient sur ces 47 secondes et 21 centièmes qui ont changé sa vie à jamais.

Alain, auriez-vous aimé faire ces Jeux à Paris ?

Oui et non. J’étais heureux d’être dans ma bulle, dans mon cocon en 2008, parce que c’est quelque chose qu’on ne peut pas contrôler. Mais je pense que c’est une réelle opportunité pour les athlètes français de participer à ces JO chez eux avec tout l’enthousiasme qu’ils susciteront.

Un engouement mais aussi plus de pression…

Justement, il y a plus en jeu. Au-delà de penser à vous, vous aurez envie de performer pour donner du bonheur aux autres. Mais justement, les sportifs doivent être égoïstes dans cette démarche. C’est le conseil que je peux leur donner : faites ce que vous avez envie de faire et ne faites pas les choses pour plaire aux autres. Soyez concentré sur votre projet sportif, les plus viennent après. Il n’y a pas d’état d’âme car cela fait quatre ans qu’ils préparent ces Jeux, huit pour certains. Ils auront tout le loisir d’apprécier ces plus par la suite car, pour ma part, je suis toujours sollicité 15 ans après. Des gens m’arrêtent parfois dans la rue pour me féliciter et me disent qu’ils se sont réveillés en pleine nuit pour regarder un gars faire des allers-retours dans une piscine. C’est quand même fou ! Donc les athlètes pourront donner de leur temps après, j’en suis convaincu.

Si l’on revient en arrière jusqu’en 2008. A l’époque, tout le monde attendait votre consécration à Pékin…

J’avais une pression relative car j’avais raté de peu les Jeux en 2004. Je veux raconter une anecdote pour illustrer cette pression : quand nous sommes entrés dans le Cube d’Eau de Pékin, nous nous sommes embrassés, bras dessus bras dessous avec Denis. (Auguin) et Boris (Steimetz), mon coach et mon partenaire d’entraînement. Nous nous sommes regardés et nous nous sommes dit « ça y est les gars, on y est ». Et à partir de là, je me suis dit que plus rien ne pouvait m’arriver. Je savais très bien que je ne quitterais pas les Jeux déçu et cela m’a aidé à soulager cette pression. Etant également à 10 000 kilomètres de la France et ne disposant pas de réseaux sociaux. J’ai pu faire ma routine, écouter la musique que j’écoutais dans la voiture en allant à l’entraînement à Antibes… Essayer de reconstituer ces petites maquettes m’a permis de prendre confiance.

“J’ai eu des flashs dans les 15 derniers mètres”

Mais les jambes tremblaient un peu sur le starter block…

En effet (des rires). Je n’ai pas ressenti beaucoup de pression dans la chambre d’appel mais, dès le départ, il y a eu une phase de pression intense. C’est drôle parce qu’au même moment, il y a eu une coupure de courant dans mon village des Hautes-Alpes alors que ma famille regardait la télé. Mais les automatismes ont vite pris le dessus durant la course. Là où nous sommes le plus à l’aise, c’est dans l’eau. Quand on est là, il y a cette routine qui prend le dessus et il n’y a plus de place au doute ni à la pression. Il n’y a quasiment aucune émotion pendant la course. Ce qui est presque surréaliste car je me souviens d’avoir eu des flashs lors des 15 derniers mètres sur certains coups de bras, où je me voyais nager enfant ou en larmes deux mois avant au bord de la piscine en me disant “C’est un trop gros défi, je n’y arriverai jamais”. Vous êtes hyper connecté à vous-même, lucide sur ce que vous faites, et en même temps détaché de votre corps. Vous savez que vous vivez un moment unique dans votre vie.

J’ai eu l’occasion de discuter avec des membres du Raid qui étaient…

 
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