Meurtre de Chahinez Daoud à Mérignac, chronique d’un fiasco judiciaire

Meurtre de Chahinez Daoud à Mérignac, chronique d’un fiasco judiciaire
Meurtre de Chahinez Daoud à Mérignac, chronique d’un fiasco judiciaire
Chahinez Daoud a été tuée par son mari le 4 mai 2021, à quelques mètres de sa maison, où elle vivait avec ses enfants.
Marie-Hélène Hérouart / Le Figaro

ENQUÊTE – Cette mère de trois enfants a été brûlée vive par son mari alors qu’elle avait porté plainte à plusieurs reprises. Deux rapports ont mis en lumière des dysfonctionnements au sein de la police, de la justice et de l’administration pénitentiaire. Trois ans plus tard, les mêmes questions restent sans réponse.

Le 15 mars 2021, Chahinez Daoud glisse entre deux averses pour se rendre au commissariat de Mérignac, à deux pas de la place Charles-de-Gaulle. Le bâtiment est exigu, dégradé, vétuste. Le plafond semble prêt à s’effondrer à tout moment. Parfois, le réceptionniste patauge même dans l’eau des toilettes. Cette mère de trois enfants a 31 ans. Elle est employée de mairie à la cantine scolaire de l’école locale. Elle souhaite absolument porter plainte contre son mari, Mounir Boutaa, avec qui elle est en train de se séparer.

Ce matin-là, son compagnon, un maçon de 45 ans, l’a kidnappée sur le parking du supermarché Carrefour, à Burck, non loin de Mérignac. Il l’avait interpellée alors qu’elle venait de déposer ses enfants à l’école. Elle avait refusé de lui parler. Mounir Boutaa l’a ensuite poussée dans sa camionnette, où il l’a étranglée, giflée et frappée à deux reprises au visage. Alors qu’elle tentait de s’enfuir, son ex-mari lui arracha son écharpe et tenta à nouveau de l’étrangler. Chahinez Daoud a finalement réussi à échapper aux mains de son agresseur et s’est réfugiée dans le magasin Carrefour. Mounir Boutaa la suivit, jeta son écharpe et partit.

Le policier assis en face de Chahinez Daoud écoute, silencieux. Il tape sans enthousiasme sur son clavier, avant de remettre à la mère une brochure avec les références des associations d’aide aux victimes. Lui-même, trois mois plus tôt, avait été auteur de violences conjugales : le 10 février, le tribunal correctionnel de Bordeaux l’avait condamné à huit mois de prison avec sursis avec non-inscription de cette condamnation au casier judiciaire. B2. Il s’agit d’un bulletin accessible aux administrations publiques de l’État lorsqu’elles reçoivent notamment des candidatures à des emplois au sein de la fonction publique. Comme le veut la procédure, le policier transmet le questionnaire d’évaluation de la victime (EVVI) et la plainte au parquet. Mais, selon le parquet, la plainte de Chahinez Daoud n’a jamais été transmise et le questionnaire rédigé par le policier était partiellement illisible.

Chaîne de défaillance

Ce policier constitue le premier maillon d’une chaîne de défaillances qui, le 4 mai 2021, mèneront au drame : ce jour-là, peu après 18 heures, et malgré les supplications et les cris, Mounir Boutaa a brûlé vive sa femme en pleine rue. , à quelques mètres de son domicile, où elle vivait avec ses enfants âgés de 3, 5 et 8 ans. La Franco-Algérienne, déjà condamnée à sept reprises, a été arrêtée une demi-heure plus tard dans la commune voisine de Pessac. Il portait un fusil de calibre 12, un pistolet à gaz et une cartouchière. Aux enquêteurs, l’intéressé a déclaré vouloir “punir” Chahinez. Il assure qu’il ne voulait pas la tuer, mais simplement “brûle-le un peu pour laisser des traces dessus« . Le parquet bordelais…

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