Pourquoi Mohamed Amra n’a-t-il pas été davantage surveillé en prison ? – .

Pourquoi Mohamed Amra n’a-t-il pas été davantage surveillé en prison ? – .
Pourquoi Mohamed Amra n’a-t-il pas été davantage surveillé en prison ? – .

Stupeur place Vendôme. Les conseillers du garde des Sceaux ont été un peu surpris mercredi soir en découvrant les révélations du Parisien et BFM TV concernant Mohamed Amra. Selon les deux médias, la cellule qu’il occupait depuis un an et demi à la prison de La Santé avait été mise sur écoute par la police. Les enquêteurs de la PJ soupçonnaient alors ce récidiviste de 30 ans, évadé le 14 mai dans l’Eure, d’avoir commandité, depuis la maison d’arrêt, le meurtre d’un homme à Aubagne (Bouches). -du-Rhône) afin de voler une centaine de kilos de cannabis.

En l’écoutant, ils se sont rendu compte que « La Mouche », comme on le surnomme parfois, continuait de gérer son trafic de drogue d’une main de fer grâce aux téléphones qu’il se procurait en détention. Pas moins de neuf appareils ont été saisis entre janvier et mai 2023.

L’entourage d’Éric Dupond-Moretti reconnaît que cette information est “intrigante”. « Nous prenons la question au sérieux. Nous examinons actuellement exactement ce qui se passe. Nous avons demandé des détails”, a déclaré une Source proche du dossier à 20 minutes.

“C’est au magistrat d’avertir l’administration pénitentiaire”

Comment expliquer que Mohamed Arma n’ait pas été davantage surveillé pendant son séjour derrière les barreaux à Paris ? Jusque-là, il n’avait été condamné par la justice que pour des affaires de moindre importance : rodéos motorisés, vols aggravés, association de malfaiteurs, extorsion, violences avec arme. Mais il était loin d’être un simple délinquant. Le trentenaire était déjà mis en examen dans une autre affaire de tentative d’assassinat à son arrivée à la Santé.

Cependant, le directeur de l’établissement n’a jamais envisagé de l’inscrire comme DPS, ou « détenu particulièrement notable ». Une mesure permettant, en substance, d’indiquer au personnel pénitentiaire qu’il faut redoubler de vigilance envers ces détenus. Elle s’applique notamment s’ils appartiennent « à la criminalité organisée locale, régionale, nationale ou internationale », et s’ils sont « susceptibles d’actes de grande violence », indique une circulaire du 15 octobre 2012.

Mohamed Amra coche presque toutes les cases. Les enregistrements sonores de sa cellule réalisés par la police montrent qu’il avait noué des liens avec des trafiquants dans tout le pays. Le patron n’a pas hésité à organiser des enlèvements violents pour obtenir des rançons, voler les marchandises de ses concurrents. Et il a même cherché à se procurer des armes. Le directeur de la santé était-il au courant ? “C’est un dossier qui faisait l’objet d’une instruction, sous l’autorité d’un magistrat, c’est à lui aussi d’en aviser l’administration pénitentiaire”, murmure une Source policière à 20 minutes.

La difficile lutte contre les téléphones portables en prison

Quant aux téléphones portables, il semble assez aisé pour les détenus de droit commun de s’en procurer en détention, à en croire ceux qui les affichent sur TikTok. « Il existe plusieurs manières de faire entrer les téléphones en détention : les parloirs, la complicité des personnes qui travaillent en prison, les lanceurs, les drones… », explique à 20 minutes une Source judiciaire.

Sur TikTok, certains détenus n’hésitent pas à expliquer comment ils se procurent des téléphones en prison et comment ils les cachent– capture d’écran

Des brouilleurs sont parfois installés dans les établissements pénitentiaires. « Mais c’est compliqué à mettre en place, c’est cher, et ça pose des problèmes aux établissements implantés en ville. Parce que ces appareils brouillent également les communications dans tout le quartier, et les voisins s’en plaignent. Nous préférons alors mettre en place un brouillage partiel, dans certaines zones de détention», poursuit notre Source, ajoutant qu’il est difficile pour les gardiens, en sous-effectif, de surveiller en permanence les 77 750 personnes détenues en France.

Une précédente tentative d’évasion

En septembre 2023, Mohamed Amra est de nouveau mis en examen, notamment pour meurtre en bande organisée, enlèvement et prise d’otages. Le détenu a ensuite été transféré aux Baumettes, à Marseille puis, en avril dernier, à la prison d’Evreux. Il avait récemment été placé à l’isolement car il était soupçonné d’avoir tenté de scier les barreaux de sa cellule. Une Source judiciaire avait indiqué à 20 minutess que « cette affaire était trop récente pour que son statut puisse être réévalué ».

Il a finalement réussi à s’enfuir la semaine dernière grâce à l’aide d’un commando qui n’a pas hésité à ouvrir le feu sur la camionnette à bord. Deux des cinq gardiens de prison composant l’escorte ont été tués dans l’attaque.

“Son statut nécessitait une escorte renforcée de niveau 3”, a indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué. Si Amra avait été enregistrée comme DPS, la police ou la gendarmerie leur aurait prêté main forte ou aurait procédé à ce transfert entre prison et tribunal. Rien ne dit cependant que cela aurait dissuadé ses complices d’agir.

 
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