le chef du réseau de trafic de cocaïne et d’héroïne condamné à 5 ans de prison

le chef du réseau de trafic de cocaïne et d’héroïne condamné à 5 ans de prison
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l’essentiel
Des peines allant de 8 mois de probation à 5 ans de prison ont été prononcées ce vendredi 3 mai par le tribunal correctionnel d’Auch. Depuis la veille, il examinait une affaire de trafic de cocaïne et d’héroïne dans la région d’Auscita.

Treize accusés. Dix libres, trois en détention provisoire. Deux femmes, onze hommes. Un leader établi et des rôles bien définis. Mais quel niveau de responsabilité pour les douze autres protagonistes ? C’est à cette question que le tribunal correctionnel d’Auch devait apporter une réponse ce vendredi 3 mai, au terme de deux jours d’audience. Un réseau gersois de trafic de cocaïne et d’héroïne était déféré à la justice depuis la veille : cette dernière s’était implantée et développée très rapidement dans la région de l’Auscita.

« Au cours de la procédure, un organigramme a été établi et vous a été présenté », rappelle le président du tribunal, Philippe Rigault, aux prévenus. Sur cette échelle de positions dans le réseau, trois niveaux ont été établis par les enquêteurs, en fonction des rôles de chacun. Des niveaux contestés par plusieurs accusés et avocats.

Un « business manager » à la tête du réseau

L’orientation du réseau ne fait aucun doute. L’association était dirigée par Théo*, 39 ans, marié et père d’un enfant. La date de son arrivée dans le Gers, en provenance de la région parisienne, n’est pas très claire. Mais il a dirigé le trafic de drogues dures entre octobre 2021 et mars 2023. « Je n’arrivais pas à trouver de travail, j’étais pris à la gorge. J’ai cherché la facilité», semble justifier le meneur lors de l’audience. Décrit par le parquet comme un « véritable chef d’entreprise », Théo « a analysé le marché et lancé une politique commerciale agressive », décrit Philippe Rigault. “Vous avez fait tomber le marché local.” L’organisation du réseau était parfaitement structurée. “C’est un peu comme UberEats.”

Le prévenu, après avoir minimisé les faits au cours de l’enquête, reconnaît avoir dirigé le réseau mais affirme avoir répondu aux sollicitations d’autres dealers, plus haut dans la chaîne de commandement. “Cette méthode et ce développement m’ont été imposés”, explique-t-il, niant avoir réalisé autant de bénéfice que l’estimait l’enquête (environ 200 000 €). “L’argent qui est sur les photos, ce n’était pas le mien, je répondais aux directives.” Théo affirme avoir été dépassé par l’évolution du trafic : « Je ne voulais pas de cette ampleur, j’étais dans une bulle ».

“Personnes vulnérables”

Une « bulle » qui a employé au moins une douzaine d’autres protagonistes durant les 18 mois d’activité du réseau. «Parmi vos confrères, onze ont des addictions», souligne la procureure Noémie Paysant. « Vous êtes l’un des seuls à ne pas consommer de stupéfiants… » Héroïne, cocaïne, cannabis, alcool… Une dizaine de prévenus sont polytoxicomanes et assurent, lors de leur procès, qu’ils n’ont fait aucun profit mais ont été bien payés en drogue, ainsi assurer leurs besoins quotidiens.

Maître Noémie Duprat a défendu Mathieu*, consommateur et revendeur impliqué dans un trafic.
Photo DDM – Sébastien Lapeyrère

La même logique semblait s’appliquer à chaque revendeur : en contact avec Théo pour acheter leurs boissons, il leur a proposé de devenir vendeurs. Il leur remettait ensuite les marchandises, envoyait les clients et récupérait l’argent. Impliquant, pour beaucoup, une augmentation de leur consommation. « J’avais essayé de le réduire avant de le rencontrer », assure Mathieu*, 29 ans, en détention provisoire depuis son arrestation. «Je consommais environ 1,5 gramme d’héroïne par jour. Mais quand je suis devenu revendeur, ma consommation a beaucoup augmenté. A la fin, j’étais à 4 grammes par jour. Une « exploitation » des « personnes vulnérables » dénoncée par plusieurs avocats. « les gens ici n’avaient pas besoin de moi», se défend le principal accusé. “Je n’avais pas besoin d’arriver pour qu’il y ait de la drogue à Auch.”

5 ans de prison pour Théo

Le degré d’autonomie et d’indépendance de chaque revendeur est également examiné par le tribunal. Certains prévenus sont considérés comme plus haut placés, car il semble qu’ils bénéficiaient d’une plus grande autonomie dans le choix des clients et des éventuelles avancées. Cependant, tous les avocats assurent qu’il ne s’agit pas d’une « association de malfaiteurs », comme l’accusent les accusés. « Théo était le principal, c’était plus une subordination qu’une association », assure Maître Noémie Duprat, l’avocate de Mathieu. « Quand la rémunération est en stupéfiants, on fidélise le consommateur, il y a une emprise », estime François Roujou de Boubée, avocat d’un des dealers.

«Nous voulons faire de mon client le Pablo Escobar du Gers», dénonce Maître Jean-Loup Vivier, conseil du principal suspect. «C’est risible. Les trafiquants étaient là avant et après lui. Les chiffres attribués sont illusoires, l’affaire est largement surfaite. Chacun doit prendre ses responsabilités», estimant que certains prévenus minimiseraient leur responsabilité au détriment de Théo, pour qui une peine de 7 ans de prison a été requise jeudi soir.

Finalement, le tribunal a acquitté, ce vendredi 3 mai, à l’issue du procès, l’ensemble des individus pour les faits d’« association de malfaiteurs » et prononcé des sanctions inférieures à celles requises par le parquet. Des peines avec sursis sont prononcées pour cinq personnes (dont quatre avec sursis avec sursis) et cinq peines mixtes munies d’un bracelet électronique sont prononcées. Les deux individus déjà détenus le resteront pendant une période de deux ans. Théo, le leader du groupe, écope d’une peine de cinq ans de prison et reste en détention. « Le but de ces condamnations est de faire en sorte que vous puissiez sortir de cette spirale », précise le président du tribunal avant de mettre en garde les prévenus. “Il s’agit de mettre vos propres responsabilités entre vos mains.”

*Les prénoms ont été modifiés.
 
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