éleveurs de vers à soie mécontents

éleveurs de vers à soie mécontents
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Jet d’eau à la main, Zhu Huangyi, 40 ans, nettoie la petite pièce en béton où poussaient ses vers à soie, emportés aux deux tiers par les inondations qui ont frappé le sud de la Chine.

A deux heures de route au nord de la métropole de Guangzhou, le village de Sancun, situé au milieu d’une végétation subtropicale luxuriante, a été l’un des plus touchés par les récentes intempéries.

Même si le niveau de l’eau a considérablement baissé dans la commune, il a atteint par endroits deux mètres, avec des conséquences importantes pour les quelque 3 000 habitants de la zone.

Car environ un quart des ménages vivent de l’élevage de vers à soie, ces insectes qui sécrètent la précieuse fibre utilisée dans l’industrie textile.

Un agriculteur inspecte un champ de mûriers blancs, utilisés pour l’élevage de vers à soie, endommagé par les inondations dans le village de Sancun, à Yingde, dans la province chinoise du Guangdong, le 25 avril 2024 / Hector RETAMAL / AFP

“Nous avons placé les vers en hauteur mais cela n’a pas suffi”, a expliqué à l’AFP Zhu Huangyi, montrant sur son smartphone ses cocons flottant à la surface de l’eau, qui atteignait 1,80 mètre chez lui.

« Évidemment, ça me fait mal au cœur de voir sa production partir comme ça. Parce que c’est une vieille entreprise familiale, ma mère s’y est lancée il y a 30 ans », raconte l’éleveur, déjà victime d’une inondation en 2022.

Pas d’assurance

Derrière lui, sa mère, Huang Xiuying, répand de la poudre détergente blanche sur le sol en béton des enclos pour désinfecter la zone.

« Après avoir reçu l’alerte météo, nous avons continué à nourrir nos vers. Nous ne pouvions pas faire face à la réalité », explique-t-elle.

Lan Zhukui nettoie la boue de l’entrepôt où se trouvait sa magnanerie, dans le village de Sancun, à Yingde, dans la province chinoise du Guangdong, le 25 avril 2024 / Hector RETAMAL / AFP

Les éleveurs vendent leurs vers à l’état cocon, autour de 40 à 50 yuans le kilo (entre 5,15 et 6,44 euros).

Zhu Huangyi a pu sauver un tiers de ses cocons.

« Après les inondations, les prix ont chuté. Nous avons quand même pu vendre ceux qui restaient à 34 yuans (4,38 euros) le kilo », explique-t-il.

Une manière de limiter les dégâts, car comme la plupart des habitants du village, il n’avait souscrit aucune assurance.

“En gros, cela nous occasionnera 40 000 à 50 000 yuans de pertes économiques”, explique-t-il, soit entre 5 150 et 6 440 euros environ, une somme importante dans la Chine rurale.

“L’autre problème, ce sont nos mûriers”, ajoute Zhu Huangyi, alors que tous les plants des sélectionneurs du village ont été inondés.

« Nous sommes habitués ! »

Or, les vers à soie se nourrissent exclusivement de feuilles de mûrier, désormais inutilisables. Sans nourriture, ils ne peuvent pas survivre.

Un agriculteur inspecte un champ de mûriers blancs, utilisés pour l’élevage de vers à soie, endommagé par les inondations dans le village de Sancun, à Yingde, dans la province chinoise du Guangdong, le 25 avril 2024 / Hector RETAMAL / AFP

Seule solution : couper les têtes des plants une fois le niveau d’eau revenu à la normale, puis attendre environ deux semaines que des feuilles utilisables repoussent.

Ce n’est qu’après que les agriculteurs pourront acheter de nouveaux œufs de vers à soie pour reconstituer leur cheptel reproducteur.

Zhu Huangyi estime le montant qu’il devra débourser pour en acheter à 5 000 yuans (640 euros).

Près de chez nous, Lan Zhukui, un autre éleveur, est moins chanceux.

Lan Zhukui nettoie la boue de l’entrepôt où se trouvait sa magnanerie, dans le village de Sancun, à Yingde, dans la province chinoise du Guangdong, le 25 avril 2024 / Hector RETAMAL / AFP

“J’ai perdu tous mes cocons, environ 150 kg”, d’une valeur marchande d’environ 6.000 yuans (770 euros), explique-t-il à l’AFP en nettoyant le sol de son enclos.

“Il n’y a pas grand chose à faire pour le moment à part attendre à la maison.”

Dans son élevage, Mme Huang veut aussi être philosophe.

« Nous sommes habitués ! » s’exclame-t-elle en parlant des inondations.

« Mais c’est vrai qu’avant, nous étions inondés tous les 8 à 10 ans. Maintenant, c’est plutôt tous les deux ans.

 
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