à cause d’un changement de nomenclature, les importateurs de bois exotiques se disent « en danger »

à cause d’un changement de nomenclature, les importateurs de bois exotiques se disent « en danger »
à cause d’un changement de nomenclature, les importateurs de bois exotiques se disent « en danger »
D

des centaines de milliers d’euros, voire plus, pour une question d’interprétation des « coins arrondis ». C’est la conséquence d’un changement de nomenclature à laquelle doivent se conformer les principales sociétés de négoce de bois exotiques depuis 2023 et qui devrait prochainement concerner tous ceux qui importent des lames de terrasse.

Cela commence comme une histoire belge. Le 15 avril 2021, saisie par la Belgique, la Cour de Justice européenne a rendu un arrêt contre la société Vogel Import Export, affirmant que « les planches de bois rabotées, dont les quatre coins ont été légèrement arrondis sur toute la longueur de la planche, ne doit pas être considéré comme profilé. D’où un changement de classification de ces marchandises, de la « position 4409 à la position 4407 », qui était utilisée par l’administration douanière pour contrôler les commerçants français. La différence est due à quelques paragraphes, mais aussi et surtout à une fiscalité plus élevée : 2% de droits de douane sur les principales essences de bois vendues (ipé, padouk, sucupira, massaranduba, etc.).

Surpris, les professionnels français ont dénoncé les « déficiences » de l’arrêt Vogel, appliqué « indistinctement et sans discernement ». Notamment la « confusion » entre « les produits de première transformation qui sont des planches de bois brutes ou simplement rabotées (4407) et les produits transformés (4409) qui sont des planches de terrasse, quels que soient leurs profils (lisses ou rainurés) et le rayon d’arrondi ne matière.


Le port de commerce Pallice de La Rochelle est l’un des principaux ports français importateurs de bois exotiques avec Le Havre, Marseille et Dunkerque.

Frédéric Zabalza / Sud Ouest

Les « objectifs » du gouvernement

En 2023, une première entreprise de négoce française reçoit la visite des douaniers, qui viennent constater que les lames de terrasse ne répondent pas à la bonne nomenclature. Les contrôles se poursuivent au sein des quinze entreprises membres de l’association professionnelle nationale Le Commerce du bois (LCB), dont certaines sont réclamées à plus d’un million d’euros.

Le port de commerce Pallice à La Rochelle est l’un des premiers ports français importateurs de bois exotiques.

Parmi elles, la Compagnie Atlantique du Bois Importé (Sabi) et la Compagnie Atlantique du Bois et Dérivés (CABD). Implantés au port de commerce Pallice à La Rochelle, l’un des premiers ports français importateurs de bois exotiques avec Le Havre, Marseille et Dunkerque, ils emploient une vingtaine de personnes. L’administration réclame donc à Sabi (17 millions de chiffre d’affaires) le paiement de plus de 450 000 euros. Convoqué à la direction régionale des douanes de Poitiers le 10 avril, le gérant, Sébastien Guiraud, a choisi de se faire représenter par son avocat.

« Nous commettons potentiellement une fraude », explique le patron, qui y voit une dessein de l’État. En fait, c’est très intéressant pour les douanes, car on rentre automatiquement dans les objectifs du gouvernement en matière de régularisation fiscale sur les importations, qui peut aller jusqu’à une fois la valeur de la marchandise. »

« Un risque financier majeur »

“Nous sommes morts”, estime Alexandre Boutrot, patron du CABD, à qui les douanes demandent près de 200 000 euros. « Même sans fraude, le simple fait de nous demander 2 % de droits de douane sur cinq ans (2019 à 2023) suffit à mettre en danger l’ensemble du secteur. Surtout dans une période déjà difficile, où nos entreprises sont reconnues, engagées dans toutes les initiatives environnementales, dans la gestion portuaire. Par ailleurs, les autres pays, du Danemark à l’Italie en passant par l’Espagne, restent au classement 4409. »

« Les importateurs ne sont pas les seuls menacés », prévient Sébastien Guiraud. Il faut bien voir que cela aura un impact sur l’ensemble de la filière bois française. Les menuiseries industrielles (terrasses, fenêtres, volets…) ne seront plus alimentées. » Dans une lettre adressée le 12 avril au ministre de l’Économie Bruno Le Maire, le président de LCB François Laresche évoque « un risque financier majeur aux conséquences humaines désastreuses pour nos entreprises ». L’association réclame la fin des contrôles et exprime le souhait d’engager “un dialogue constructif” avec la direction générale des douanes et des droits indirects “pour sortir de cette impasse”. LCB, comme chaque société contrôlée, se réserve le droit de contre-attaquer en justice.

En Charente-Maritime, une dizaine d’entreprises sont menacées de redressement. Avec le soutien du directeur du Grand Port Maritime de La Rochelle Michel Puyrazat, ils ont sollicité un entretien avec le préfet Brice Blondel.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV les meilleures offres – .
NEXT Les recettes budgétaires sont en bonne voie