À la maison d’arrêt de Fresnes, un couloir vide et zéro résident – ​​.

À la maison d’arrêt de Fresnes, un couloir vide et zéro résident – ​​.
À la maison d’arrêt de Fresnes, un couloir vide et zéro résident – ​​.

A quelques pas de l’ancienne prison de Fresnes (Val-de-Marne), l’hôpital pénitentiaire est un grand bâtiment en forme de H en plâtre blanc usé. On passe par des postes de contrôle et des grilles métalliques avant de prendre l’ascenseur jusqu’au 3e étage.

Là, plus de gardiens ni de soignants, mais une légère odeur de moisi et un grand silence : l’aile dédiée au seul centre de sécurité socio-médico-judiciaire de France abritait encore un détenu il y a quelques mois, mais il a été libéré en janvier.

Depuis 2008, la détention préventive permet de maintenir en détention une personne condamnée à au moins quinze ans de prison et ayant déjà purgé sa peine, mais qui est toujours considérée comme particulièrement dangereuse et à haut risque de récidive.

Destinée aux délinquants sexuels, elle a été décidée en 2007 par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, après le viol d’une enfant de cinq ans par Francis Evrard, un violeur récidiviste qui venait de sortir de prison.

Des infirmiers devant une porte de sortie de l’hôpital pénitentiaire de la prison de Fresnes, le 25 novembre 2020 dans le Val-de-Marne PHOTO AFP / Christophe ARCHAMBAULT

La rétention de sûreté ne vise que certains crimes de droit commun (meurtres, viols sur mineurs ou viols aggravés), même si des voix demandent régulièrement qu’elle soit étendue aux profils terroristes.

Le président du RN Jordan Bardella l’a même voulu “systématique” pour eux, pourquoi pas “à vie”, avait-il déclaré en décembre dernier après l’attaque jihadiste du pont parisien de Bir-Hakeim par un homme sorti de prison en mars 2020.

Pour l’instant, cette mesure est mieux connue des politiques que des magistrats : en quinze ans, elle n’a été prononcée que 16 fois, selon une source proche du dossier.

Les profils de ceux qu’elle cible sont identiques : des hommes, plutôt âgés, tous condamnés pour des crimes sexuels.

Un gardien dans un couloir de l’hôpital pénitentiaire de la prison de Fresnes, le 25 novembre 2020 dans le Val-de-Marne PHOTO AFP / Christophe ARCHAMBAULT

Les observateurs s’inquiètent de l’absence de délai pour cette mesure (un an renouvelable). Mais personne, jusqu’à présent, n’y a passé plus de quelques mois.

Deux d’entre eux sont revenus à Fresnes à deux reprises, un autre à trois reprises, a précisé la source.

« Le principe est +je suis dehors avec des obligations (pour les soins, ne pas aller dans des endroits interdits, être confiné chez moi, etc.), si je ne les respecte pas, je rentre dans la structure. Je reste tant qu’on considère que je ne suis pas en mesure de sortir+ », selon la source proche du dossier.

De chaque côté du hall d’entrée du centre visité par l’AFP s’étendent deux couloirs, peints en jaune. Six petites salles d’un côté, quatre de l’autre.

Un patient détenu dans une chambre de l’hôpital pénitentiaire de la prison de Fresnes, le 25 novembre 2020 dans le Val-de-Marne PHOTO AFP / Christophe ARCHAMBAULT

Ces pièces – « On ne dit pas cellule, on n’est pas en détention », répètent-ils sur place – mesurent 18 m2 (le double de la taille d’une cellule de prison) et sont identiques : un lit, un fauteuil, une télévision gratuite, une coin cuisine et une autre salle de bain.

Les barreaux des fenêtres sont de forme géométrique et peints en clair, on en oublierait presque leur présence. Sobre mais propre, avec l’air d’une chambre d’hôpital plutôt que d’une cellule.

La routine, lorsqu’il y a un occupant : ouverture de la chambre à 7h00, fermeture à 19h00. En journée, libre circulation dans le couloir, où s’alignent de petites pièces vides.

Parmi elles, la bibliothèque, jamais approvisionnée en livres faute de personnes pour les emprunter.

Un patient détenu dans le gymnase de l’hôpital pénitentiaire de la prison de Fresnes, le 25 novembre 2020 dans le Val-de-Marne PHOTO AFP / Christophe ARCHAMBAULT

Plus loin, la salle de sport (deux machines).

Et là, un espace commun dans lequel nous avons imaginé, à l’ouverture de ce lieu dédié à la rétention et à l’accueil, aux activités et aux enseignements de groupe.

La salle était peu utilisée : le centre n’accueillait jamais plus de deux personnes à la fois.

– « Dessins et paquets de pâtes » –

Dans la chambre désormais inoccupée du dernier détenu, les dessins qu’il collait au mur avec du dentifrice ont été retirés, tout comme les paquets de pâtes qu’il empilait sur ses étagères et commandait en quantité.

Comme les autres, il était ici bien seul, admettons-nous à demi-mot. Loin des objectifs de « prise en charge médicale, sociale et psychologique, destinée à permettre la fin de cette mesure » prévue par la loi.

Un médecin examine un patient détenu à l’hôpital pénitentiaire de la prison de Fresnes, le 25 novembre 2020 dans le Val-de-Marne PHOTO AFP / Christophe ARCHAMBAULT

« Inactivité » pour « règle » et « grande solitude », déjà critiquées par le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) qui a visité le centre en 2014 et 2015.

Pour prévenir la récidive, les magistrats privilégient les mesures extérieures, comme le contrôle socio-judiciaire. Cela peut être très contraignant : un bracelet géolocalisable pendant des années par exemple, explique Cécile Delazzari, vice-présidente de l’Association nationale des juges de l’application des peines (Anjap).

La détention de sécurité soulève également « de nombreuses questions sur le plan juridique », ajoute-t-elle.

Déjà parce que la notion de « dangerosité » est « subjective », et qu’en droit pénal français, la responsabilité individuelle est sanctionnée pour une infraction donnée.

Alors une fois la peine exécutée et si les gens n’ont pas changé… “jusqu’à quand doit-il relever de la justice pénale ?”, demande le magistrat.

En janvier dernier, le Sénat, à majorité de droite, a largement adopté l’ouverture de la détention préventive aux personnes condamnées pour terrorisme (pour des peines d’au moins quinze ans).

Mais rien ne garantit que le texte sera repris par l’Assemblée nationale issue des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet.

Le centre de Fresnes, bien que « vide » et « étanche », ne serait de toute façon pas suffisamment sécurisé pour accueillir ce type de profil, capable d’actions violentes même enfermé, prévient la source proche du dossier.

« C’est une structure adaptée, conçue pour des auteurs de crimes sexuels, insiste-t-elle, des gens qui sont susceptibles d’être des prédateurs (à l’extérieur) mais dont la dangerosité pénitentiaire est très réduite. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Prévisions du mardi 2 juillet 2024 – .
NEXT L’industrie doit gravir les échelons – .