« L’inflation a un effet pervers sur les actifs, les épargnants ne se rendent pas suffisamment compte de ce qu’elle leur fait perdre à long terme »

« L’inflation a un effet pervers sur les actifs, les épargnants ne se rendent pas suffisamment compte de ce qu’elle leur fait perdre à long terme »
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Directeur de l’offre épargne et patrimoine du Conservateur, Thibaut Cossenet conseille de mettre en place une bonne diversification du patrimoine et de revoir régulièrement l’organisation juridique et civile de son patrimoine.

Quel regard portez-vous sur la façon dont les Français gèrent leur épargne et leur formation financière ?

La culture financière des ménages se renforce progressivement, mais elle est incomplète. Les Français étaient habitués à avoir accès à des solutions simples pour placer leur épargne. Ces solutions, comptes d’épargne réglementés, fonds d’assurance vie en euros, ont bien fonctionné. Pendant longtemps, ils ont constitué, avec l’immobilier, la base qui a permis la création de patrimoine. La culture financière des Français existe, certains disent qu’ils n’en ont pas, ce n’est pas vrai. Il existe, mais il doit être amélioré et adapté à la réalité des investissements d’aujourd’hui. Le comportement des épargnants est encore marqué par la longue période de baisse des taux d’intérêt qui a favorisé certaines solutions d’épargne. Ils ne sont plus toujours en phase avec la situation actuelle et ce qui nous attend dans les années à venir. Des arbitrages doivent être faits pour tenir compte du niveau des taux d’intérêt et de la trajectoire prévisible de l’inflation.

À long terme, les épargnants font-ils les bons choix ?

Depuis trente ans, les épargnants français ont globalement fait de bons choix. Les fonds immobiliers et en euros ont été des investissements gagnants pour les ménages. Des capitaux ont également été investis massivement dans ces deux supports. L’assurance-vie représente aujourd’hui plus de 1 800 milliards d’euros, dont la majorité en fonds euros. La conjoncture économique et la poursuite de la baisse des taux d’intérêt leur ont permis de connaître des performances positives, que ce soit sur les fonds en euros, sur l’immobilier et sur le Livret A qui constitue pour de nombreux ménages l’essentiel de leur patrimoine.

Quels risques pèsent aujourd’hui sur l’épargne des ménages ?

Le premier risque consiste à mettre en œuvre des stratégies qui ne compensent pas l’érosion monétaire. Nous nous rendons alors compte trop tard, au moment de la transmission, que nous nous sommes appauvris en termes réels. Il faut remonter aux années 1980 pour avoir l’expérience d’une inflation importante et de ses effets sur les actifs. C’est un effort de mémoire et beaucoup de personnes n’ont pas vécu cette période. Cela explique pourquoi de nombreux ménages ne se rendent pas compte de l’effet de l’inflation sur leur épargne. La volatilité des marchés boursiers est facile à comprendre, on voit immédiatement que la valeur d’un portefeuille d’actions ou d’un indice augmente ou diminue. Mais l’inflation a un effet pervers. On ne voit pas immédiatement la perte que cela provoque. À première vue, l’épargne semble stable ou augmente légèrement en termes nominaux, mais elle peut diminuer en termes réels une fois l’inflation supprimée. Un effort de calcul est nécessaire pour y parvenir et cette érosion cachée constitue un risque important et peu connu des épargnants.

Les évolutions potentielles, fiscales et réglementaires, constituent un deuxième risque. Il faut bien s’entourer pour être informé et, si nécessaire, trouver des solutions alternatives. Les deux dernières lois de finances ont apporté peu de nouveautés fiscales pour les particuliers, mais on ne sait pas ce qui va se passer dans les années à venir, d’autant que 2027 est une année électorale.

Aujourd’hui, un couple de 50 ans a presque une chance sur deux que l’un d’entre eux soit centenaire.

L’évolution démographique constitue un troisième risque, lui aussi insuffisamment pris en compte par les ménages. C’est l’une des questions les plus importantes. Aujourd’hui, un couple de 50 ans a près d’une chance sur deux (46%) que l’un d’eux devienne centenaire, selon les tables de mortalité en vigueur. Les individus négligent ce risque de longévité. Il est vrai qu’il faut trouver un équilibre. Il faut en effet à la fois conserver un capital suffisant pour faire face aux défis du vieillissement et ne pas attendre que vos enfants aient soixante-dix ans pour leur transmettre quelque chose. Ce sont des objectifs antagonistes auxquels nous conseillons de réfléchir le plus tôt possible. Nous accompagnons nos clients dans ces réflexions.

Les enjeux de l’épargne à long terme ne sont pas toujours faciles à comprendre pour les particuliers. Comment faire ?

Les sujets d’épargne à long terme sont importants. Ils sont devenus moins tabous depuis le lancement du PER, le plan d’épargne retraite qui relativise les enjeux sociaux et démographiques de long terme. De nombreuses personnes prennent conscience de l’importance de préparer l’avenir, la retraite et la vieillesse. Ils troquent leur épargne à court terme au profit de stratégies à long terme en privilégiant la diversification de leurs placements pour éviter les chocs des marchés et le coup pervers de l’inflation.

Il ne s’agit pas de porter un coup financier à un moment donné, mais de protéger et de faire fructifier son patrimoine sur le long terme.

Nous connaissons bien ces sujets d’épargne à long terme. Ils font partie de notre culture : Le Conservateur est un groupe mutualiste qui fête cette année ses 180 ans. Nous accompagnons 275 000 clients qui nous ont confié 10,3 milliards d’euros d’actifs. Nous disposons de 70 bureaux du patrimoine en France pour être proches de nos clients que nous connaissons de génération en génération. Nous sommes le médecin de famille de leurs atouts : nous nous efforçons de mettre en place des solutions personnalisées en fonction des besoins et des aspirations de chacun. Le contact se fait toujours d’humain à humain, ce qui permet une analyse plus détaillée. Notre responsabilité est de les aider à faire les bons choix, non pas pour subir un coup dur financier à un moment donné, mais pour protéger et faire croître leur patrimoine sur le long terme.


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