Comment faire comprendre l’importance d’une fuite alors que les principaux responsables ont déjà quasiment quitté le navire ? Ce dilemme est celui des pays membres de l’équipage international de la Station spatiale internationale (ISS). Depuis 2019, des fuites ont été identifiées au niveau du module Zvezda, propriété de la Russie. Même si des travaux sont régulièrement menés pour assurer une pression et un niveau d’oxygène suffisants pour les personnes à bord, le problème devient aujourd’hui critique.
Jamais depuis le lancement du projet un tel risque n’avait plané sur le laboratoire spatial partagé par les agences spatiales américaine, russe, européenne, japonaise et canadienne. Comme le souligne CNN, un rapport de l’inspecteur général de la NASA identifie les fuites du module russe comme le problème le plus urgent de l’ISS.
Les États-Unis évoquent la possibilité d’une « désintégration catastrophique »
Maintenant, la NASA parle de “des inquiétudes concernant l’intégrité structurelle du module et la possibilité d’une défaillance catastrophique”. Mais côté russe, si Roscosmos a bel et bien demandé des réparations à ses astronautes, l’équipe russe “Je ne pense pas qu’une désintégration catastrophique soit réaliste”a rapporté Bob Cabana, ancien astronaute et président du comité consultatif de l’ISS pour la NASA.
Cependant, les pertes d’air et de pression ont atteint de nouveaux sommets inquiétants cette année. Mais les entités américaine et russe sont confrontées à un dilemme. « Les Russes pensent qu’il est possible de poursuivre leurs opérations en toute sécurité, mais ils ne peuvent pas le prouver à notre satisfaction. Les Etats-Unis estiment que ce n’est pas sûr, mais nous ne pouvons pas le prouver à la satisfaction des Russes.»résume Bob Cabana.
Pour le moment, des mesures de précaution sont prises par les astronautes présents à bord de l’ISS. Ils doivent impérativement colmater la partie contenant les fuites. Mais il doit être régulièrement rouvert puisqu’il fait le lien entre la Gare et le port d’accueil d’où proviennent le fret et les fournitures indispensables à la survie des passagers.
Durant ces moments critiques, l’astronaute américain Michael Barratt a expliqué lors d’une conférence de presse que la trappe séparant les parties russe et américaine de la station était fermée. Selon lui, il s’agit d’un accord de bonne intelligence mais loin d’être confortable.
Une rencontre « extrêmement fructueuse » tenue en septembre sur le sol russe
Si les États-Unis font pression pour des évaluations indépendantes, réalisées à la fois par des experts nommés par la NASA et par Roscosmos, la Russie semble retarder l’échéance. Une réunion aurait eu lieu en Russie en septembre sur ce sujet et aurait été « extrêmement réussi »selon Bob Cabana.
Toutefois, les deux parties ne sont pas d’accord sur les causes de la fuite. Surtout, une seconde s’ajoute à ce débat. Car si les deux pays s’accordent sur la possibilité d’une fermeture définitive du module dans le cas où la fuite atteint un niveau « intenable », ils se disputent sur la définition de ce terme et les caractéristiques qu’il présume. .
Par ailleurs, ce bras de fer intervient alors que la Russie souhaite se désengager du programme ISS pour construire sa propre station spatiale et mener seule ses expérimentations. La Russie ne s’est pas engagée à poursuivre l’exploitation de l’ISS au-delà de 2028. Sa réponse devrait arriver l’année prochaine.
Mais l’avenir de la station commune est déjà scellé. Une réintroduction dans l’atmosphère est prévue pour 2030, entraînant un crash au milieu de l’océan. Il s’agira de l’opération la plus risquée jamais tentée par la NASA. Cette dernière mission, confiée à SpaceX, marquera la fin d’une collaboration débutée en 1998.