La conférence des présidents de groupe à l’Assemblée a fixé mercredi 16 heures à l’examen des motions de censure déposées par la gauche et le RN. Celui de gauche, qui sera voté en premier, a toutes les chances d’être adopté puisque le RN a annoncé son soutien. En additionnant leurs voix, la gauche et le RN peuvent rassembler environ 330 voix, bien au-delà des 288 requis.
Barnier ne pensait pas que Marine Le Pen « oserait » la censure
“Trou noir”
« Nous aurions probablement pu parfois faire mieux. Mais aujourd’hui, il est de votre responsabilité d’envoyer ce pays dans un trou noir”, a déclaré la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon aux députés, à l’unisson des ministres qui, dans les médias, ont multiplié les appels à la “responsabilité”.
« Voulons-nous vraiment le chaos ? Voulons-nous une crise économique qui affectera les plus vulnérables ? a prévenu le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, faisant même « le pari qu’avec Michel Barnier, nous réussirons à rejeter la motion de censure ».
Mais pour la chef de file des députés insoumis Mathilde Panot, « la chute de Barnier est acquise ».
Nommé le 5 septembre, il aura tenu trois mois grâce au “soutien sans participation du RN” et, “ce qui va le faire tomber, c’est justement que le RN aura arrêté de le soutenir”, a souligné le député PS Arthur Delaporte.
Lundi, le Premier ministre a sans surprise assumé la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), assurant être « en fin de dialogue » avec les formations politiques, dont le Rassemblement national.
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« Sans plan derrière »
Les gestes annoncés par Michel Barnier pour répondre aux revendications du parti de la flamme n’auront cependant pas suffi : « Censurer ce budget est malheureusement le seul moyen que nous donne la Constitution pour protéger les Français d’une politique dangereuse, injuste et punitive. », a justifié Marine Le Pen mardi sur X.
“Je ne pensais pas qu’elle oserait”, a déclaré lundi le Premier ministre après un entretien téléphonique avec le chef des députés RN déterminé à voter la censure malgré les multiples concessions obtenues, a déclaré mardi un président de groupe du bloc. . central.
“C’est le RN qui a obtenu le plus de gains politiques”, mais Mme Le Pen “préfère les sacrifier sur le dos des Français” et “sans plan derrière”, déplore l’entourage de M. Barnier. Elle a « un agenda personnel », ajoute la même Source, dans une allusion au procès des assistants RN au Parlement européen, où Marine Le Pen risque l’inéligibilité.
L’adoption d’une telle motion serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.
Si l’exécutif tombait, la France s’enfoncerait davantage dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin.
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Spéculations
Sur les marchés financiers, les taux d’intérêt auxquels la France emprunte se sont resserrés face aux incertitudes. Mais la Bourse de Paris évoluait à la hausse mardi, les investisseurs se concentrant pour l’instant sur les avantages d’un statu quo budgétaire en cas de censure.
L’Élysée n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle situation politique, alors qu’Emmanuel Macron est à Riyad pour une visite d’État de trois jours. Mais c’est le chef de l’Etat qui aura rapidement les commandes car, si le scénario de la censure se confirme, il devra nommer un nouveau Premier ministre.
Les spéculations vont déjà bon train sur les successeurs potentiels de Michel Barnier, du ministre des Armées Sébastien Lecornu au centriste François Bayrou dans le camp présidentiel.
Pourtant, l’équation reste la même à l’Assemblée : aucune configuration ne semble promettre une majorité pour voter un budget pour 2025.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a appelé Emmanuel Macron à nommer un « Premier ministre de gauche » mais ouvert « au compromis » avec le bloc central, se disant prêt à assumer la responsabilité de Matignon et rejetant les appels à la démission de » a lancé le chef de l’État par Jean-Luc-Mélenchon.