Vendredi 15 novembre. Au centre de santé de Kanyikopé, petit centre situé à l’est de Lomé, une série de vaccinations, dont celle contre la rougeole, a lieu selon le programme. A 8h30, l’affluence n’est pas aussi importante qu’à d’autres horaires. Ce n’est pas une surprise, selon les habitués.
Si tout est prêt pour vacciner les enfants accompagnés de leurs parents, un changement dans le dispositif habituel a été constaté : depuis octobre dernier, les flacons de 5 doses ont remplacé ceux de 10 doses dans ce centre.
« Le premier résultat attendu est l’augmentation de la couverture vaccinale des première et deuxième doses. Ensuite, on cherche à réduire l’écart entre la première et la deuxième dose, afin de réduire le taux d’abandon. Le flacon de 5 doses devrait également réduire les pertes et lutter plus efficacement contre cette maladie évitable. »
– Eugène Aguidi, vaccinateur
« Nous utilisons ces nouveaux flacons, introduits par les autorités sanitaires du pays. Ils ont remplacé les 10 doses que nous utilisions auparavant », explique Eugène Aguidi, l’un des vaccinateurs du centre.
À première vue, la bouteille est plus petite que l’ancienne, explique l’agent. Il est également équipé d’un comprimé de surveillance des vaccins (VCP), un dispositif qui permet de savoir si le flacon a été exposé à des températures élevées, en fonction de la couleur du comprimé.
Ce flacon contient le vaccin sous forme de poudre, à laquelle l’agent ajoute le diluant. « Nous utilisons cela pour vacciner 5 enfants. Une fois ouvert, le flacon peut être utilisé pendant 6 heures. Passé ce délai, il est inutilisable pour les autres vaccinations », précise notre interlocuteur.
Éviter les occasions de vaccination manquées
« Ce changement résulte de l’utilisation de flacons de 10 doses. En effet, les agents de santé hésitaient souvent à ouvrir un flacon de 10 doses pour seulement deux ou trois enfants. Ils se sont demandés : « Est-ce que ça vaut vraiment la peine d’ouvrir un flacon pour vacciner trois enfants et de gaspiller sept voire huit doses ? Cela a conduit à des opportunités manquées. Parfois, les mères, les grands-parents, etc. viennent avec seulement deux ou trois enfants. L’agent de santé leur dit alors de revenir plus tard. Et parfois, ils ne reviennent pas », explique le Dr Boko Amévégbé, directeur du Programme élargi de vaccination (PEV) au niveau national.
Crédit : Dame Naphtali
C’est aussi ce que dit Charles Binewai, informaticien, qui a vécu cette situation avec son fils. « Le rendez-vous de vaccination a été reporté plus de deux fois dans un centre de santé. On m’a expliqué qu’il fallait un minimum de 10 personnes pour ouvrir la bouteille. La réunion a donc été reportée trois ou quatre fois. Finalement, j’ai dû chercher un autre centre de vaccination », raconte-t-il. « Je me suis dit que si la vaccination d’un bébé devait être reportée parce qu’il n’y avait pas assez de monde, cela pourrait avoir des conséquences sur la santé de mon enfant. »
« Dans mon cas, la vaccination n’a pas eu lieu tout de suite. On m’a demandé de revenir un autre jour, toujours à cause du même problème. C’est un vendredi que j’ai enfin pu vacciner mon bébé, car à ce moment-là le centre avait programmé suffisamment de patients. C’est seulement à ce moment-là que la vaccination a été réalisée», témoigne M. Binewai.
Le premier résultat attendu est l’augmentation de la couverture vaccinale
Selon le directeur du PEV, ce changement permettra d’augmenter le taux de couverture vaccinale rougeole-rubéole dans un pays qui a connu des épidémies de rougeole entre 2022 et 2024 dans presque tous les districts, et enregistré des cas suspects de rougeole (environ 1500 cas par an, touchant des enfants de 6 mois à 15 ans). “Désormais, s’il y a un ou deux enfants à vacciner, il faut les vacciner immédiatement, plutôt que d’attendre qu’un certain nombre de personnes ouvrent le flacon”, précise-t-il.
Avant le changement de flacon, les agents ont été formés à l’aide de deux systèmes. Dans un premier -, les cadres des districts et des régions ont suivi une formation. Ensuite, ces cadres ont formé les vaccinateurs. La formation a porté sur l’épidémiologie actuelle de la rougeole et de la rubéole, la couverture vaccinale actuelle et les avantages de ce changement.
« Le premier résultat attendu est l’augmentation de la couverture vaccinale des première et deuxième doses. Ensuite, on cherche à réduire l’écart entre la première et la deuxième dose, afin de réduire le taux d’abandon. Le flacon de 5 doses devrait également réduire les pertes et lutter plus efficacement contre cette maladie évitable », explique Eugène Aguidi, qui a participé à la formation. Il réclame également l’extension de cette mesure à d’autres vaccins (BCG, fièvre jaune, méningite…).
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