Tout semblait réuni pour que les atermoiements entourant la tenue de la traditionnelle course de canot, qui relie La Tuque, Shawinigan et Trois-Rivières, se terminent dans une nouvelle impasse.
Il y a eu un désaccord entre les gouverneurs de la Classique et l’équipe du Saint-Maurice Canoe Challenge. Le premier a sauvé le nom et l’héritage de la race légendaire, en trouvant un accord avec les créanciers. Ce dernier a monté un événement au pied levé, en septembre dernier, pour combler le vide laissé par l’annulation de la 91e présentation de l’événement. Les discussions étaient au point mort entre les deux entités concernant l’organisation d’un événement unique pour l’année à venir.
C’est Jean Chrétien lui-même, appuyé par la volonté égale du maire de Shawinigan Michel Angers, qui a pesé pour rapprocher les partis, semble-t-il.
Mercredi prochain, loin des micros et des caméras, les représentants du conseil d’administration de la Classique et du Canoë Challenge, ainsi que le maire d’Angers, doivent se réunir pour trouver un accord.
Contacté mardi, le président de la Classique, Jacques St-Pierre, a convenu que le moment était venu de passer le flambeau à une nouvelle génération. Il estime avoir rempli le mandat qui lui avait été confié en évitant la faillite.
« La Classique est sauvée », affirme-t-il, annonçant par la même occasion qu’il cédera sa place à la prochaine assemblée générale annuelle.
Au Défi Canoë du Saint-Maurice, Martin St-Laurent salue l’ouverture dont fait preuve la Classique Canoë. Celui qui a présidé la présentation de la course en septembre dernier, a organisé dans les extrêmes en l’absence de l’événement légendaire, avait déjà signifié l’intention des canoéistes de « porter haut les couleurs du canot » en Mauricie. Autant le faire sous l’égide de l’événement qui a fait la renommée de la région, propose-t-il aujourd’hui.
Cependant, M. St-Laurent soutient également qu’il faudra revoir les structures de l’organisation. La lourdeur des statuts et règlements de l’OBNL ne lui semble pas être le véhicule idéal pour éviter les écueils du passé, explique-t-il.
« C’est un peu le sujet de discussion de la semaine prochaine », souligne le plaisancier. Une étape reste à franchir pour sceller l’accord, comprend-on.
-Fort du succès de septembre dernier, le Défi Canoë Saint-Maurice estime avoir démontré que les canoéistes peuvent prendre le relais. Et « transparence » sera le maître mot, souligne Martin St-Laurent. Lui-même à la tête de l’Association des coureurs rabaska du Québec, il soutient que les plaisanciers veulent avoir la bonne information concernant les résultats des opérations.
“On veut que ça soit géré par les plaisanciers… Par les plaisanciers, pour les plaisanciers, après, on fera comme ça.”
— Martin St-Laurent, président du Défi Canoë Saint-Maurice
Un peu tel un rameau d’olivier tendu, Martin St-Laurent salue le travail accompli par Jacques St-Pierre au cours des derniers mois. “Personne n’a voulu faire ce qu’il a fait, et il l’a fait”, s’incline-t-il.
Jean Chrétien, président d’honneur ?
À l’hôtel de ville de Shawinigan, le maire Michel Angers se réjouit de l’amélioration soudaine du ciel Classique. “J’ai passé mon vendredi et une partie du week-end là-dessus et je suis très content du résultat”, dit-il.
En octobre dernier, dans une correspondance, les trois villes avaient déjà indiqué qu’elles retiraient leur soutien à la Classique, à moins qu’un transfert de l’organisation n’ait lieu en faveur des plaisanciers et du canoë Défi de Saint-Maurice. Michel Angers estime désormais que le passage du flambeau est quasiment acquis.
Également l’automne dernier, La Classique a conclu une entente avec ses créanciers pour radier plus de 300 000 $ de dette, grâce à un arrangement d’une valeur d’environ 20 000 $, plus les frais du syndic. Mardi, L’Hebdomadaire de Saint-Maurice a indiqué que le syndic Lemieux Nolet produirait bientôt un avis accordant un délai supplémentaire de 30 jours aux créanciers qui ne s’étaient pas inscrits à la réclamation. Le dossier peut alors être fermé.
Il semble que Jean Chrétien soit l’un des rares donateurs à avoir gracieusement payé les frais liés à l’arrangement conclu avec les créanciers. Il a jugé impératif de sauvegarder le patrimoine de l’organisation et la précieuse Coupe McCormick en liquidant les inventaires, fait valoir un proche.
La page est sur le point de se tourner, nous attendons déjà l’événement à venir avec optimisme. On raconte que l’idée aurait même été lancée de confier la présidence d’honneur à l’ancien premier ministre, lui dont l’âge vénérable – 91 ans ! – correspond à celui du Classique.