retour sur sa première victoire au Mans en 1969

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Jusqu’en 1965, Jacky Ickx ne pilote que des voitures de Tourisme, ce qui lui permet de faire ses débuts en Endurance aux 24 Heures de Spa 1964. Ce n’est qu’en 1966 qu’il s’essaye à l’automobile. du Sport, aux 24 Heures de Daytona. A tout juste 21 ans, il partage une Ferrari 250 LM de l’Ecurie Francorchamps avec le vétéran « Eldé » (Léon Dernier), l’aventure se terminant par une casse de boîte de vitesses. Il faut croire que Jacky était satisfait puisque c’est au volant de la 365 P2 de l’écurie belge qu’il a découvert le des 24 Heures du Mans, lors des essais préliminaires en avril. Cependant, Jacky reste pilote Ford et le voir au volant d’une Ferrari doit donner des ulcères à ses bienfaiteurs. C’est ainsi que, quelques jours avant les 24 Heures, il apprend qu’il épaulera l’Allemand Jochen Neerpasch au volant d’une des Ford GT40 d’Essex Wire Corporation. Cette entreprise spécialisée dans le câblage électrique sponsorise l’équipe du pilote américain Skip Scott. Laquelle fait préparer ses voitures à Slough (Angleterre), dans les locaux de FAV (Ford Advanced Vehicles), sous la responsabilité de John Wyer et de son ingénieur John Horsman. Sur les conseils de Wyer, Scott a embauché David Yorke, ancien directeur de l’équipe Vanwall , pour diriger son équipe. Wyer, Horsman, Yorke : le trio magique qui se couvrirait de gloire sous les couleurs du Golfe se dessine et, sans le savoir, Jacky Ickx vient de mettre les pieds dans cette aventure qui débute six mois plus tard.

La Mirage M2 est rapidement tombée dans l’oubli du sport automobile © DPPI

Pour l’instant, il s’agit de débuter au Mans, avec l’objectif de la victoire dans la catégorie Sport (voitures construites à 50 exemplaires). Malheureusement, le manque de fiabilité du moteur 4,7 litres entraînera l’abandon d’Ickx-Neerpasch au 11e heure, alors qu’ils occupaient le 7e place au général et tête de leur catégorie. Jacky se rattrape quelques semaines plus tard en succédant à son frère Pascal au palmarès des 24 Heures de Spa, sur BMW, confirmant ainsi sa disposition aux efforts prolongés.

Ickx n’était pas un mirage

Sans doute convaincu par Yorke, Wyer accueille le jeune Belge en 1967 dans la nouvelle équipe de JW Automotive Engineering, sponsorisée par la Gulf Oil Corporation. Vice-président de cette société basée à Pittsburgh (Pennsylvanie), Grady Davis est un passionné qui fait rouler l’expérimenté Richard « Dick » Thompson sur sa GT40 personnelle. Aussi, lorsqu’il a appris le recrutement de Jacky, l’Américain s’est montré sceptique : « Ickx ? Qui est cet Ickx ? Je parie que Thompson n’en fera qu’une bouchée ! « . Un pari perdu, car Jacky s’affirme comme le leader de l’équipe, sous la gentillesse de David Yorke qui ne jure que par lui. L’aventure commence de la meilleure des manières à Daytona : tandis que Ferrari signe un triplé suite au massacre qui a frappé les Ford, Ickx-Thompson sauve l’honneur de Détroit en se classant 6ee et gagnants en classe Sport. C’est lors des essais préliminaires aux 24 Heures du Mans qu’apparaît la Mirage M1, en même temps que ces couleurs bleu ciel-orange destinées à devenir légendaires. Sous ce nom évocateur, se cache une version épurée de la GT40, étudiée par Len Bailey et équipée d’un 5,7 litres développant 470 ch. La Mirage a fait ses débuts aux 1000 km de Monza où Ickx était associé à l’espoir de F2 Alan Rees, qui n’a pas apprécié le traitement préférentiel que Yorke accordait à son protégé. Contraint à l’abandon en Italie, l’équipe Ickx-Rees explose en vol aux 1000 Km de Spa, où Ickx s’impose avec Thompson.

Champion du Monde Ickx avec Ford

Contrairement à Jackie Stewart qui consacre toute son énergie à remporter le titre mondial de F1, Ickx apprécie tout autant les courses d’Endurance, le duel Ford-Ferrari les ayant portées au sommet de leur popularité. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Jacky a couru pour ces deux marques en 1968. Convaincu que la nouvelle réglementation limitant la cylindrée des Sport-Prototypes à 3,0 litres serait un handicap insurmontable face aux 5,0 litres Sport, Enzo Ferrari décide de bouder ce type de course, autorisant Jacky à continuer avec Wyer. La Mirage n’étant plus réglementaire, l’écurie anglaise est revenue à la GT40 en version 4,9 litres, avec le soutien de Ford pour les motorisations. Cette fois, le principal adversaire est Porsche, dont les 907 ont atteint un niveau de fiabilité remarquable. Ils signent un retentissant triplé aux 24 Heures de Daytona, après l’abandon des Ford. Partis de la pole position, Ickx-Redman ont été rapidement éliminés sur un carton cassé alors qu’ils menaient la course. Aux 12 Heures de Sebring, c’est l’embrayage qui a provoqué l’abandon de la Ford suite à un tête-à-queue de Redman. Même si la campagne américaine n’a pas favorisé le duo, ils ont gagné pour la première fois aux 6 Heures de Brands Hatch grâce à une stratégie inspirée qui leur a évité de devoir faire le plein. Le même week-end se déroulent les essais préliminaires aux 24 Heures du Mans. En sautant dans un avion, Ickx a réalisé le meilleur temps devant les nouvelles Porsche 908. Après un nouvel abandon à Monza, il termine 3e des 1000 Km du Nürburgring en compagnie de Paul Hawkins, que Wyer considérait comme plus expérimenté que Redman sur ce parcours.

Il y a un temps pour tout au Mans © DPPI

Le forfait de Ferrari du GP de Monaco permet à Jacky de disputer les 1000 km de Spa où il retrouve Redman. C’est le théâtre d’un nouvel exploit majeur de la part du Belge. A la fin du premier tour, le héros local franchit le Raidillon, et tandis que le bruit du V8 se perd au-delà du virage des Combes, les tribunes sont plongées dans la perplexité et le silence. Il faudra attendre 39″ pour voir la GT40 de Willy Mairesse passer en 2e position ! Réitérant sa performance de l’année précédente, avec l’aide de l’excellent Redman, Jacky a régné sur l’épreuve belge, qu’il a remporté avec un tour d’avance sur la Porsche 907 de Gerhard Mitter-Jo Schlesser. D’où vient cet éclair de génie dans la purée de pois ? ” Avant de prendre le départ, j’avais remporté l’épreuve parallèle des Spa Cups au volant d’une Ford Falcon, ce qui m’a permis de m’acclimater aux circonstances atmosphériques de la journée et d’identifier où se trouvaient les flaques d’eau. l’eau la plus dangereuse. »

Au début du dernier tour au Mans 1969 © DPPI

Les événements de Mai 68 ayant provoqué le report des 24 Heures du Mans à fin septembre, la saison se poursuit avec une nouvelle épreuve, les 6 Heures de Watkins Glen. Jacky y remporte sa troisième victoire avec Lucien Bianchi, non sans polémiques internes. Alors que l’autre Ford menait la course aux mains de David Hobbs et que les panneaux « lents » étaient présentés, Jacky les a ignorés et a dépassé son équipier sans que David Yorke n’y trouve à redire. Un épisode illustrant le statut privilégié dont jouissait Jacky. Entre Porsche et Ford, le titre se jouera au Mans, mais le week-end précédent, Jacky s’est cassé la jambe lors des essais du GP du Canada. C’est une double peine pour le Belge, qui perd ses chances de titre en F1 tout en étant privé d’une épreuve dont il est le grand favori. Une fois de plus, Pedro Rodríguez s’avérera un remplaçant impeccable, menant la Ford partagée avec Lucien Bianchi à la victoire et au titre. Jacky va bientôt retourner à l’école, malgré les douleurs causées par sa jambe. Redman étant indisponible, c’est avec David Hobbs qu’il a de nouveau triomphé aux 9 Heures de Kyalami, au volant de la Mirage M1 sortie pour l’occasion. Comme souvent, le Belge a profité d’une averse pour faire la différence…

Sebring avant Le Mans

Ayant quitté Ferrari, Ickx peut rester chez Gulf en 1969 où il doit composer avec une GT40 vieillissante, que Wyer réservait aux courses longues, et une Mirage-BRM M2 en développement. Associé cette fois à Jackie Oliver, en raison du départ de Redman de Porsche, Jacky fera le meilleur usage du matériel dont il dispose. A Daytona, il a été impliqué dans un accident suite à une suspension cassée alors qu’il menait à la 17e place.e heure, mais je le referai à Sebring. Face aux débutants, la rude piste floridienne se montre sans pitié : le frêle châssis de la Porsche 908/2 ne résiste pas aux dalles de béton, l’Alfa Romeo 33-3 n’est pas à la hauteur et la Ferrari 312 P d’Amon-Andretti surchauffe. alors qu’elle court vers la victoire. En doublant ce chiffre dans l’avant-dernière heure, Ickx-Oliver a remporté une course inattendue, que Jacky considère comme l’une des plus belles de sa carrière.

La GT40 reprend du service une dernière fois aux 24 Heures du Mans. Personne, pas même John Wyer – resté en Angleterre au chevet de son épouse malade – n’aurait parié sur une quatrième victoire de Ford face à l’armada Porsche. Mais c’est la grand-mère, habilement conduite par sa jeune servante, qui eut le dernier mot.

 
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