« Tout est question de stratégie et de compromis »

Si la Lamborghini Huracan GT3 des Iron Dames est restée aux portes de la Superpole des 24 Heures du Mans, cela ne veut pas dire que l’équipage de la #85 composé de Sarah Bovy, Michelle Gatting et Rahel Frey.

A deux semaines des 24 Heures de Spa, le Belge compte bien monter sur le podium de la classique du Mans. Le potentiel de l’équipage est là, reste désormais à le concrétiser en piste. Sarah Bovy, la pilote Bronze du trio, s’est exprimée à la veille de la grande course.

Photo : Agence MPS

Sarah, on voit qu’une Hypercar en pneus froids est plus délicate sur piste qu’une LMGT3. N’est-ce pas un peu déroutant ?

Avec une Hypercar partant en pneus froids devant vous, vous savez qu’à la première chicane, il y a un risque de collision. Les pneus froids sont bien plus difficiles à gérer pour les pilotes de la catégorie Hypercar que pour nous en LMGT3. Goodyear a fait du bon travail sur les pneus LMGT3 sachant qu’il s’agit de leur première saison en GT3. L’objectif était aussi d’avoir des pneus durables et c’est le cas.

Au Mans, les LMGT3 disposent d’une allocation pneumatique de 60 pneumatiques. La stratégie à adopter sera donc essentielle…

Nous ferons davantage de relais avec les mêmes pneus que l’an dernier même si tout dépendra de la météo. Les pneus sont là où on les attendait et ils sont agréables à conduire. La cohérence est bonne sachant que ce paramètre est très important. Selon les constructeurs, on peut constater plusieurs secondes d’écart entre le premier et le cinquième tour. Il faudra voir stratégiquement s’il faut chausser les pneus plus tôt mais perdre du temps dans la voie des stands. Si nous le perdons là-bas, nous le gagnerons sur la piste. Tout est question de stratégie et de compromis.

Photo : Agence MPS

Michelle (Gatting) nous a expliqué que partager la piste avec les Hypercars était difficile. C’est aussi ton avis ?

On sent vite que les pilotes Hypercar subissent plus de pression cette année avec certains qui veulent absolument faire un tour rapide lors des essais, pour montrer qu’ils sont là, qu’ils sont au niveau. D’un côté, c’est un jeu équitable car tout le monde veut faire la même chose. J’ai vu des situations lors des qualifications qui n’étaient pas nécessaires. Si c’est pour prendre du temps derrière, on se dit ‘ok il a plongé tard mais derrière il a fait la pole’. Quand on est dans un tour de décélération et que le pilote réduit ses efforts dans les virages Porsche, ce n’est pas nécessaire. On peut comprendre certains comportements assez agressifs et peut-être ferions-nous la même chose dans une situation identique. Ce n’est pas parce qu’on est en GT qu’on est dans une sous-catégorie. Historiquement, Le Mans est un mélange de plusieurs catégories. Il faut trouver la bonne coexistence entre les catégories.

On s’attendait à avoir des problèmes avec les LMP2 car elles sont plus proches en termes de temps mais ce n’est pas avec les LMP2 que c’est le plus compliqué. Il s’agit donc plutôt de savoir comment aborder la course.

Photo : Agence MPS

Avez-vous eu ce type de discussion avec les responsables ?

A Spa, des LMGT3 ont été victimes d’accidents très malheureux, les pilotes l’ont souligné, notamment Augusto Farfus lors du briefing des pilotes. La direction de course en est consciente car les consignes sont rappelées lors de chaque briefing où sont diffusées des vidéos. Certes, les pénalités infligées par les commissaires sportifs sont juste un peu faibles. On l’a vu en 2023 à Sebring avec une Cadillac qui a gâché la course d’une Porsche qui n’a pas pu y participer et le pilote fautif vient de bénéficier d’un stop and go de deux minutes aux essais libres. C’est un peu disproportionné.

Pensez-vous que les limites de la piste joueront un rôle ?

Les limites de piste seront un sujet, principalement en LMGT3. Il arrive que l’on sorte de piste, non pas pour une question de performance, mais pour une question de gestion du trafic. Si vous arrivez au Tertre Rouge et qu’une Hypercar plonge un peu tard, vous ouvrez le volant et sortez rapidement des limites de la piste. Si nous le précisons immédiatement dans la direction de la course, les images seront visionnées et nous ne devrions avoir aucun problème. Il y a aussi la question du dénouement. Si avant le Karting, une LMP2 nous dépasse, on peut avoir un petit sous-virage et sortir de la ligne.

 
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