Une nouvelle démonstration de force. Vingt et un avions militaires chinois ont été détectés samedi matin autour de l’île de Taïwan en l’espace de trois heures, a annoncé le ministère taïwanais de la Défense. Cette incursion intervient un mois avant l’investiture du président élu Lai Ching-te, indique Agence France-Presse (AFP).
« Dix-sept avions (des vingt et un) ont franchi la ligne médiane » du détroit de Taiwan, a indiqué le ministère dans un communiqué, une démarcation non officielle entre la Chine et Taiwan que la première ne reconnaît pas. Forces armées taïwanaises « observer ces activités à l’aide de systèmes de surveillance et déployer les moyens appropriés pour réagir en conséquence. »
« Guerre et déclin »
Taiwan est une île autonome que Pékin revendique comme faisant partie de son territoire et est prêt à la reconquérir par la force si nécessaire. Cette dernière incursion de dispositifs chinois intervient un mois avant l’investiture du président élu Lai Ching-te, le 20 mai 2024. Avant son élection en janvier, Pékin avait prévenu qu’il apporterait « Guerre et déclin » à l’île.
Les experts soulignent également qu’elle précède les exercices militaires conjoints des États-Unis et des Philippines qui débutent lundi en mer de Chine méridionale, revendiqués en quasi-totalité par Pékin.
Ces exercices simuleront la reconquête d’îles occupées par l’ennemi en mer de Chine méridionale. « En intensifiant le théâtre militaire près de Taiwan, Pékin pourrait chercher à dissuader et décourager l’internationalisation de la question taiwanaise dans le domaine de la sécurité. » explique à AFP l’analyste politique Wen-ti Sung.
Cette dernière démonstration de force de Pékin intervient également deux jours après que la Chine a lancé deux routes aériennes à proximité des îles taïwanaises de Kinmen et de Matsu, une décision condamnée par Taipei.
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La stratégie de la « zone grise »
La multiplication des incursions d’avions chinois s’inscrit ainsi dans ce que les experts appellent la stratégie de la « zone grise », c’est-à-dire des actions d’intimidation qui ne vont pas jusqu’à des actes de guerre. à proprement parler.
Le record a été atteint en septembre, lorsque Pékin a envoyé 103 avions, dont 40 ont franchi la ligne médiane, en l’espace de vingt-quatre heures.
Ces actions se sont intensifiées depuis l’élection en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen, qui considère Taiwan comme un pays « déjà indépendant » de facto, une ligne rouge pour Pékin.
Tsai Ing-wen doit céder sa place dans un mois à l’actuel vice-président, Lai Ching-te, membre comme elle du Parti démocratique progressiste (DPP). Vainqueur de l’élection présidentielle du 13 janvier, il est également favorable à une ligne ferme face à Pékin.