Seule recrue de l’intersaison toulousaine, le Japonais Naoto Saito brille déjà dans son nouveau club. A l’heure de défier plusieurs de ses partenaires toulousains ce samedi (21h10), le demi de mêlée a déjà montré qu’il était bien plus qu’une attraction de par sa nationalité.
Beauden Barrett, Damian McKenzie, Aaron Cruden, Nicolas Sanchez, Romain Ntamack, Antoine Dupont et Thomas Ramos. Naoto Saito peut se vanter d’avoir formé une charnière avec de grands talents à l’image de quelques numéros neuf. S’il a profité du fait que les quatre premiers venaient monétiser leur talent en échange d’un pont d’or au Tokyo Sungoliath, son association avec les trois autres n’était pas un hasard. Lors de ses sept sorties avec le Stade toulousain, il a déjà démontré sa capacité à donner du rythme et collez-vous au ballon pour l’éjecter rapidement. Ces qualités s’inscrivent parfaitement dans l’ADN toulousain, fait de vitesse et de jeu au large.
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Pourtant, la présence du joueur de 27 ans auprès du champion de France et d’Europe intrigue au pays du soleil levant. Premier Japonais à jouer en France, l’ancien demi de mêlée de Bayonne (1999-2001) Wataru Murata est « Heureux d’avoir un successeur. Cela fait 25 ans que j’attends ça ! Mais pour être honnête, j’ai été surpris de le voir signer dans un aussi grand club que le Stade Toulouse. Je suis désormais les résultats de Toulouse et je regarde les résumés de ses matchs ! Sa joie n’est pas partagée par tous ses compatriotes, à en croire le coach des Brave Blossoms, Eddie Jones. « Pour être franc, les Japonais aiment garder leurs éléments à domicile, reconnaît l’ancien sélectionneur de l’Australie. Ils n’étaient donc pas très contents d’apprendre la nouvelle. Mais leur état d’esprit change à partir du moment où ils voient leurs athlètes réussir à l’étranger. C’est exactement la même chose avec les joueurs de baseball : les Japonais veulent absolument qu’ils restent sur leur île, et ils crient au scandale lorsque les meilleurs partent aux Etats-Unis. C’est le cas de Shohei Ohtani, considéré aujourd’hui comme le meilleur joueur du monde (en décembre 2023, à 29 ans, il a signé un contrat de 700 millions de dollars sur dix ans avec les Dodgers de Los Angeles, ndlr), qu’ils adorent toujours. aujourd’hui .”
Université de Brighton et Teddy Riner
Les trois quarts polyvalents du Japonais, Tomoko Osada, ne cache pas son plaisir de voir son compère évoluer sous les ordres d’Ugo Mola. “Naoto est une Source d’inspiration pour moi» dit-il de celui qu’il a connu sur les bancs et sur les terrains de l’université Waseda de Tokyo. En tant que membre de l’équipe nationale japonaise, je joue au niveau international. Mais, pour mon propre développement et celui de mon jeu, c’est très inspirant de le voir se mesurer aux meilleurs du Rugby, dans un autre pays, une nouvelle ville. C’est vraiment quelque chose que j’aimerais expérimenter dans ma carrière aussi !
Le joueur des Saitama Wild Knights a également été surpris de voir Naoto Saito (27 sélections) rejoindre Toulouse. Mais cela ne doit rien au hasard, à l’écouter. «C’est une personne très disciplinée. Il a toujours eu en lui cette soif d’apprendre, d’améliorer son jeu et de réfléchir à la façon dont il peut être meilleur sur le terrain. Et il était déjà l’un des meilleurs joueurs à jouer. l’université »il explique. Rudy Paige a partagé le vestiaire avec le néo-Toulouse chez les Sunwolves en 2020. Le Nippon a fait ses débuts professionnels avec la franchise, en Super Rugby. « Quand je l’ai rencontré, il n’était qu’un joueur universitaire. Mais c’était une évidence : c’était un rugbyman absolument spécial ! J’aime la façon dont il est passé. Les souvenirs que j’ai de « C’était quelqu’un qui voulait constamment s’améliorer. Il a posé beaucoup de questions sur le jeu et ce poste de demi de mêlée pour savoir comment devenir meilleur. Il a fait appel à un traducteur pour me poser les questions en anglais.se souvient de l’ancien Springbok (cinq caps). L’ex de Clermont et Vannes enchaîne avec une anecdote précise pour montrer la détermination qu’avait Naoto Saito : « Quand nous avons commencé à travailler ensemble les coups de pied, ce n’était pas son point fort… Au bout de quelques semaines seulement, il a eu une amélioration spectaculaire car il travaillait tous les jours ! C’est un travail dur, cela lui permettra de réussir partout où il ira.
A la veille d’affronter les Bleus, Eddie Jones évoque les affaires qui ont secoué le rugby cet été, mais aussi le XV de France, Antoine Dupont, son retour à la tête de la sélection japonaise et le niveau réel des « Brave Blossoms ».
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En dehors des terrains aussi, le natif de la préfecture de Kanagawa s’est donné les moyens de développer sa carrière. Dès l’été 2023, il signe un contrat avec l’agence Athlete Solution. Ce dernier est connu au Japon pour gérer les intérêts des sportifs les plus importants du pays, comme Kaoru Mitoma. Comme le footballeur de Brighton, en Angleterre, cela a démontré sa volonté de s’exiler dans un championnat plus compétitif que la Japan League One.
Depuis Brive, où les Japonais s’entraînaient, Eddie Jones confirme : « Nous avons discuté des équipes avec lesquelles il était susceptible de s’engager. Lorsque les joueurs partent à l’étranger, ils doivent le faire pour arriver dans un club bien structuré, avec un bon staff… C’est pourquoi nous avons soigneusement étudié la question ensemble. Quatre mois seulement après l’arrivée du demi de mêlée dans l’institution du 23 Brennus, l’ancien entraîneur du XV de la Rose tire déjà un bilan positif de cette expérience pour son protégé. « Il a clairement progressé en Frances’enthousiasme-t-il. Ce que j’aime, c’est qu’en jouant dans une équipe comme Toulouse, Naoto est obligé de prendre beaucoup de décisions en un temps record. Car dans le rugby japonais, les joueurs n’ont pas l’habitude de prendre des décisions. Ils restent dans les schémas et ont souvent tendance à réciter le plan de match. C’est la même chose dans d’autres sports : prenons l’exemple du judo. Avant, le Japon dominait la discipline. Puis la France et Teddy Riner sont arrivés. Et le Japon a dû perdre sa couronne mondiale pour se renouveler, prendre des décisions fortes pour se restructurer. Ces dernières années, l’entraînement des judokas japonais a énormément changé, et on voit qu’ils redeviennent performants. C’est pourquoi le fait que Naoto joue en France et à Toulouse est une excellente chose pour lui.
Cette adaptation express dans un nouveau club et un championnat bien plus exigeant que celui japonais ne surprend pas Clément Poitrenaud, l’entraîneur arrière des Stadistes.
« Nous avons vu un garçon qui était vif, alerte et qui a retenu notre attentiondit l’ancien arrière. C’est un Japonais qui parle anglais, ce qui n’est pas toujours le cas. Cela a rendu l’adaptation beaucoup plus facile. On sent qu’il a vraiment envie de s’intégrer dans le groupe. Il est très attentif à tout ce qu’il se dit et se fait. Il pose des questions quand il ne comprend pas. Il a vite pris ses marques et ça se passe très bien. Ça apporte de la fraîcheur d’avoir des éléments comme lui qu’on a moins l’habitude d’avoir dans notre championnat, par rapport à d’autres nationalités. Il est en tout cas très agréable à entraîner, et il se montre plutôt efficace dès qu’on le sollicite pour jouer.
Chaque jour, il se débrouille, cuisine, roule à droite, fait ses courses…
En son temps, Wataru Murata était surpris en arrivant en France. Il ne s’attendait pas à voir ses coéquipiers parler français sur le terrain. “Je pensais que les termes étaient en anglais”il joue à nouveau. Plus de vingt ans plus tard, le Top 14 est devenu international. Avec sa bonne maîtrise de la langue de Shakespeare, Naoto Saito peut plus facilement guider ses partenaires sur le terrain. Premier concerné, Guillaume Cramond confirme : « Il s’affirme sur le terrain. Il crie ! C’est un bon joueur car il arrive à bien nous tacler même s’il y a cette barrière de la langue qui n’est pas évidente. Il s’en sort bien, d’autant plus qu’il alterne entre le français et l’anglais, il n’y a pas vraiment l’une ou l’autre langue, c’est des mots plus précis à dire, il les connaît et il les dit bien.
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Si le plus petit joueur du Top 14 (1,65m) a trouvé sa place sur le terrain, c’est également le cas dans le vestiaire toulousain. “Ce n’est pas Blair Kinghorn, je ne vais pas vous mentir, il est quand même un peu plus réservésmiles Clément Poitrenaud. Il est très attachant, il fait beaucoup d’efforts pour communiquer avec ses partenaires et s’intégrer au groupe. Les joueurs le ressentent, donc ils ont une certaine affection pour lui et ça se passe bien en dehors du terrain. Sa pute confirme : « Il est un peu réservé mais on arrive à le faire déconner un peu. Nous aimons le mettre en contact parce qu’il est très poli. Il est drôle.
Toulouse, le demi de mêlée le savait déjà. En 2022, Naoto Saito s’était déjà fait remarquer au Stadium, en inscrivant un essai contre la France. Un an plus tard, les Brave Blossoms font de la ville rose leur camp de base pour la Coupe du monde. A l’image de ses publications baguette à la main sur les réseaux sociaux, il semble avoir trouvé ses marques dans la 31 préfecture, en dehors d’Ernest-Wallon. Eddie Jones, là encore, est ravi et prend son cas comme exemple pour tous les Japonais pratiquant le rugby. “Je veux que nos joueurs aillent jouer à l’étranger, proclame-t-il. C’est la meilleure expérience qu’ils puissent vivre. Et je ne parle pas seulement du rugby. Partir vivre à l’étranger, ça fait grandir plus vite. Cette maturité fait défaut à beaucoup de nos éléments. Naoto a quitté le Japon sans sa femme qui travaille dans le pays et il doit prendre soin de lui dans un contexte qu’il ne connaît pas. Chaque jour, il se débrouille, cuisine, roule du bon côté, fait ses courses… C’est la vie. Et il doit aussi apprécier la chance qu’il a eu de se voir offrir cette opportunité. Je suis ses matchs, et je pense qu’il s’est très bien adapté. Au moment où je vous parle, nous n’avons que deux internationaux évoluant à l’étranger : Naoto à Toulouse, et Tevita Tatafu à Bordeaux-Bègles. Ce n’est pas suffisant !
Une maturité qui pourrait faire de lui le capitaine de son pays natal pour la Coupe du monde 2027. Tomoko Osada l’affirme, Naoto Saito est l’un des leaders de cette sélection japonaise. Son entraîneur partage son avis. « C’est en effet une possibilité à court ou moyen terme. Il était déjà co-capitaine lors de notre match contre les Maori All Blacks et il s’en est très bien sorti. Je pense qu’il utilise déjà son expérience acquise à l’étranger et c’est une très bonne chose.termine le coach.
Toujours fan de l’aviron bayonnais, Wataru Murata espère voir son successeur s’implanter en France. Il y était resté deux saisons, comme Kotaro Matsushima à Clermont et sans doute Tevita Tatafu, annoncé revenir au pays en fin d’année. Au moment de défier ses partenaires du club ce samedi (21 heures), celui qui a tapé dans l’oeil du Stade toulousain lors de ses matches de sélection est déjà en train de prolonger son bail en Haute-Garonne, comme annoncé dans ces colonnes. Pour continuer à former une charnière avec des ouvreurs de légende…