Rachida Brakni rend hommage à un père merveilleux

Rachida Brakni rend hommage à un père merveilleux
Descriptive text here

Des souvenirs défilent dans la tête de cette femme de 47 ans. Le lecteur est accro. Cette fois, Kaddour ne va pas faire un retour triomphal au pays – comme c’était le cas, tous les deux ans, pendant les vacances d’été, comme elle le raconte, empli d’une douce nostalgie. Ils étaient cinq à monter à bord d’une Peugeot 505 où chaque petit espace a été utilisé pour que tout le monde en Algérie reçoive un cadeau tiré du coffre au trésor représentant la . “Vous êtes l’incarnation du succès, elle écrit sur ses parents. Le conte de fées est trop beau, pourquoi briser la magie ? Pourquoi révéler le côté obscur de votre condition d’immigrant ? Quel est l’intérêt de remuer la boue pour faire remonter à la surface les difficultés, les brimades, les humiliations ?

« Fille de Tunis » d’Olivia Elkaïm

Dans ses dernières volontés, Kaddour Brakni a demandé à se reposer dans son pays natal, à Tipiza. Malgré les difficultés administratives (pandémie oblige), tout sera mis en œuvre pour répondre à leur demande.

Kaddour et tous les autres

Kaddour n’a jamais voulu la nationalité française, le souvenir du 17 octobre 1961 étant trop fort. Ce jour-là, à Paris, une manifestation pacifique d’Algériens réclamant l’indépendance de leur pays à laquelle il avait participé est réprimée. Dans le sang.

En dressant le portrait de Kaddour, Rachida Brakni capture tout un pan de la vie de ces immigrés arrivés, certains d’Algérie, certains du Maroc, certains de Tunisie, en France pour travailler. Kaddour est arrivé en 1955. Il avait 18 ans. Il est analphabète. Il trouvera un emploi dans une usine où il perdra l’index et le majeur de la main droite avant de devenir chauffeur de camion. Il se marie, a trois enfants, vit d’abord dans une commune d’Athis-Mons avant de s’installer dans une maison à Morangis.

Entretien avec Leïla Slimani

A la fin du livre, Rachida Brakni insiste : elle ne veut pas réduire son père à sa condition d’ouvrier immigré prisonnier d’un récit collectif, en lui enlevant toute sa singularité. En commençant par “Est-ce que c’est comme toi”elle énumère ensuite toute une série de traits de personnalité de ce père chéri.

Ce que l’on retiendra surtout en clôturant cette histoire d’une émotion rare où suintent l’amour et la fierté d’une fille pour son père, c’est cette belle leçon que Kaddour a transmise à Rachida : un jour, un voisin quelque peu intrusif veut informer le père de son la mauvaise compagnie de ma fille. Rachida a 13 ans et aurait parlé avec des garçons. “Je ne sais pas de quelle fille tu parles, je n’ai que des garçons”, il répond. Nous remercions Rachida Brakni d’avoir partagé son père, un homme qui prouve qu’il existe encore des personnes avec de grandes valeurs. Et qui permet de comprendre d’où elle vient et où elle a réussi à aller.

Kaddour | Histoire | Rachida Brakni | Stock, 197 pp., 19,50 €, numérique 14 €

EXTRAIT

« Vos connaissances sont empiriques, sculptées par les épreuves, façonnées par votre expérience de la rue. Vous aviez à cœur d’incarner avec sérieux votre rôle de père. Pour ce faire, vous avez tâtonné, cherché, expérimenté. En tant qu’aîné, j’ai subi quelques coups, et quand tu t’égarais, je n’ai pas manqué de te confronter, je t’ai respecté mais je ne t’ai pas craint Et toi, en bon cultivateur, tu as su séparer le bon grain de l’ivraie . et nettoyez les brouillons barrés. Tu as aussi su me surprendre comme ce jour où tu m’as laissé la plus grande liberté.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Marie-Alix Jeanson (Familles nombreuses) révèle un contrecoup de la participation aux trails à La Réunion
NEXT Dave se confie sur le mariage de son ami Renaud