(Laval) Le monde du hockey professionnel, comme tapis foun’est pas pour les humbles, surtout pas en cette période des fêtes de 2024.
Un entraîneur, Derek Lalonde, a été congédié par les Red Wings de Détroit au lendemain de Noël. Et Cayden Primeau a reçu un appel de Kent Hughes « avant Noël », mais « après le match à Columbus ». Comme ce match a eu lieu le 23 décembre, on en déduit que c’est la veille de Noël que le directeur général du Canadien a appelé Primeau.
Il s’agissait, a-t-on appris plus tard, de l’informer qu’il ferait l’objet de dérogations le 28 décembre, c’est-à-dire dès que le moratoire férié sur les mouvements de personnel serait levé. Personne n’a réclamé Primeau, alors le 29, il a été cédé au Rocket. Jeudi matin, c’est donc à Laval, et non à Chicago, qu’il s’est entraîné. Et ce sont les tirs de Luke Tuch qu’il a reçus en guise d’échauffement, plutôt que ceux d’Emil Heineman ou de Jayden Struble.
L’appel de Hughes était « difficile à entendre », a reconnu Primeau. «Mais ce n’est pas la fin du monde. C’est une bonne ligue et ça se passe bien à Montréal. Je suis juste heureux de jouer. Rien ne m’est dû, je devrai le mériter. Mais je n’ai pas beaucoup joué depuis deux ans, donc je reviens ici et je vais m’amuser. C’est l’important. »
Dans une saison où 78 gardiens ont obtenu au moins deux départs, Primeau arrive à 78e classement pour la moyenne des buts accordés (4,70) et l’efficacité (.836). Son dernier départ, le 1est Le mois de décembre à Boston s’est soldé par une défaite 6-3. Onze jours plus tard, il a été envoyé pour relever Samuel Montembeault lors de la désastreuse troisième période d’une défaite désastreuse de 9-2 contre Pittsburgh; il a abandonné trois fois sur sept tirs.
Même si Primeau a accordé des buts à la pelle, Martin St-Louis n’a jamais ouvertement critiqué la qualité de son jeu. Mais à travers ses actes, on a compris que le coach n’était pas satisfait. Ainsi, les 20 et 21 décembre, St-Louis assigne deux départs en 24 heures à Montembeault, contrairement à la pratique habituelle de répartition des tâches.
« Sam joue bien, l’équipe joue très bien depuis un mois et demi, ça claque pour tout le monde. C’est pourquoi je pensais qu’ils avaient pris cette décision», a déclaré Primeau.
Bonne vieille confiance
Certains sportifs s’auto-flagellés au moindre échec. Juraj Slafkovsky entre dans cette catégorie.
À l’autre bout du spectre, on retrouve Primeau qui, bien qu’ébranlé par ses performances cette saison, ne le laisse pas paraître.
« On peut s’entraîner aussi longtemps qu’on veut, le timing n’est pas le même. Mais je n’ai jamais perdu confiance», assure-t-il.
L’Américain de 25 ans dit également se considérer “certainement” (certainement) en tant que gardien de but dans la Ligue nationale. « Même avec mes résultats cette saison, j’avais l’impression de faire de bonnes choses sur plusieurs matchs. C’était également le cas l’année dernière. »
En 2023-2024, Primeau a affiché des statistiques dignes de la LNH, avec une moyenne de 2,99, une efficacité de ,910 et 2 blanchissages en 21 départs.
Que le jeune homme se dise ébranlé ou non, il a besoin de « confiance », a rappelé Pascal Vincent. L’entraîneur-chef du Rocket a également été vu en conversation avec Primeau sur la glace avant le début officiel de la séance.
«Il a besoin de jouer, de se sentir bien à l’entraînement, de s’amuser en jouant au hockey», a déclaré Vincent. On a un bon vestiaire, je sais qu’il est proche de certains joueurs. C’est un bon coéquipier, une bonne personne. »
Sur ce dernier point, difficile de le contredire. Rafaël Harvey-Pinard, par exemple, a mal caché sa joie de renouer avec Primeau, à tel point qu’il en a brièvement oublié le contexte. « C’est amusant d’être avec lui, il est super positif. Je suis heureux de le revoir. Eh bien, content pour moi, pas pour lui ! », a corrigé le Saguenéen.
« J’en parlais avec ma copine, elle adore ça aussi. C’est comme s’il faisait partie de la famille, c’est un ami proche, il fait des efforts pour apprendre le français, il nous demande toujours comment dire telle ou telle chose. »
Que va-t-il arriver à Primeau? A très court terme, il jouera ce week-end, « probablement » à partir de ce vendredi, selon Vincent. Pendant ce temps, le Tricolore doit disputer cinq séries de deux matchs en 24 heures d’ici le 9 février, date à laquelle la saison sera suspendue pour laisser la place à la Confrontation des 4 Nations. De quoi offrir à Jakub Dobes un horaire de travail très adéquat dans la LNH.
À moyen terme, l’entente Primeau expire le 1est Juillet ; il deviendra alors joueur autonome avec compensation. Il faudra voir si Jacob Fowler aura alors quitté le Boston College pour passer chez les pros. Les aventures de Primeau, qui présentait, au même âge, des statistiques similaires à celles de Fowler, alors qu’il évoluait dans la même division de la NCAA, rappellent néanmoins que la modération a bien meilleur goût lorsque vient le temps de projeter le développement d’un gardien.
Hughes fait son mea culpa
Jakub Dobes revenait tout juste à l’action après une blessure lorsqu’il a été rappelé pour prendre la place de Primeau à Montréal. Qui sait si Connor Hughes n’aurait pas eu cette chance si la blessure de Dobes s’éternisait ? À 28 ans, le grand Ontarien espère toujours un premier rappel, suite à son retour en Amérique du Nord après avoir passé sept ans en Suisse. Hughes affiche des statistiques assez proches de Dobes cette saison. « Mais soyons honnêtes, il joue mieux depuis un mois ou deux et je ne me suis pas levé. Cela avait probablement quelque chose à voir avec ça. Je dois retrouver ma confiance et mieux jouer », a insisté Hughes.