Lancé en 2017 et bloqué lors de la phase d’étude dite SADS Part 1, notifié trois ans plus tard à un groupe de travail composé de KNDS France, KNDS Deutschland et Rheinmetall, le projet Main Land Combat System [MGCS – Main Ground Combat System] est censé avoir été relancé grâce à un protocole d’accord signé par Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées, et Boris Pistorius, son homologue allemand, en avril dernier.
Pour rappel, il s’agissait d’adopter une nouvelle approche en faisant passer les besoins militaires avant la volonté des industriels concernés et surtout en s’inspirant du modèle qui avait été mis en place pour le projet Air Combat System du futur. [SCAF]mené par la France, l’Allemagne et l’Espagne.
Étant donné qu’il s’agit de développer une « famille de systèmes » [chars de nouvelle génération, drones, robots, etc.] devant s’appuyer sur un « nuage de combat », le MGCS doit être réorganisé selon huit piliers capacitaires distincts [plateforme, tourelles et canons, armement secondaire, système de communication et de commandement, simulation, capteurs, protection contre les drones, logistique]. Par ailleurs, il est également question de créer une société de projet regroupant KNDS France, Thales, KNDS Deutschland et Rheinmetall.
Cependant, fin 2024, le MGCS en était toujours au même point, la constitution de la société de projet ayant pris du retard. De plus, le Bundestag [chambre basse du Parlement allemand] n’a pas encore donné son feu vert au lancement de cette nouvelle phase du projet.
Ceci étant dit, le protocole d’entente signé par MM. Lecornu et Pistorius mettent de côté les disputes entre les industriels concernés concernant certains choix technologiques, ceux-ci ne devraient être faits qu’à la suite d’essais comparatifs. C’est notamment le cas de l’armement du futur char de combat.
En effet, Rheinmetall souhaite imposer son canon de 130 mm tandis que KNDS France poussait l’application de son système ASCALON [Autoloaded and SCALable Outperforming guN]qui tire des munitions télescopées qui, stockées dans une tourelle à chargement automatique, sont « programmables au-delà de la ligne de vue ». Le tout avec une « usure minimale ».
Lors de l’édition 2024 du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory, KNDS France a annoncé que le système ASCALON pourrait être « équipé de différents tubes de 120 à 140 mm », le changement de calibre s’effectuant en moins d’une heure. Et de souligner que « ce concept innovant, tout en offrant un potentiel de croissance important, offre des niveaux de performances inaccessibles aux technologies actuelles ».
La prochaine campagne d’essais consistera à tirer avec un canon ASCALON intégré à une tourelle de char de combat. Il est prévu qu’il ait lieu cette année.
Néanmoins, plusieurs rapports parlementaires publiés lors de l’examen du projet de loi de finances initiale 2025, en octobre/novembre, ont souligné la nécessité de soutenir le dispositif ASCALON dans la perspective du MGCS.
Mais entre-temps, KNDS a lancé une offensive dans le domaine médiatique en diffusant, via les réseaux sociaux, des images impressionnantes des derniers tests ASCALON, aussi bien en calibre 140 mm qu’en 120 mm. Ils ont ainsi mis en avant la possibilité de changer rapidement de calibre de canon en utilisant la même culasse ainsi que les performances des obus à flèches développés pour ce système. [comme le 120 APFSDS « Shard »]ceux-ci ayant percé avec une extrême précision deux dalles de béton armé séparées de plusieurs mètres.
L’ASCALON possède « quatre caractéristiques essentielles », résumait récemment à RFI François Groshanny, directeur du programme « Future Combat Tank » au KNDS France.
« Premièrement, un niveau de puissance délivrée à la bouche et à la cible qui n’a jamais été égalé. Nous avons la possibilité de changer de calibre en moins de 30 minutes. Troisième caractéristique, il est extrêmement compact, nous utilisons donc une architecture dite super shot. Dernière chose, nous travaillons beaucoup sur l’intégrabilité de ce canon dans une tourelle pour avoir un encombrement à l’intérieur de la tourelle qui soit minime et donc nous pourrons accueillir plus de personnel dans le châssis”, a-t-il expliqué.