Le groupe espagnol de défense des droits des migrants, Caminando Fronteras, affirme que 10 457 migrants sont morts en mer en tentant d’atteindre l’Espagne en 2024, soit une augmentation de 58 % du nombre de décès par rapport à l’année dernière.
Plus de 10.000 migrants sont morts en tentant de rejoindre l’Espagne par la mer en 2024, selon un rapport publié jeudi par l’association espagnole de défense des droits des migrants Caminando Fronteras (Marcher sur les frontières).
9 757 décès, soit la grande majorité des 10 457 décès signalés par Caminando Fronteras jusqu’au 15 décembre 2024, ont eu lieu le long de la route dite de l’Atlantique, considérée comme la plus dangereuse au monde. Le groupe a fait état de 700 décès parmi les personnes tentant de rejoindre l’Espagne via les routes méditerranéennes.
Sur la route de l’Atlantique, des dizaines de milliers de personnes quittent les côtes de Pays d’Afrique de l’Ouest, comme la Mauritanie, pour rejoindre les îles Canaries, un archipel espagnol situé à proximité des côtes africaines et de plus en plus utilisé comme porte d’entrée vers l’Europe continentale.
Le nombre total de décès représente une augmentation de 58 % par rapport à l’année précédente, ajoute le rapport.
Caminando Fronteras compile ses données à partir des récits des familles de migrants et des statistiques officielles sur les personnes secourues. Le rapport précise que 1 538 enfants et 421 femmes figuraient parmi les victimes, les mois d’avril et mai étant les plus meurtriers de l’année.
Le groupe a également souligné une « forte augmentation » du nombre de bateaux quittant la Mauritanie en 2024, le pays devenant le principal point de départ des migrants se dirigeant vers les îles Canaries.
En février, l’Espagne a promis une aide de 210 millions d’euros à la Mauritanie pour lutter contre la traite des êtres humains et empêcher les départs de bateaux.
Le ministère espagnol de l’Intérieur rapporte que plus de 57 700 migrants sont arrivés dans le pays par la mer au 15 décembre de cette année, ce qui représente une augmentation de 12 % par rapport à la même période de 2023. La grande majorité d’entre eux ont emprunté la route de l’Atlantique.
La collecte de données sur les décès de migrants pose de sérieux problèmes
Les chiffres de Caminando Fronteras sont nettement plus élevés que ceux rapportés par d’autres organisations, comme le Missing Migrants Project (MMP). Cette dernière est une organisation qui enregistre les incidents au cours desquels des personnes meurent aux frontières d’un État ou lors de leur migration vers un autre pays. Ses chiffres actuels font état de 979 migrants portés disparus le long de la même route atlantique en 2024. Cependant, les méthodes de collecte de données de chaque organisation peuvent différer considérablement et les chiffres sont susceptibles de changer au fil du temps, tous les groupes étant confrontés à des défis considérables dans leurs efforts.
Walking Borders déplore que « les familles continuent de rencontrer des obstacles [de la part des autorités publiques] leur droit de signaler les incidents.
Le Missing Migrants Project reconnaît que ses enquêtes « ne peuvent capturer qu’un petit échantillon du nombre total de migrants transitant par l’Afrique » et note qu’il existe de sérieux défis qui entravent les efforts visant à dresser un tableau plus précis, comme le nombre élevé de langues. dans la région et son faible taux de médias numérisés.
Le MMP a recensé 2 273 migrants disparus à travers la Méditerranée en 2024, dont 410 en Méditerranée orientale, 1 689 en Méditerranée centrale et 172 en Méditerranée orientale.