Dans un document analytique, Karim El Aynaoui, président exécutif du Policy Center for the New South (PCNS), affirme que les pays en développement «sont à un tournant de leur histoire»confrontés à un environnement mondial en constante évolution. La mondialisation, longtemps considérée comme un moteur de croissance et de développement, a révélé ses limites. Les crises successives, de l’effondrement financier de 2008 à la pandémie de Covid-19, ont mis à mal les économies les plus fragiles.
Selon lui, le protectionnisme croissant, alimenté par les tensions géopolitiques et les préoccupations en matière de sécurité nationale, a érigé de nouvelles barrières commerciales, réduisant ainsi les perspectives d’exportation des pays en développement. Ces dernières, souvent spécialisées dans la production de matières premières ou de biens manufacturés à faible valeur ajoutée, « sont particulièrement exposés aux fluctuations des prix mondiaux et aux changements des politiques commerciales des pays développés. »
Dans le même temps, les pays en développement doivent faire face à d’importants défis internes, selon M. El Aynaoui. Le changement climatique, avec ses conséquences dévastatrices en termes de sécheresses, d’inondations et d’élévation du niveau de la mer, « pose une menace existentielle pour de nombreux pays ». La croissance démographique rapide, combinée à une urbanisation galopante, exerce une pression considérable sur les ressources naturelles et les infrastructures. Les inégalités sociales persistent, limitant l’accès à l’éducation, à la santé et aux services de base pour une grande partie de la population. Enfin, « La corruption et la mauvaise gouvernance entravent le développement économique et social, sapant la confiance des investisseurs et des citoyens »il a continué.
La transition énergétique représente un autre défi majeur pour les pays en développement. Ces derniers dépendent souvent fortement des combustibles fossiles, ce qui les rend vulnérables aux fluctuations des prix de l’énergie et aux chocs d’offre. « La transition vers une économie à faibles émissions de carbone nécessite des investissements considérables dans les énergies renouvelables, les infrastructures et la recherche et développement »selon la même source. Les pays en développement doivent concilier leur besoin de croissance économique avec leurs obligations de lutter contre le changement climatique.
Approche sérieuse et globale
Pour relever ces défis, les pays en développement doivent adopter une approche globale et multidimensionnelle. « Cela implique de renforcer les institutions, de promouvoir la bonne gouvernance, d’investir dans le capital humain, de développer des infrastructures durables et de diversifier leurs économies. » La coopération internationale est également essentielle pour soutenir les efforts des pays en développement. Les pays développés doivent honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement et faciliter l’accès des pays en développement aux technologies vertes. Les institutions financières internationales ont un rôle important à jouer en fournissant des financements concessionnels et en soutenant les réformes structurelles.
En conclusion, les pays en développement, note M. El Aynaoui, sont confrontés à un ensemble de défis complexes et interdépendants. Pour réussir leur transition vers le développement durable, ils doivent adopter des stratégies à long terme, s’adapter aux changements rapides de l’environnement mondial et renforcer leur résilience aux chocs. Le succès de cette transition dépendra non seulement des efforts des pays en développement eux-mêmes, mais aussi de la solidarité de la communauté internationale.
