Sans surprise, la banque centrale américaine situe son principal taux directeur dans une fourchette de 4,25 à 4,50 %. Elle ne s’attend pas à ce que l’inflation revienne à 2 % avant la fin 2026.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mercredi avoir abaissé ses principaux taux pour la troisième fois consécutive, de 25 points de base, les ramenant dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, conforme aux attentes du marché. marchés. Cette nouvelle baisse intervient après une autre d’un quart de point en novembre. Une décision qui n’a cependant pas fait l’unanimité parmi les membres du Comité de politique monétaire (FOMC) de l’institution, l’une de ses membres, Beth Hammack, s’étant prononcée contre une nouvelle baisse des taux. Les marchés s’interrogent sur l’opportunité d’un tel repli, alors que l’inflation est repartie à la hausse ces deux derniers mois aux Etats-Unis, après avoir suivi une trajectoire encourageante vers l’objectif de 2%. année fixée par la Fed. “L’inflation a considérablement ralenti au cours des deux dernières années, mais reste relativement élevée par rapport à notre objectif à long terme de 2 %.», a justifié le président de la Fed, Jerome Powell, en conférence de presse.
La progression de l’indice des prix à la consommation CPI – sur lequel sont indexées les retraites – a rebondi en novembre à 2,7% sur un an. L’indice d’inflation PCE, que la Fed veut ramener à 2%, sera publié le 20 décembre. Du côté des producteurs, les prix ont même grimpé en novembre jusqu’à leur plus haut niveau depuis près de deux ans, en raison notamment des conséquences de la grippe aviaire. , selon l’indice PPI. “On peut douter du bénéfice d’une nouvelle baisse (des taux d’intérêt) car l’économie se porte bien, elle ne semble pas avoir besoin de relance”a souligné avant la réunion Nathan Sheets, économiste pour Citi, interrogé par l’AFP. Mais la Fed envisage désormais d’agir plus lentement, en n’envisageant que deux baisses de taux pour 2025, de 25 points de base chacune.
Une croissance de 2,1% annoncée pour 2025
Et les prévisions de la Fed semblent conforter les interrogations des analystes : la banque centrale ne s’attend en effet pas à un retour de l’inflation à son objectif de 2% avant fin 2026, et a même sensiblement révisé sa prévision d’inflation pour 2025, qu’elle s’attend désormais à atteindre. autour de 2,5%, alors qu’elle espérait la ramener à 2,1% lors de sa précédente prévision, en septembre. Une inflation persistante qui ne devrait toutefois pas peser sur l’activité économique, puisque la Fed table désormais sur une croissance de 2,1% pour 2025 (contre 2% prévus trois mois plus tôt), avec un taux de chômage qui reste faible et quasi stable, à 4,3%, seulement 0,1 point de pourcentage de plus que cette année.
Jerome Powell a récemment estimé que la Fed “pourrait se permettre d’être un peu plus prudent” en raison de la vigueur de l’activité économique. Et l’une des gouverneures, Michelle Bowman, avait jugé les risques liés à l’inflation “plus important” que ceux liés au chômage. Le gouverneur a par ailleurs estimé à plusieurs reprises que le taux neutre, c’est-à-dire celui qui n’a aucune influence, de soutien ou de ralentissement, sur l’activité économique, pourrait être plus élevé que prévu initialement. et peut-être même proche du niveau actuel. Mais cela dépendra aussi de la politique économique mise en place par le président élu Donald Trump, qui reviendra à la Maison Blanche à partir du 20 janvier. Mais entre la dérégulation promise en termes de normes, l’expulsion souhaitée d’une partie des migrants qui entrés illégalement sur le territoire, les baisses d’impôts ou encore l’augmentation des droits de douane, les effets sur l’économie pourraient être majeurs et sont difficiles à prévoir en l’état.
Dirigeants de la Fed « ne sont pas là pour préjuger des effets de ces politiques, mais ils devront prendre en compte les effets possibles. Les propositions de ce gouvernement peuvent provoquer un choc à la fois sur l’offre et sur la demande, et ces chocs peuvent avoir toute une série de conséquences possibles.Juge M. Sheets. Selon une enquête menée auprès de 500 entreprises américaines par le cabinet de recrutement Resume Templates, 82 % d’entre elles envisagent d’augmenter leurs prix si de nouveaux droits de douane étaient effectivement mis en place. Donald Trump a déjà annoncé des droits de douane de 25 % contre ses voisins du Canada et du Mexique, ce qui pourrait faire grimper les prix pour le consommateur américain.